L'orchestre ragtime qui accueillait le Canadien au Club de golf Laval-sur-le-Lac aurait dû jouer Tourne la page, la chanson des p'tits Simard.

Du changement de propriétaires aux plus récentes acquisitions, c'était le thème parfait pour la journée!

Carey Price, par exemple, est bien heureux de pouvoir tirer un trait sur la saison dernière. Rafraîchi au terme d'un été moins éreintant que le précédent - il n'avait pas à perdre 25 livres cette fois-ci - le gardien de 22 ans s'est présenté devant la meute journalistique en disant qu'il allait repartir sur de nouvelles bases.

«Je ne suis pas du genre à trop ruminer, mais j'ai pris le temps cet été de réfléchir à tout ce qui s'était passé», a expliqué Price.

Le résultat de cette réflexion? Price compte travailler davantage sur l'aspect mental de son jeu. On nous avait tellement vanté son calme olympien à son arrivée dans la ligue. Or, la saison dernière, son langage corporel laissait croire tout le contraire.

«J'ai laissé les choses m'affecter l'an passé, a-t-il admis. Ce n'était pas représentatif de qui je suis.

«Je compte apporter plus de concentration à mon jeu cette saison. Je sais que je n'ai jamais été du type à trop me préparer mentalement en vue de chaque match. Mais je dois accorder plus d'importance à ma préparation.»

Dans un carrousel

Price reconnaît d'emblée que le passage à la vie adulte ne s'est pas fait sans heurts. Confronté à son nouveau statut, lancé dans la fosse aux lions de Montréal, il a dû s'ajuster à mille et une choses.

«C'est le défi de chaque jeune joueur de la LNH d'apprendre à vivre de façon autonome. Je crois que j'ai appris comment vivre ma vie et comment ne pas la vivre.»

La dernière campagne, avec ses rebondissements à la Lance et Compte, a fini par user le moral de Price - et de plusieurs coéquipiers.

«J'avais l'impression qu'on était dans un manège et qu'on tournait en rond, a-t-il confié. Ça devenait difficile de maintenir le cap avec tout ce qui circulait.

«On a entendu tellement de choses durant la saison. Certains avaient du fondement, d'autres pas.

«Mais j'ai appris à composer avec (la présence des médias), a-t-il ajouté. Je comprends que je me retrouve dans une position unique qui est le point de mire des conversations.»

Un vote de confiance

Appelé à commenter les changements au personnel d'entraîneur, Price s'est bien gardé de lancer la pierre à Roland Melanson, avec qui la communication était devenue difficile.

«Rollie a fait en sorte que je suis devenu le gardien que je suis, a-t-il plaidé. C'est lui qui a peaufiné mon jeu depuis que le Canadien m'a repêché.»

Mais Price s'est fait plus hésitant à l'égard de Guy Carbonneau, qui a été l'entraîneur-chef à ses deux premières saisons.

«À partir de ma saison recrue, il avait souvent évoqué la possibilité de me renvoyer dans les mineures. J'étais inquiet.

«Cela dit, il m'est venu en aide lorsque j'ai traversé des moments difficiles.»

Visiblement, l'arrivée de Jacques Martin derrière le banc réjouit le jeune gardien. Price se sait entre bonnes mains.

«Il comprend la position de gardien, il sait qu'elle n'est comme aucune autre dans une équipe, et d'avoir un coach qui comprend cela va m'aider beaucoup.»

«Et puis, qu'il vienne me voir à Calgary cet été m'a prouvé à quel point il se souciait de ses joueurs.»

C'était une preuve de plus que, malgré les faux pas de l'an dernier, il a la pleine confiance de ses patrons.

«Comme tout le monde, Carey a eu des expériences plus difficiles l'an passé, a convenu Bob Gainey. Mais j'ai confiance en son talent et en son désir d'être le meilleur possible.»

«J'ai toujours rebondi, a encore dit Price. La saison dernière n'a pas été un échec total, mais il y a matière à amélioration.»

La progression espérée aura non seulement une incidence sur les performances du Canadien, mais sur la suite de la carrière de Price.

Si les choses vont bien, il aura mis la table pour un lucratif contrat à long terme.

Mais si ça tourne au vinaigre, on commencera à associer son nom à ceux de Trevor Kidd et d'Andrew Raycroft...