L'équipement d'Alex Kovalev est à Ottawa, mais son coeur est encore à Montréal.

Plus de six semaines après s'être entendu sur un contrat de deux ans et 10 millions avec les Sénateurs, Kovy continue de vivre un deuil difficile.

«Je suis venu à Montréal quatre ou cinq fois dans les trois dernières semaines, et les amateurs ne cessent de me dire qu'ils sont déçus de mon départ», a raconté Kovalev, jeudi à l'Île-Bizard, à l'occasion du tournoi de golf au bénéfice de la Fondation Kovalev et ses amis pour les enfants.

«Je ne peux être heureux de la tournure des événements. Ce n'est jamais évident de quitter une organisation avec laquelle tu as passé plusieurs saisons. Ça n'a pas été facile quand j'ai quitté New York et Pittsburgh, mais le feeling est différent cette fois-ci.

«De jouer pour cette ville et pour ces fans, et de sentir leur support... C'est sûr que j'ai été déçu. Je croyais rester avec le Canadien.»

Kovalev refuse de pointer du doigt la stratégie de son agent Scott Greenspun durant les négociations dans les heures suivant l'ouverture du marché des joueurs autonomes.

«Je ne veux pas entrer dans les détails, mais je ne suis pas prêt à dire qu'on a pris un pari. Des gens ont dit que mon agent était à blâmer, mais ce n'est la faute de personne.

«Avec le Canadien, il n'était pas autant question d'argent que d'années de contrat. J'aurais voulu rester là le plus longtemps possible, mais le Tricolore n'offrait pas plus que deux ans. De mon côté, je désirais demeurer à la même place pour trois ou quatre ans.

«Après une semaine sur le marché des joueurs autonomes à attendre la bonne offre, j'ai compris qu'aucune équipe ne me ferait une offre de plus de deux ans.

«Ottawa était en quelque sorte mon dernier choix car autrement, je me serais probablement retrouvé ailleurs avec une entente d'une seule saison.»

La marche près du fleuve

C'est donc contre son gré que Kovalev a fait partie du grand ménage effectué par Bob Gainey le 1er juillet. Un ménage dont l'ampleur a étonné l'attaquant russe.

«Je savais quel genre de direction l'équipe allait prendre, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de changements, a admis Kovalev. Bob (Gainey) m'avait dit qu'il y aurait des changements lors de notre fameuse marche près du fleuve. Il m'avait dit qu'il voulait peser sur le bouton reset et trouver de nouveaux joueurs.»

Tout ce renouveau amène un lot de nouvelles questions, et même s'il ne fait plus partie de l'organisation du Tricolore, Kovalev était bien à l'aise de commenter l'actualité entourant l'équipe.

À propos de la recherche d'un nouveau capitaine: «C'est très important qu'il y ait un capitaine à Montréal parce que ça donne aux journalistes quelqu'un à qui parler après les matchs.»

Sur les frères Kostitsyn: «J'ai beaucoup joué avec Andrei au cours des deux dernières années et je sais à quel point il déteste mal jouer. Quant à Sergei, je le connais un peu moins. Les deux sont talentueux, mais ils doivent s'assurer d'être concentrés sur le hockey.»

Fin de carrière à Montréal?

Après avoir jonglé avec l'idée de garder sa famille à Montréal pendant qu'il jouerait à Ottawa, Kovalev a finalement décidé de déménager sa marmaille dans la capitale.

«J'ai pensé à mes enfants et aux amis qu'ils s'étaient faits à l'école, mais en fin de compte, ç'aurait été trop étrange d'être loin de ma famille, a-t-il expliqué.

«Mes enfants m'ont demandé s'ils pouvaient aller à l'école en patinant sur le Canal Rideau!»

Alors qu'il en est encore à s'installer dans on nouvel environnement, Kovalev doit mettre dès vendredi le cap sur la Russie, où il a été invité au camp d'orientation de l'équipe nationale en vue des Jeux olympiques.

«Si je l'avais su d'avance, j'aurais organisé le tournoi de golf de ma fondation un peu plus tôt, avoue-t-il. Le camp d'orientation se déroule du 30 août au 1er septembre et j'aimerais bien me tailler une place sur l'équipe, surtout que ça pourrait être ma dernière chance de participer aux Jeux olympiques...»

Les choses se bousculent donc dans la vie d'Alex Kovalev. Ce n'est peut-être qu'à son premier match dans l'uniforme des Sénateurs que sa nouvelle situation le frappera de plein fouet.

Car pour l'instant, il rêvasse encore...

«J'ai toujours dit que j'aimerais terminer ma carrière à Montréal. Peut-être que je reviendrai dans deux ans», a-t-il d'ailleurs lancé avec un demi-sourire.