Les Penguins de Pittsburgh ont beau se convaincre qu'un septième match est à la portée des deux équipes, que tout est possible, qu'il n'y a plus rien qui tienne, pas même l'avantage de la glace, l'histoire ne joue pas en leur faveur.

Il s'agira, vendredi, à Detroit de la 15e ultime rencontre d'une finale de la Coupe Stanley, et l'équipe-hôte l'a emporté 12 fois en 14 occasions. Les Red Wings partent donc avec une longueur d'avance, d'autant qu'ils ont limité les Penguins à deux buts seulement dans les trois victoires qu'ils ont décrochées au Joe Louis Arena jusqu'à maintenant.

Les Penguins vont également tenter d'être la deuxième équipe en 38 ans à remporter la finale après avoir perdu les deux premiers affrontements à l'étranger. Seul le Canadien de Montréal de 1971 a accompli le fait d'arme. Le joueur le plus âgé des Pens, Bill Guerin, était âgé d'à peine six mois.

«Je ne suis pas un bon parieur aux livres. Je ne vais pas vous faire de prédictions, a affirmé l'entraîneur Dan Bylsma, mercredi. Comme on en a parlé avant le sixième match, si on nous avait dit, le 15 février, qu'on en serait rendus à un septième match de la finale de la Coupe Stanley contre les Red Wings de Detroit, on aurait pris ça volontiers.»

Le 15 février, c'est la date à laquelle Bylsma a remplacé Michel Therrien à la barre des Penguins.

«Alors peu importe les chances qu'on nous accorde, on les accepte, a-t-il continué. Nous allons nous rendre là-bas, et jouer notre match. Il n'y a qu'une autre équipe qui se retrouve dans la même situation.

Ça va se passer entre les Wings et nous. Un seul match pour l'obtention de la coupe.»

L'entraîneur-recrue, habituellement calme et posé, a livré un point de presse teinté d'émotivité au Mellon Arena, en présence de plusieurs membres de sa famille.

«J'ai peine à croire que je me retrouve dans cette situation. Les gens de mon entourage me le font réaliser. C'est le 15e septième match de l'histoire. De jouer pour la coupe Stanley, c'est une occasion unique et formidable.

«Si on regarde tout le chemin que l'équipe a parcouru depuis la même période, l'an dernier, le début de cette saison ou même depuis février, c'est tout un accomplissement. Comme Maxime Talbot l'a dit, mardi, peu importe qu'on gagne ou qu'on perde, on peut être fier de ce qu'on a fait. C'est le sentiment que les joueurs doivent avoir et réaliser parfaitement la chance qu'ils ont de prendre part à un septième match.»

La photo

Bylsma lui-même a pris part à une confrontation décisive, comme joueur en 2003, dans l'uniforme des Ducks d'Anaheim, qui étaient dirigés par Mike Babcock, des Wings. La série contre les Devils du New Jersey s'était déroulée exactement comme celle de cette année, les Devils triomphant chez eux 3-0 à la fin.

«Le lendemain, a-t-il relaté, il y avait une photo d'action dans le USA Today montrant Martin Brodeur et moi, avec la rondelle dans les airs. C'est la chance de marquer que j'ai eue, au moment où c'était 0-0. Je m'en rappelle trop bien. j'avais fait dévier un tir en provenance de la ligne bleue que Brodeur a repoussé et la rondelle a rebondi. Je n'ai pas pu récupérer le retour.

«On va assister à des scènes semblables, vendredi soir. Des joueurs vont se voir offrir la chance de faire la différence à un moment précis, en bloquant un tir ou en marquant un but. Et il y aura une photo de ça dans les journaux le lendemain.»

Bylsma a été un brin philosophe quand on lui a demandé si la douloureuse expérience que la plupart des joueurs ont connue, l'an dernier, ou au cours de leur carrière, les aiderait dans leur préparation.

«J'ai lu dernièrement que l'expérience est ce que vous obtenez quand vous n'avez pas le résultat souhaité, a-t-il répondu. Je ne veux pas en acquérir davantage. J'en ai obtenu en 2003 et la majorité des gars ici en ont eu l'an dernier. Je ne crois pas qu'ils veulent en acquérir encore cette année.»

Il n'a pas d'explication à fournir quand on l'interroge au sujet des insuccès des siens à Detroit en finale.

«C'est différent de la finale de 2003. Il y avait une nette différence entre le jeu des équipes, au New Jersey et à Anaheim, a-t-il avancé. Dans les deux premiers matchs à Detroit, les Red Wings ont été meilleurs que nous autour du filet adverse. Nous devrons être meilleurs près de leur gardien. Nous devrons envoyer plus de rondelles vers le filet, une quarantaine préférablement, et gagner les batailles. C'est quelque chose qu'ils ont mieux fait que nous là-bas.

«La foule est un facteur parce qu'elle transporte son équipe et complique la tâche des adversaires dans leur tentative de reprendre le rythme. Quand deux équipes sont très compétitives, ça peut être un avantage.»

Bylsma, qui est âgé de 38 ans, va surtout s'assurer que ses troupiers ne seront pas animés de la crainte de perdre.

«Nous devrons jouer pour gagner, pas pour perdre. Nous devrons préconiser notre style, celui qui nous a permis de connaître du succès cette saison. Nous ne devrons pas jouer sur les talons et patienter pour qu'ils commettent une erreur. Vous ne devez pas jouer différemment que si c'était un autre match.»