Après avoir confirmé la veille à La Presse que son fils s'était fait «tabasser» en Russie, le père du hockeyeur québécois Jonathan Boutin a corrigé sa version des faits, hier, en déclarant que le gardien de but avait plutôt fait une chute à vélo.

Pourtant, lors d'une entrevue réalisée dimanche après-midi, Alain Boutin a affirmé que son fils était «ben ben endommagé» après avoir été passé à tabac dans la nuit de vendredi à samedi dans la ville de Perm, en Russie. Le jeune homme de 24 ans s'y serait rendu le 6 août après avoir signé un contrat d'un an avec le club de hockey Molot-Prikamie.

«Mettons qu'il a été très, très tabassé. Il n'a rien de cassé, mais il a bien d'autres choses d'endommagées», avait-il expliqué.

En entretien dimanche, Alain Boutin n'a pas voulu donner de détails sur les circonstances précises de l'agression, de peur que la médiatisation de l'affaire ne mette la vie de son fils en danger.

«Je ne veux pas recevoir mon gars dans une boîte, a-t-il ajouté. Je suis vraiment inquiet, je n'ai pas dormi de la nuit... Là-bas c'est rough, il y a des gens rough

Il a également précisé que son fils pourrait faire toute la lumière sur cette affaire une fois rentré au bercail, jeudi matin. «Après, il y aura peut-être des leçons à tirer qui pourraient en apprendre à d'autres», a-t-il dit.

Dimanche, le ministère des Affaires étrangères du Canada a indiqué avoir été mis au courant qu'un Canadien a été agressé à Perm le 29 août. Une porte-parole du ministère a toutefois souligné que la victime et sa famille avaient refusé l'aide consulaire.

Nouvelle version

Au cours d'une entrevue, hier matin à LCN, le père de Jonathan Boutin a nié toutes les informations qu'il a fournies à La Presse.

«Jonathan se promenait en vélo dans la rue, il a fait une chute, a-t-il confié au chroniqueur judiciaire Claude Poirier. Oui, il a eu quelques égratignures et il a été conduit à l'hôpital. En tant que parents, on a paniqué. On a appelé l'ambassade.»

Le père a également affirmé que nos informations avaient été obtenues en raison du «bouche à oreille».

«Dans la parenté, il y a des gens qui ont contacté des journalistes par internet, pour pouvoir avoir des contacts en Russie afin de rejoindre Jonathan... Quand la note a été envoyée aux journalistes, c'était des suppositions.»

Joint à l'aéroport par le réseau de télévision, Jonathan Boutin a corroboré la version de son père. «Je me suis planté en bicycle», a-t-il lancé sans donner plus de détails.

L'ancien joueur des Remparts de Québec a dit vouloir rentrer au Québec pour avoir accès à de meilleurs soins de santé que ceux reçus à Perm.

Questionné sur son expérience, l'athlète originaire de Granby a déclaré qu'il ne retournerait plus jamais en Russie. «C'était ben le fun la première semaine, la deuxième c'était O.K., la troisième, un peu moins et en fin de semaine, ç'a été le boutte. Là, c'est assez.»

Problèmes de contrat

Alain et Jonathan Boutin ont tous deux affirmé que le gardien de but avait signé un contrat avec le Molot-Prikamie, une équipe qui évolue en deuxième division. Une fois sur place, l'équipe l'aurait toutefois remercié après quelques jours.

Au club Molot-Prikamie de Perm, une responsable de l'équipe a nié avoir conclu une entente avec Boutin.

Elle a toutefois spécifié que le joueur de hockey s'était entraîné avec le club «pour une période d'essai de cinq jours. Mais il n'est plus avec le Molot. Je ne sais pas depuis quand. Et je ne sais pas qui l'a battu», a-t-elle enchaîné.

Malgré cette mésentente, Jonathan Boutin dit ne pas avoir entrepris de recours contre l'équipe. «C'est la Russie! Avec ce dont j'ai entendu parler, j'aime mieux rien dire, rentrer chez nous et me trouver une nouvelle équipe.»

En 2003, Jonathan Boutin a été repêché par le Lightning de Tampa Bay en troisième ronde.

Il a commencé sa carrière dans la Ligue junior majeur en 2001.

Après la diffusion des bandes audio de l'entrevue sur Cyberpresse hier, Alain Boutin ne nous a pas rappelés.

Avec la collaboration de Frédérick Lavoie