Jason Pominville espère faire taire les sceptiques.

À chaque année depuis trois ans, une majorité de spécialistes prédisent une saison de misère aux Sabres de Buffalo. Mais cette équipe de travailleurs lutte toujours vaillamment pour une place en séries éliminatoires.

«Nous avons raté les séries par deux points la saison dernière et notre meilleur joueur, le gardien Ryan Miller, a été blessé pendant une longue période, a dit Pominville, hier, lors d'un entretien téléphonique. Il aurait pu facilement voler un match ou deux à lui seul et on aurait obtenu les deux points nécessaires. La saison précédente, c'était la même histoire.»

Les Sabres ont une équipe à l'image des Predators de Nashville, c'est-à-dire qu'on les sous-estime souvent en début de saison bien qu'ils présentent des clubs compétitifs chaque année.

«Ce sont deux équipes bien dirigées, a répondu le hockeyeur de 26 ans. Les deux entraîneurs sont en place depuis longtemps. Lindy Ruff est notre entraîneur depuis une dizaine d'années et Barry Trotz est dans le portrait depuis que les Predators existent.»

Une fois de plus, les Sabres devront se passer de soldats importants cette année. Il y a trois ans, Daniel Brière et Chris Drury n'ont pas été retenus; l'an dernier, le vide laissé par le départ de Brian Campbell n'a pas été comblé et, cette année, le défenseur numéro un, Jaroslav Spacek, n'a pas reçu d'offre.

«Je croyais qu'ils allaient tout faire pour garder Spacek, a dit l'athlète originaire de Repentigny. En attaque, il était notre meilleur défenseur depuis deux ans. Il avait un excellent lancer. On jouait ensemble à la pointe en supériorité numérique. On avait une bonne chimie. C'était un bon gars, un bon vétéran à avoir dans le vestiaire. J'ai été déçu. Mais d'un autre côté, les Sabres en attendent beaucoup du jeune Tyler Myers, un géant de 6'7 (repêché en première ronde, 12e au total en 2008). Il a eu une bonne année junior, il a joué au Championnat mondial junior, il a du potentiel. La porte est ouverte pour lui s'il a un bon camp.»

Les Sabres disposent de quelques solutions si Myers n'est pas prêt. «Il y a (Andrej) Sekera, qui a un potentiel offensif. Peut-être Chris Butler, même si on lui a confié un rôle défensif l'an dernier. Marc-André Gragnani (un Montréalais repêché en troisième ronde en 2005) sera un bon candidat s'il connaît un bon camp. C'est le style de joueur pour remplacer Spacek: bonne vision du jeu, bon coup de patin, bonne première passe, il a toujours joué en supériorité numérique. On voit qu'il a du potentiel.»

Pominville a connu une saison décevante l'an dernier, aux yeux de certains, puisque sa production en attaque a chuté de 80 à 66 points. Il avait placé la barre haut la saison précédente. «J'ai été déçu parce que j'ai connu des périodes creuses. Peut-être que sans m'en rendre compte, je me mettais de la pression parce que je venais de signer un contrat à long terme. Mais j'ai connu une bonne fin de saison avec Tim Connolly. Si je pouvais continuer avec lui, je serais bien content. Il a tellement de potentiel. C'est dommage que tout le monde parle de sa santé fragile parce qu'avant de subir sa première commotion cérébrale, il y a quatre ans, c'était lui qui avait disputé le plus de matchs consécutifs dans la ligue.»

Pominville espère connaître un fort début de saison de façon à convaincre les dirigeants de l'équipe olympique américaine de l'inviter aux Jeux de Vancouver.

Le Québécois possède la double citoyenneté. «Mon père a joué au hockey aux États-Unis et ma mère est américaine. J'ai donc la double citoyenneté même si je suis né ici, au Canada. Après la saison (en 2008), l'équipe américaine m'a invité à participer au Championnat mondial en sachant que j'avais la nationalité. On ne m'avait jamais invité à faire partie des programmes au Canada, je n'avais jamais participé à un Championnat mondial junior, alors j'ai accepté tout de suite. Je n'ai rien fait de mal, j'ai juste sauté sur l'occasion, ils ont été les premiers à m'appeler. Maintenant que j'ai fait une compétition internationale avec eux, je ne peux plus jouer pour le Canada.»

Pominville n'a toutefois pas reçu cet été l'appel pour le camp de sélection en prévision des Jeux. «Je sais qu'ils n'ont pas invité beaucoup de joueurs, à peine une trentaine. Mais j'ai été un peu surpris (d'être ignoré). Est-ce que ça me dérange? Je mentirais si je disais que je ne voulais pas y aller. Il reste que ça va se jouer durant la saison. Je veux juste leur forcer la main. Si j'y vais, ce serait un boni pour moi, une expérience incroyable. Si je joue dans un trio avec Connolly, qui n'a pas été invité lui non plus, et qu'on démarre bien la saison, on ne sait jamais ce qui peut se passer.»