La blessure à la clavicule subie par Jordan Caron au camp d'orientation de l'équipe canadienne junior, il y a 10 jours, fait jaser dans les milieux du hockey.

Certains observateurs se demandent s'il est nécessaire de demander aux meilleurs espoirs au pays de jouer à une intensité maximale lors de ces camps, d'autant plus que la phase la plus importante dans l'évaluation des jeunes a lieu pendant la saison.

Cette blessure, qui contraindra à l'inactivité le premier choix des Bruins de Boston en 2009 pendant au moins six semaines, donne aussi des munitions à l'Association des joueurs de la LNH, à l'aube du camp d'orientation de l'équipe olympique canadienne à Calgary.

Le directeur de l'Association des joueurs, Paul Kelly, a suggéré à ses membres de boycotter le camp tant que la LNH ne voudrait pas garantir le contrat des joueurs durant cette semaine d'activité à Calgary.

Une vedette de la Ligue nationale qui s'y blesserait gravement pourrait voir son équipe résilier le contrat qui les lie, puisque ce camp ne se déroule pas durant les activités de la LNH.

On est finalement arrivé à une certaine forme de compromis, il y a quelques jours, lorsque Hockey Canada a accepté de fournir des assurances aux joueurs. Mais la couverture reste minime et Kelly a prié les participants à ce camp de se prémunir d'assurances personnelles. Dans certains cas, le montant pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliers de dollars... pour cinq jours d'entraînement.

Une rencontre simulée est prévue à la dernière journée du camp. Des billets ont même été vendus. Il faudra voir si les mises en échec seront à l'honneur lors de cette rencontre, compte tenu du contexte.

Vincent Lecavalier, qui part dans les prochains jours pour Calgary, préfère ne pas se prononcer sur la délicate question des assurances. Mais dans le cas du match simulé, il ne semble pas avoir d'inquiétude.

«Ce ne sera pas comme un match régulier de la Ligue nationale, a-t-il dit. Les gars vont travailler fort, mais on n'est pas là pour se blesser. La vraie évaluation des joueurs se fera pendant la saison. La dernière fois qu'on en avait eue un, c'était correct. On est dans la même équipe; tout le monde est en début de saison; ça fait peut-être trois ou quatre semaines qu'on patine; je ne crois pas qu'on va voir des mises en échec au centre de la glace.»

Lecavalier a été étonné d'apprendre de quelle façon Caron s'était fracturé la clavicule, à la suite d'une violente mise en échec au centre de la glace lors d'un match simulé.

«Je trouve ça plate, surtout de la part d'un gars (Colten Teubert) assuré d'une place dans le club, d'un joueur qui va même probablement être capitaine de l'équipe. Je ne crois pas qu'on soit obligé de geler un gars. Je ne pense pas que ça lui a rapporté beaucoup. Il a blessé un bon joueur, un gars qui vient juste d'être repêché.»

Le recruteur en chef de Hockey Canada, Al Murray, défend la décision de l'équipe et le coup de Teubert. «C'est difficile de voir des joueurs se blesser à notre camp. Mais si on pratique un sport de contact comme le hockey, il y aura toujours de telles mises en échec dans des matchs simulés; certains joueurs robustes veulent montrer ce dont ils sont capables. Malheureusement, Jordan Caron a encaissé une mise en échec légale, mais violente, et il s'est blessé. On ne peut toutefois pas demander aux joueurs de ralentir, car ils peuvent se blesser aussi en jouant à une vitesse réduite. Certains se blessent même en gymnase au cours de la saison morte. Il y aura toujours des blessures, peu importe la volonté de les éviter.»

Caron n'en veut pas à Teubert, un choix de première ronde des Kings de Los Angeles en 2008. «On s'était préparés comme si c'était un match normal. C'est sûr que la passe que j'ai reçue ne m'a pas aidé, je ne l'ai jamais vu venir, mais ce n'était pas une mise en échec vicieuse. Au moins, l'os a bien cassé.

«Je n'ai pas besoin d'opération, seulement de six à huit semaines sans jouer. Je vais recommencer à patiner dans environ deux semaines. Je devrais être de retour au mois d'octobre, s'il n'y a pas de complications. Les Bruins veulent seulement que je me soumette à une radiographie par semaine et que je la leur envoie. Je ne sais pas encore si je vais aller là-bas pendant le camp.»

On reverra donc Caron avec l'Océanic de Rimouski l'hiver prochain.