Le parcours de l'attaquante Cherie Piper depuis l'obtention de la médaille d'or par le Canada aux Jeux olympiques d'hiver de 2006 a été parsemé de défis.

Quelques mois à peine après avoir terminé au deuxième rang des marqueuses à Turin, derrière Hayley Wickenheiser, Piper a subi une sévère blessure au genou en disputant un match de hockey collégial. Cette blessure l'a empêchée d'évoluer avec l'équipe nationale pendant un an.

Peu après son retour dans la formation, son père, Alan, est décédé d'une crise cardiaque en février 2008.

Puis, plus tôt cette année, l'athlète de 28 ans originaire de Toronto, l'une des meilleures fabricantes de jeu que compte le Canada, n'a pu se tailler une place dans l'alignement en vue du championnat mondial, en Finlande.

«Ces dernières années ont été pénibles à plusieurs niveaux, a expliqué Piper lundi, avant un match entre le Canada et la Suède dans le cadre de la Coupe Canada de hockey.

«Je bataille pour regagner ma place au sein du programme et de la formation. Ça a d'ailleurs été mon lot depuis un bon bout de temps.»

Piper se souvient que le bruit sec qu'a fait sa jambe lorsqu'une adversaire de Providence est tombée dessus le 8 décembre 2006 a pu être entendu sur l'ensemble de la patinoire.

Cet hiver-là, malgré une rupture du ligament croisé antérieur, la vétéran a joué pour Dartmouth. Elle a ensuite dû être opérée juste avant le championnat du monde de 2007 à Winnipeg, auquel elle a assisté équipée de béquilles.

Le temps suffit à se rétablir d'une rupture de ligaments. Il en va autrement pour le coeur, qui ne se rétablit pas aussi rapidement. Parlez-en à Piper, qui a grandi dans une famille passionnée de hockey.

Celle-ci avait l'habitude de suivre ses frères aînés Michael et Stephen lorsqu'ils allaient jouer. Et c'est le désir de les battre, lorsqu'ils s'amusaient dans la rue, qui a suscité chez elle l'esprit de compétition qui l'a menée jusqu'à l'équipe nationale.

Quant à ses parents, Alan et Christine, ils étaient très impliqués, conduisant leurs enfants aux entraînements de même qu'aux matchs. Après le décès de son père, le hockey n'a eu de cesse de rappeler à Piper le souvenir pénible de la perte de son père.

«Mon père a toujours été mon entraîneur et il a joué un grand rôle dans ma vie d'athlète. C'est difficile, et chacun réagit différemment aux événements. Ce fut une période où j'accordais beaucoup de temps aux autres sans m'en accorder nécessairement à moi-même.

«Un jour ça m'est sauté aux yeux. J'ai réalisé que je ne m'améliorais plus comme personne ni comme athlète et que je devais y voir.»

Piper a donc quitté Toronto pour Calgary il y a un an, afin de jouer au hockey pour le club Oval X-Treme. Sa décision de déménager n'avait cependant pas qu'à voir avec le sport.

«Je devais simplifier ma vie. Mentalement et émotionnellement je devais régler certaines choses, puis en faire autant sur le plan physique, confie-t-elle.

«Partir pour Calgary a été une bonne décision.»

Pour ce qui est de l'équipe nationale, Piper a perdu son poste avec l'arrivée de joueuses plus jeunes, telle Marie-Philip Poulin, une athlète âgée de 18 ans.

Lorsqu'elle a appris qu'elle ne participerait pas au championnat mondial, Piper a été anéantie. Elle compte toutefois parmi les 26 joueuses invitées à tenter leur chance en vue des Jeux olympiques de 2010.

«Au début, les émotions, nombreuses, ont été variées. J'ai été fâchée, contrariée, déçue... puis je me suis dit que je devrais peut-être passer à autre chose. Oublier le hockey et me consacrer à une carrière.

«Après cette réflexion j'ai décidé de faire tout ce que je pouvais afin qu'une telle situation ne se reproduise jamais.»