Devenu ennemi public numéro un à Montréal en désertant le Canadien pour se joindre à ses rivaux de toujours de Toronto, Mike Komisarek a brandi un drapeau blanc lorsque La Presse lui a demandé d'expliquer sa décision de quitter l'équipe dont il pourrait être le capitaine ce soir.

«Je n'ai que de bons mots à dire sur le Canadien, ses partisans et Montréal», a d'abord répondu le défenseur américain.On veut bien.

Mais un premier choix au repêchage, qui aime l'équipe, la ville, ses partisans et qui jouit d'un statut de super vedette ne quitte pas à la première occasion venue sans une bonne raison.

Ou plusieurs bonnes raisons...

«Je n'ai rien de mal à dire de l'organisation et je ne défilerai pas ici la ou les raisons qui m'ont poussé à prendre ma décision. Il y a plein de facteurs qui ont contribué au fait que je sois un Leafs aujourd'hui. Je ne suis pas parti sur un coup de tête ou simplement parce qu'on m'offrait plus d'argent ici. C'est une décision qui s'est préparée au cours des derniers mois», a ajouté Komisarek en patinant avec prudence.

Quelques mois de réflexion: ça veut donc dire que les déboires du Canadien sur et hors de la patinoire l'an dernier et l'omniprésence des médias ont contribué à le chasser de Montréal.

«Ne me fais pas dire que choses que je ne dis pas. J'ai assumé mon rôle du mieux que j'ai pu et avec tout le sérieux et le respect que je devais aux journalistes et aux partisans. Je crois que j'étais toujours là dans les bons et les moins bons moments. Et encore, ce n'est pas un point précis, mais un ensemble qui m'a poussé à prendre ma décision. Je compte encore de très bons amis dans le vestiaire et à Montréal. Et le Canadien a été dans le coup jusqu'à la dernière minutes. Mais j'ai finalement décidé d'accepter l'offre des Leafs. C'est comme ça et on doit maintenant tous regarder en avant au lieu de rebrasser des histoires de l'an dernier.»

À Toronto, Mike Komisarek rejoint Brian Burke, le directeur général des Leafs, mais aussi de l'Équipe américaine en vue des prochains jeux olympiques.

Le jeune défenseur a peut-être des atomes crochus avec son nouveau patron et sa philosophie visant à bâtir des équipes jeunes et axées sur la robustesse.

Surtout qu'il lui a consenti un contrat de cinq ans qui rapportera 22,5 millions $ à Komisarek.

Une fortune si l'on considère ses aptitudes limitées.

Cela dit, à Toronto, Komisarek occupe déjà une place importante au sein de l'équipe.

Il a été nommé assistant en compagnie du vétéran Tomas Kaberle et du défenseur québécois François Beauchemin alors que les Leafs, comme le Canadien, amorcent la saison sans capitaine.

«Je suis arrivé ici avec l'intention de faire bonne impression et de gagner le respect de mes coéquipiers et des partisans. Je serai le même joueur qu'à Montréal. Je vais me donner à fond pour la cause de l'équipe. Et ce qui me plait le plus, c'est que je retrouve, à Toronto, la même passion pour le hockey et pour l'équipe, que celle qui règne à Montréal pour le Canadien. Et l'attention médiatique est aussi soutenue ici qu'à Montréal. Ça n'a donc rien à voir avec votre présence», assurait Komisarek lors d'un entretien téléphonique mercredi soir.

S'il avait juré fidélité à l'uniforme tricolore, Mike Komisarek s'habitue au bleu et blanc de sa nouvelle formation.

Mais, il reconnaît que le premier match contre le Canadien et surtout son retour à Montréal seront émotifs.

«Je suis content que ces retrouvailles se déroulent dans le cadre du premier match et qu'il soit présenté ici. Ça me permet d'avoir toute mon attention sur la partie et non sur le Canadien. Quant à mon retour à Montréal, je sais que ce sera difficile et que les partisans seront sans doute sur mon dos. Mais on vivra ça en temps et lieu.»

Ce soir, contre ses anciens coéquipiers, Komisarek s'attend-t-il à recevoir des visites de Georges Laraque et des remontrances des autres.

«Je ne m'attends à rien. Et je ferai face à qui viendra me voir. Mais bien honnêtement, les deux points à l'enjeu sont bien plus importants à mes yeux que Georges et les autres gars qui chercheront peut-être à jouer avec mes émotions.»

Laraque aura certainement une attention particulière pour Komisarek considérant les conséquences très négatives qu'ont entrainé sa bagarre face à Milan Lucic en milieu de saison l'an dernier.

Une bagarre que Komisarek a perdue, qui l'a envoyé au rancart avec une blessure à l'épaule et qui ne lui a pas permis d'afficher la même fougue après son retour au jeu.

On verra ce soir s'il aura retrouvé cette fougue.

Premier choix du Canadien (7e au total) en 2001, Mike Komisarek a passé six saisons avec le Canadien. Il a marqué 12 buts et récolté 58 points en 361 rencontres.

Il s'est toutefois imposé par l'aspect physique de son jeu qui lui a permis d'évoluer à la droite d'Andrei Markov au sein du premier duo d'arrières du Canadien.