Evgeni Malkin a donné la primeur à une centaine de journalistes, mardi: Maxime Talbot n'a pas de mains.

«Il n'a pas de très bonnes mains. Il a des occasions de marquer, mais il ne marque pas souvent, a dit Malkin, pince-sans-rire, de son compagnon de trio. Mais c'est correct, il va apprendre cet été.»

«Je suis bouche bée. Merci Geno!», a rétorqué Talbot, qui était aux côtés de Malkin pendant le point de presse tenu mercredi midi, à la veille du quatrième match de la série finale de la Coupe Stanley.

«Il me l'a dit tellement souvent en privé que je n'ai pas été surpris d'entendre ça», a ensuite commenté Talbot, avec le sourire, à un petit groupe de journalistes québécois. «Sauf qu'avant, c'était seulement lui, moi et l'équipe qui le savaient... Maintenant, tout le monde qui suit le hockey sait que je n'ai pas de mains!»

C'était évidemment une blague que lançait Malkin. Plus que jamais, au cours des présentes séries, Talbot montre qu'il a le don de marquer des buts à des moments importants. Comme il le faisait dans les rangs juniors, lui qui a notamment aidé les Olympiques de Gatineau à se rendre à la Coupe Memorial en 2004. Il avait marqué deux buts dans ce tournoi.

«J'ai joué contre lui chez les juniors, alors je sais depuis longtemps qu'il peut marquer des buts-clés, a dit Sidney Crosby, qui a amorcé sa carrière dans les rangs juniors avec l'Océanic de Rimouski en 2003-2004 avant de retrouver Talbot chez les Penguins. «Il carbure aux défis.»

L'attaquant de Lemoyne, qui est âgé de 25 ans, connaît le meilleur printemps depuis son arrivée dans la LNH en 2005. Il a six buts et trois aides. Il avait marqué 12 fois en saison régulière, soit seulement deux fois plus de buts qu'en séries... en quatre fois plus de rencontres.

Talbot n'a donc pas de mains... sauf quand ça compte.

«Il a prouvé encore (mardi) qu'il pouvait marquer... Pas tout le temps dans les pratiques, mais dans les matchs, oui», a lancé Fleury, en blaguant à son tour.

Mardi, dans le gain de 4-2 des Penguins, Talbot a réussi un doublé. Il a enfilé le premier but du match, ainsi que le but d'assurance dans un filet désert en fin de rencontre.

Malkin a vite ajouté, après sa boutade, qu'il aimait bien jouer aux côtés de Talbot. Le trio est complété par Ruslan Fedotenko.

«J'aime jouer avec lui parce qu'il joue avec émotion, a dit Malkin de Talbot. Il va à fond de train pendant tout le match. Il n'arrête jamais.»

«(Talbot) a beaucoup de détermination, a dit l'entraîneur des Penguins Dan Bylsma. Il n'a aucune retenue. Il va se battre sans relâche peu importe la situation. Il ne se laisse jamais distraire.

«Il n'arrête jamais de lutter et c'est ce qui lui permet d'obtenir des occasions de but. Et en obtenant des occasions, il finit par marquer de gros buts. C'est là sa force. Ce ne sont peut-être pas ses mains, mais c'est sa détermination, sa volonté. Ce sont là les qualités qui font de lui un joueur digne de la LNH.»

«Pas beaucoup de joueurs peuvent exceller en défensive, écouler les pénalités et également jouer avec des joueurs de premier plan à l'attaque. Il a fait du travail exceptionnel pour nous», a ajouté Crosby.

Pas comme un quatrième trio

Talbot reconnaît que jouer aux côtés de Malkin a ses exigences particulières.

«Ce n'est pas comme dans un quatrième trio, où tu peux te contenter de pousser la rondelle au fond de la zone, a noté Talbot. Il faut essayer de compléter ses jeux, de se mettre en position de tirer au but.

«Pour moi, c'est une belle opportunité de jouer avec un des meilleurs joueurs au monde.»

Talbot est par ailleurs conscient de ses atouts. C'est pourquoi il ne reprochera pas à Malkin d'avoir révélé son talon d'Achille au grand jour.

«On joue ensemble depuis trois ans, j'ai été son compagnon de chambre pendant deux ans, alors je sais que c'est juste un gars simple qui aime s'amuser, a affirmé Talbot. Il aime se moquer de moi dans le vestiaire.

«La clé, c'est dans la tête que ça se passe, a dit Talbot de son opportunisme. Vient un moment où tu te mets à croire que tu peux arriver à faire quelque chose dans les moments importants. Et il faut aussi savoir profiter de son temps de glace. Pour marquer des buts à des moments importants, il faut d'abord que l'entraîneur t'envoie sur la glace dans les moments importants. Et pour ça, il faut que tu joues bien à chaque fois qu'on t'envoie sur la patinoire. Il faut que tu sois constant.

«Le fait de jouer avec (Malkin) m'aide aussi à me retrouver dans ces situations-là. J'adore ce genre de défi. J'essaie d'en profiter au maximum.»

Même si deux de ses six buts ont été marqués en fin de match, dans un filet désert, cela dénote que l'entraîneur n'hésite pas à l'envoyer dans la mêlée dans les situations-clés.

«Si t'es pas là, tu ne peux pas les marquer ces buts-là, a souligné Talbot. Je suis fier de ça un petit peu aussi... Oui, il n'y a pas de gardien, mais il faut quand même que tu la mettes dedans. Si tu manques, l'autre équipe peut revenir et marquer. C'est là que ça fait mal. Si tu la mets dedans, ça permet de respirer, donc c'est important ça aussi.»