Mike Babcock, Lindy Ruff, Ken Hitchcock et Jacques Lemaire. Quatre hommes qui pourraient se piler sur les pieds, dans les prochains mois, alors qu'ils dirigeront les destinées de l'équipe olympique canadienne de hockey masculin, d'ici le début des Jeux de Vancouver.

Babcock a beau avoir le titre d'entraîneur-chef, les trois autres, qui agiront comme entraîneurs associés, occuperont aussi beaucoup de place. Après tout, eux aussi sont habitués à mener leur propre barque dans la LNH, de faire les choses à leur manière.

Ce qui risque de donner plusieurs discussions animées. Et tant mieux, a affirmé Babcock, mardi, lors du point de presse où le personnel d'entraîneurs a été officiellement dévoilé.

«On va se piler sur les pieds, mais ça ne nous dérangera pas, ça va même être amusant», a indiqué celui qui a mené les Red Wings de Detroit à la conquête de la Coupe Stanley en 2008 et à une deuxième finale de suite ce printemps.

«Ces deux derniers jours, on a discuté de tous les aspects du jeu, et chacun a donné son point de vue. Ce ne sera pas une équipe menée à la manière de Mike Babcock, ou à la manière des Red Wings - elle sera menée de la façon qui sera la meilleure possible pour le groupe que nous aurons sous la main.

«Va-t-il y avoir des moments où nous serons en désaccord sur un joueur? Absolument. C'est pourquoi ça va être aussi amusant. Il ne faut pas s'entourer de gens qui vont dire oui, il faut justement rechercher les débats et les discussions. C'est comme ça qu'on peut s'améliorer.»

Lemaire sera responsable d'un dossier en particulier, soit celui du désavantage numérique. Mais encore là, le travail se fera de manière collégiale, a souligné l'ancien entraîneur du Wild du Minnesota.

«Je leur ai dit (aux autres entraîneurs) comment nous, nous écoulons les pénalités, a affirmé Lemaire. Et puis, je leur ai demandé comment ils font, eux. Puis, on a regardé comment ça peut s'appliquer dans le cas de l'équipe olympique.

«Alors on travaille vraiment ensemble, tout le monde y met son grain de sel. Et Mike est le patron, alors c'est lui qui va décider de quelle manière on va précisément faire les choses. Et c'est comme ça que ça devrait être.»

Lemaire a dirigé plus de 1100 matchs dans la LNH avec le Canadien de Montréal, les Devils du New Jersey et le Wild. Il a remporté la Coupe Stanley avec les Devils en 1995. Il a démissionné de son poste à la fin de la dernière saison après avoir raté les séries éliminatoires.

«Les équipes de Jacques sont toujours parmi les meilleures au niveau des unités spéciales, a souligné Babcock. Il comprend comment parler aux joueurs, comment leur expliquer des choses de manière simple. Il est l'un des meilleurs cerveaux du hockey, alors je trouvais qu'il était important de l'avoir.»

Hitchcock, qui dirige les Blue Jackets de Columbus, a occupé le même poste quand le Canada a remporté l'or en 2002. Il a mené le Canada à la médaille d'argent aux Championnats du monde de 2008.

Ruff dirige les Sabres de Buffalo depuis la saison 1997-98. C'est lui qui a dirigé la formation canadienne aux Championnats du monde de cette année, où le Canada a de nouveau remporté l'argent.

Le quatuor tentera de mener l'équipe à un meilleur classement qu'à Turin, en 2006, où le Canada avait pris le septième rang, son pire classement aux Jeux olympiques.

«Leur expérience sera un facteur vraiment réconfortant, a affirmé Babcock. Hitch en sera à ses troisièmes Jeux, Lindy se retrouve dans une situation (à Buffalo) où il a trouvé une manière de faire fonctionner les choses avec différents joueurs qui entrent et sortent au fil des années; et Jacques, la même chose. Ce sont toutes de bonnes personnes, qui travaillent fort et adorent le hockey. Ils sont aussi en constante évolution.»

Pas de cliques

Steve Yzerman, le grand patron de l'équipe olympique de hockey, a embauché en Babcock l'entraîneur qu'il connaît le mieux, puisqu'il travaille de près avec lui chez les Red Wings. Mais contrairement à son prédécesseur Wayne Gretzky, on ne pourra accuser Yzerman de ne travailler qu'avec ses proches. En Lemaire, il a embauché un homme qu'il connaissait peu.

«Plus je discutais de lui avec des gens, plus je regardais ce qu'il a accompli au cours de sa carrière, et plus spécifiquement ce que ses équipes au Minnesota ont fait au fil des années, plus ça suscitait ma curiosité. Quand on regarde certaines statistiques - le jeu de puissance, le désavantage numérique, les buts accordés - ses équipes ont toujours été très bonnes dans ces catégories-là.

«Alors j'ai poussé mes discussions avec d'autres, des gars qui ont joué pour lui, qui ont dirigé à ses côtés. Une chose qu'à peu près tout le monde disait, c'est qu'il est l'une des personnes les plus intelligentes avec qui ils ont travaillé. Après en avoir discuté avec Mike (Babcock), c'est devenu évident qu'il serait le complément parfait.»

Selon Yzerman, si Hockey Canada n'a jamais fait appel à Lemaire auparavant, c'est à cause d'un concours de circonstances.

«Hockey Canada a tendance à développer ses entraîneurs en les faisant passer d'abord par l'équipe canadienne junior, puis l'équipe des championnats mondiaux. Comme les équipes de Jacques participaient toujours aux séries, il n'était jamais disponible», a expliqué Yzerman.

Après le Lightning

L'offre de se joindre à l'équipe olympique est venue un peu après qu'il ait refusé un poste de conseiller chez le Lightning de Tampa Bay, au début du mois de juin, a indiqué Lemaire.

«À mon sommet comme joueur, je n'ai jamais eu l'occasion de disputer les Jeux olympiques, alors de me retrouver alors que je vais avoir 64 ans, j'ai sauté sur l'occasion», a lancé Lemaire.

Maintenant qu'il est avec l'équipe olympique, Lemaire ne sait pas encore s'il va continuer de considérer activement un emploi dans la Ligue nationale.

«Ce sont des choses auxquelles je n'ai pas pensé ces derniers temps, parce que le défi des Jeux olympiques en était un qui m'excitait tellement», a-t-il dit.