Patrice Brisebois, «le petit gars qui ne voulait que jouer au hockey», a rangé gants, casques, patins et bâtons.

«Je suis prêt à tourner la page», a convenu Brisebois, qui a confirmé sa retraite après une carrière de 18 saisons dans la LNH dont 16 passées dans l'uniforme du Canadien avec qui il a remporté la Coupe Stanley en 1993.

C'est d'ailleurs avec, au doigt, la bague commémorant la 24e et dernière conquête du Tricolore que Brisebois a bouclé la boucle.

«C'est la première fois que je la porte, a-t-il échappé en refoulant un sanglot. Je suis un gagnant. J'ai gagné partout où j'ai joué. Et j'ai toujours été convaincu que j'en gagnerais une autre coupe. Ce n'est pas arrivé. J'ai traversé des beaux moments, d'autres plus difficiles. Mais cette bague, personne ne pourra me l'enlever.»

Tantôt souriant, tantôt en pleurs, Patrice Brisebois a affiché, dans son au revoir au sport qu'il a tant aimé, la passion et l'émotion qui l'ont toujours caractérisé.

«J'ai pleuré pas mal depuis deux jours. J'espère que toutes les larmes sont tombées et que je ne serai pas mal pris lors de la conférence de presse», a souligné Brisebois à La Presse lorsque croisé en milieu d'après-midi.

Il restait des larmes. Beaucoup.

Et s'il a pu les retenir dans les premiers moments de son point de presse, Brisebois a perdu le contrôle lorsqu'il a salué son épouse Michèle et ses deux filles Alex et Rose, «les trois femmes de ma vie.»

«Comme athlète, on ne voudrait pas que ça arrête. Lorsque Bob (Gainey) m'a appelé pour me dire qu'il ne me présenterait pas de contrat, j'ai compris que ce serait difficile. Ma tête veut continuer, mais le corps croit que ce serait mieux d'arrêter. Quand le Canadien m'a contacté pour me dire que j'étais le récipiendaire du trophée Jean Béliveau - remis annuellement pour l'implication communautaire d'un joueur du Tricolore - j'ai réfléchi. M. Béliveau et une de mes idoles et j'ai conclu que l'occasion était parfaite pour annoncer ma retraite.»

De Savard, à Gainey, en passant par les fans

Patrice Brisebois a remercié bien du monde en tournant la page sur sa carrière de 1009 matchs au cours desquels il a amassé 420 points.

Il a remercié Serge Savard de l'avoir repêché en 1989 pour lui permettre de réaliser son rêve de jouer pour l'équipe de ses idoles.

Il a remercié Jacques Demers et tous ses coéquipiers avec qui il a évolué et gagné la Coupe Stanley de 1993.

Il a aussi remercié Bob Gainey d'abord pour l'avoir défendu en traitant ceux qui le huaient au début de la saison 2003-2004 de «bâtards» et de lui avoir permis de terminer sa carrière à Montréal après un exil de deux ans au Colorado.

«Gagner la coupe à 21 ans demeure le plus beau moment de ma carrière. Mais mon retour à Montréal et l'accueil des partisans qui m'avaient ovationné demeure un très grand moment. Sans les partisans, rien ne serait pareil. C'est difficile jouer à Montréal, mais c'est la plus belle place pour le faire. Il faut gagner.»

Règlements de compte

Patrice Brisebois a toujours affiché une franchise toute naïve qui l'a parfois mis dans le pétrin. Cible préférée de chroniqueurs et de partisans qui en faisaient leurs souffre-douleurs, Brisebois a réglé quelques comptes.

«J'ai toujours tout donné à cette équipe. J'aurais voulu gagner davantage, afficher de meilleures statistiques. Mais cette équipe qui était une machine à gagner a pris des décisions qui ont rendu la victoire plus difficile à atteindre. La critique fait partie de notre réalité. Mais je n'ai jamais compris pourquoi des chroniqueurs comme Jack Todd et Michel Blanchard se sont acharnés sur moi au point de me détruire et de blesser mes parents, ma femme, mes proches. C'est difficile de composer avec ce genre de traitement injuste. Mais sur la glace, quand je jouais, j'avais du plaisir. J'étais toujours le petit gars qui voulait jouer au hockey.»

À 38 ans, le petit gars est devenu grand.

Et que fera-t-il maintenant?

«Je vais me consacrer à fond dans la course automobile, mais je serai aussi l'adjoint de Guy Carbonneau dans la télé-réalité opposant Québec et Montréal au hockey. Comme ça je vais pouvoir enseigner le hockey et recommencer à haïr Québec...»