Il y a quelques années, Marc-André Fleury aurait été ébranlé. Il aurait difficilement composé avec la situation. Il se serait senti traqué. D'être confronté à une horde de journalistes, qui remettent en question son rendement ou qui cherchent à savoir s'il sera en mesure de se ressaisir, l'aurait intimidé. Ce n'est plus le cas. Le jeune gardien dit avoir appris, avec le temps, à mieux gérer la pression.

Il faut dire que les doutes à son endroit, c'est presque un sujet routinier pour lui. À écouter les points de presse qu'il accorde, comme celui de lundi après la séance d'entraînement des Penguins de Pittsburgh au Mellon Arena, on se demande si ça lui effleure l'esprit, à l'occasion, d'être un peu moins poli ou de rabrouer ses interlocuteurs.

«Je pourrais des fois, a-t-il répondu, en affichant son éternel sourire. Je pourrais leur demander «c'est quand la dernière fois qu'ils ont gardé le but ou qu'ils ont donné un mauvais but?» Mais je comprends qu'ils tentent de faire leur travail. Je ne peux pas leur tomber dessus.»

Le Sorellois, âgé de 24 ans, possède une personnalité trop «Roger-Bontemps» pour faire ça. C'est sans doute la raison pour laquelle les médias versent dans l'exagération. Heureusement pour les Penguins et lui, il s'est endurci au fil des saisons.

«Je réussis à oublier rapidement, à passer par-dessus un match difficile ou une mauvaise performance, a-t-il affirmé. Ça n'a pas toujours été le cas. À l'époque de ma participation aux Championnats du monde juniors (NDLR: il a commis une erreur qui a coûté la médaille d'or au Canada) et à mes débuts dans la Ligue nationale, j'avais de la misère.

«L'expérience m'a appris qu'il y a toujours un lendemain, a-t-il poursuivi. En saison régulière comme en séries, c'est comme un marathon. Que tu perdes 2-1 ou 5-0, c'est une défaite quand même. J'essaie d'être confiant et de rester positif en vue du match suivant. C'est l'attitude que je veux adopter auprès de mes coéquipiers.»

«En maudit»

Fleury a reconnu qu'il était en «maudit» à Detroit, samedi, à l'issue de la cinglante défaite des siens dans la cinquième rencontre de la finale de la Coupe Stanley. Il n'est pas à blâmer, même s'il a été victime des cinq buts des Red Wings. C'est surtout que ses coéquipiers l'ont abandonné, mais c'est lui qui s'est retrouvé sous les feux de la rampe. Et c'est sur lui que seront braqués les projecteurs, mardi, au moment où va se mettre en branle le sixième match à Pittsburgh.

«Marc-André va bien réagir, je n'ai aucun doute. Il l'a déjà fait dans le passé, a affirmé son substitut chez les Penguins, Mathieu Garon. De toute façon, j'estime qu'il n'a pas grand-chose à se reprocher pour la défaite de samedi.»

Lundi, l'entraîneur Dan Bylsma a minimisé l'importance que Fleury va avoir à jouer ou même Sidney Crosby, ou quiconque dans l'équipe.

«Nous n'avons pas besoin que Sidney Crosby marque un but mardi pour l'emporter, a-t-il déclaré. Nous avons besoin que l'équipe joue bien. Nous devrons attaquer et forcer les Red Wings à jouer sur les talons. Nous devrons diriger 35 tirs au but et nous devrons remporter la bataille des unités spécialisées. Si nous faisons tout ça, il y a un joueur qui va marquer un gros but pour nous.»

L'an dernier, les Penguins s'étaient présentés pour le sixième match de la finale, chez eux, sur la montée d'adrénaline de la victoire de 4-3 décrochée à Detroit en troisième période de prolongation.

«La situation est différente, a corroboré Bylsma, confiant de voir ses hommes offrir une autre solide performance à la maison. La défaite de 5-0 a ramené tout le monde sur terre. Les joueurs qui étaient avec l'équipe, l'an dernier, ont vécu la déception de perdre en finale et ils ne veulent pas que ça se répète.»