Quel gardien Jacques Martin choisira-t-il aujourd'hui à Pittsburgh? Carey Price, qui a suivi les quatre derniers matchs assis au bout du banc? Ou Jaroslav Halak dont la patience, depuis qu'il a été repêché en 2003, semble enfin récompensée?

La logique voudrait qu'il favorise Halak: il fait les arrêts importants aux bons moments, l'équipe joue bien devant lui et, surtout, le Canadien a gagné quatre matchs de suite. Ce qui est le but premier de l'exercice, après tout.

Sans compter qu'après quatre matchs d'inactivité, il serait périlleux d'envoyer Price en pâture aux Penguins. Sidney Crosby et Evgeni Malkin ne sont pas au sommet de la liste des marqueurs de la LNH en ce début de saison, mais ils ne sont pas des manchots pour autant.

Cela dit, Price devra revenir un jour ou l'autre devant le filet. Ce soir? Vendredi à Chicago? Samedi au Centre Bell contre Mike Komisarek et les Maple Leafs qui viennent enfin d'en gagner une?

Quand? Contre qui?

Ça n'a pas d'importance. Ou si peu...

Beaucoup moins en tout cas que la guerre des nerfs que Jacques Martin et ses gardiens sont en train de se livrer.

Une guerre nécessaire. Salutaire.

Une guerre dont Carey Price a été épargné par un directeur général qui lui a fait cadeau d'un poste de numéro un au lieu de le forcer à se battre pour l'obtenir et le conserver.

«Guy Lafleur a réchauffé le banc avant d'être une super étoile. Il en a bavé un coup au début. Si c'était bon pour Flower, il me semble que ça devrait l'être encore aujourd'hui pour Price, non?»

Cette remarque vient d'un ancien du Canadien. Parce que les moeurs ont changé et pas toujours pour le mieux, il est difficile de la prendre au pied de la lettre. Mais elle reflète une réalité.

Préféré à Anze Kopitar (en passant, le costaud joueur de centre des Kings de Los Angeles domine les marqueurs de la LNH avec 10 buts et 21 points en 12 matchs) au repêchage de 2005, Price profite d'un statut particulier depuis qu'il s'est joint à l'équipe. José Théodore parti au Colorado, ce n'était certainement pas David Aebischer ni Cristobal Huet qui allait l'empêcher d'occuper le trône réservé au gardien numéro un.

Jroslav Halak? Vous voulez rire? Comment un 271e choix pourrait-il faire le poids contre le cinquième joueur sélectionné au repêchage? Surtout que Price a des allures de géant lorsqu'il se dresse à côté de son coéquipier slovaque.

Sans oublier que Bob Gainey a fait passer Price devant Halak en séries éliminatoires dans la Ligue américaine en 2007. Séries que Price a gagnées après avoir aussi remporté la médaille d'or au Championnat du monde de hockey junior.

Tout ça est vrai. Mais Halak avait guidé les Bulldogs jusqu'aux portes des séries avec une saison extraordinaire, comme en témoignent sa moyenne de 2,0 buts accordés par match et son taux d'efficacité de 93,2%.

Deux saisons et 11 matchs plus tard, les deux gardiens se retrouvent sur le champ de bataille.

À forces égales? Pas vraiment.

Halak est très bon, mais Price demeure le favori. Sauf qu'il est à peu près temps que ce duel ait lieu. Car à force de tout avoir sans risquer de perdre son statut, Price a trop souvent été dispensé de jouer le rôle ingrat de spectateur obligé de suivre, d'applaudir, de se réjouir des prouesses d'un adjoint qui joue bien et qui gagne.

Il était à peu près temps que ça lui arrive.

Peu importent le jour de son retour et l'adversaire qu'il affrontera, Price doit comprendre que c'est bien plus qu'un match qu'il devra alors gagner. C'est un poste de numéro un qu'il devra reconquérir. Ou conquérir, puisque depuis son arrivée à Montréal, on le lui a bêtement donné.

S'il y arrive, le jeune gardien et surtout le Canadien en sortiront gagnants.

S'il échoue?

Jaroslav Halak a besoin d'être bon et de connaître une longue carrière, car Anze Kopitar, lui, fera longtemps l'envie des partisans du Canadien.