C'était en avril dernier. En pleine tempête du centenaire, un agent m'avait confié, sous le couvert de l'anonymat, qu'environ 75% ou 80% des joueurs autonomes de la LNH ne voulaient pas enfiler le chandail du Canadien. Cet agent avait ajouté que les «vrais», les vétérans qui rêvent malgré tout de porter le saint maillot, sont de plus en plus rares. Selon lui, le dernier à quitter son club pour venir ici en courant avait pour nom Trevor Linden... et ça, c'était il y a 10 ans.

Eh bien, on dirait maintenant qu'un autre «vrai» est débarqué en ville. Son nom? Brian Gionta.

Quand l'Américain de 30 ans s'est présenté à son casier après l'entraînement du matin, hier à Brossard, le vestiaire débordait de membres des médias. Juste avant, Gionta s'était entraîné avec ses nouveaux coéquipiers devant des dizaines et des dizaines de fans.

Pour un gars qui a passé sept saisons dans l'anonymat du New Jersey, pour un joueur qui était sans doute moins connu du grand public que le garde à gauche substitut des Giants de New York, il s'agit là d'un changement colossal.

Mais Brian Gionta n'a pas peur de cette pression montréalaise. Vraiment pas.

«C'est différent ici, c'est certain, mais en même temps, c'est pour ça que c'est si plaisant, a-t-il commencé à dire, en regardant toutes les caméras. Je n'ai pas peur de ça. Les fans? Ils connaissent toutes les facettes du jeu, tous les petits détails. C'est plaisant ça aussi.»

Ce n'est pas la première fois qu'on entend ce genre de gentils commentaires, n'est-ce pas? Un p'tit nouveau qui arrive ici et qui trouve que tout le monde est gentil, incluant les chacals des médias, on connaît ça.

Le problème, c'est que souvent, pas tout le temps mais souvent, le p'tit nouveau finit par déchanter assez vite, en novembre genre, quand le Canadien en perd quatre de suite et que les fans se mettent à huer les dégagements refusés.

Mais ce Gionta semble différent. Il a l'air à l'aise, relax et sûr de lui. Bref, il a l'air de s'amuser pour vrai...

«De la pression, il y en a peu importe où tu joues, a-t-il ajouté. C'est sûr qu'ici, c'est un peu spécial; au New Jersey, on avait l'habitude d'avoir autant d'attention seulement après une couple de rondes en séries... Tout est plus gros ici, mais encore là, c'est pourquoi c'est si plaisant. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai choisi de venir jouer ici. Les gens veulent gagner, l'organisation veut gagner. Et je suis fier de porter ce chandail-là.»

En plus d'embaucher un type qui peut la mettre dedans - il a réussi 48 buts en 2005-2006 -, le Canadien a trouvé en Gionta le genre de joueur tranquille qui ne va pas faire des crises de diva dans le vestiaire.

Ainsi, quand on lui demande s'il s'attend à jouer régulièrement avec son vieux pote Gomez, Gionta hausse les épaulettes.

«Je ne pense pas à ça. Il y a un paquet de gars avec du talent dans cette équipe. C'est le coach qui va trancher. Si je joue avec Gomez, tant mieux. Mais si je joue avec d'autres, je n'aurai aucun problème avec ça. Je m'entends aussi très bien avec Tomas Plekanec.»

Pas trop loin du casier de Gionta à Brossard, il y a un autre «vrai», un certain Mike Cammalleri, lui aussi très fier de porter le bleu, le blanc et le rouge.

Le grand Paul Mara, tout sourire après l'entraînement d'hier, a l'air de filer le parfait bonheur lui aussi.

C'est juste septembre, c'est juste le calendrier préparatoire, et Dieu sait qu'il peut arriver bien des affaires d'ici à avril.

Mais pour le moment en tout cas, on dirait qu'il y a dans ce vestiaire plusieurs joueurs qui ont à coeur le sort de l'équipe.

Ça fait déjà changement de l'an dernier...