Il est encore tôt, mais le premier voyage de la saison du Canadien suggère que l'acquisition des Jaroslav Spacek, Hal Gill et Paul Mara ne suffira pas à pallier l'absence d'Andrei Markov.

C'est évident que la perte de son meilleur joueur fait mal à n'importe quelle équipe. C'est parce qu'elle est irremplaçable qu'une vedette est une vedette.

Mais depuis quelques années, le rendement du Tricolore sans son quart-arrière exposait son manque de profondeur et l'inaptitude des autres défenseurs à mettre les bouchées doubles.

Malgré les nouvelles acquisitions, est-ce bien différent cette année?

Après avoir vu Markov tomber au combat dans les dernières minutes du premier match, le Canadien a enchaîné en n'amassant qu'une victoire en quatre rencontres.

Voilà une fiche en parfaite concordance avec celle de 6-19-2 qu'il présentait depuis le lock-out lorsqu'il était privé des services de Markov.

Attaque à cinq en panne

On ne cesse de répéter à quel point les unités spéciales sont cruciales pour le succès d'une équipe. Or, l'absence du défenseur russe a été flagrante de ce côté.

Soulignons d'emblée qu'avant les matchs d'hier, le CH était au 27e rang du circuit en désavantage numérique, avec un taux d'efficacité de seulement 63,2%. Mais attardons-nous à l'attaque à cinq.

Dans les fameux 27 matchs durant lesquels le Canadien avait dû jouer sans Markov, l'avantage numérique n'avait réussi que 17 buts en 115 occasions (14,8%).

Cette année, à partir du moment où Markov a quitté la patinoire à Toronto, le Tricolore s'est contenté de deux buts en 14 supériorités numériques (14,3%).

Aucune chimie ne s'est encore installée sur l'attaque massive pour recréer des résultats semblables à ceux du tandem Markov-Kovalev lors des dernières saisons.

Au point d'appui, Jaroslav Spacek - qui était le défenseur numéro un des Sabres de Buffalo l'an dernier - s'acquitte tant bien que mal de la tâche.

Or, Spacek n'est pas un pur spécialiste de la supériorité numérique. Même s'il a récolté 45 points l'an dernier, la majorité d'entre eux ont été obtenus à forces égales.

Même constat du côté de Roman Hamrlik, qui évolue aux côtés de Spacek sur la première vague. Il est vrai que Hamrlik travaillait sur la deuxième unité de l'attaque à cinq l'an dernier, mais il a récolté pas moins de 27 de ses 30 points à cinq contre cinq.

Ces 27 points de Hamrlik - c'était passé inaperçu - ont d'ailleurs été supérieurs aux 24 points à forces égales de Markov...

Donner des minutes en plus

L'attaque à cinq devrait bientôt être améliorée avec l'arrivée de Marc-André Bergeron. Toutefois, ce n'est pas le seul aspect du jeu qui souffre de l'absence de Markov.

La qualité des sorties de zone, les premières passes et la mobilité du groupe de défenseurs s'en ressentent.

Et il y a une question qui se dessine et dont nous ne pouvons pas encore avoir la réponse. C'est de savoir comment réagiront les joueurs, à plus long terme, avec un temps d'utilisation plus élevé.

Hamrlik joue presque deux minutes de plus par match que l'an dernier alors que le vétéran Tchèque, en dépit des statistiques, avait connu une saison difficile.

Depuis le début du calendrier, Josh Gorges approche les 23 minutes d'utilisation, ce qui représente une hausse de plus de 2:30 par rapport à l'an dernier. Gorges a été irréprochable jusqu'ici, mais on a pu observer l'an dernier que ses performances déclinaient à mesure que son temps de jeu augmentait.

Auparavant, des arrières comme Francis Bouillon ou Patrice Brisebois vivaient aussi la même situation.

Il reste à voir si Hal Gill et Paul Mara, eux, s'en tireront mieux avec une charge de travail plus lourde.

En 2008-2009, les Penguins de Pittsburgh ont maintenu le temps d'utilisation moyen de Gill à 17:53 alors qu'il se situe en ce moment à 20:26.

Mara, lui, avoisine les 19 minutes, ce qui ressemble à ses chiffres de l'an passé avec les Rangers de New York.

Mais les minutes pour lesquelles les défenseurs doivent compenser l'absence de Markov ne font pas qu'exposer la limite de leurs ressources. Il s'agit aussi de «grosses» minutes qui les confrontent souvent aux meilleurs trios adverses.

Ce n'est peut-être pas un hasard si, à ses cinq premiers matchs, le CH a marqué six buts à forces égales et en a accordé 11...