Entraîneur défensif, Jacques Martin? Pour tous ceux qui l'ont côtoyé, le nouvel entraîneur du Canadien n'a jamais étouffé les joueurs offensifs de ses équipes.

Le gardien Patrick Lalime ne comprend pas pourquoi certains reprochent à Jacques Martin d'être un entraîneur qui préconise un style défensif.

«Je regarde jouer les Red Wings de Detroit et c'est exactement ce que Jacques nous demandait de faire, s'assurer que les joueurs soient responsables défensivement, mais sans empêcher les attaquants d'être créatifs», a confié, hier après-midi, au bout du fil Lalime, qui a joué pour lui à Ottawa de 1999 à 2004.

«De toute façon, l'attaque part de la défense, poursuit-il. Souvent dans ta zone, tu sauves une chance de marquer, tu récupères la rondelle et ça te donne des chances de marquer par la suite. On le voit avec (Henrik) Zetterberg, qui va chercher la rondelle profondément dans son territoire à la place des défenseurs et qui relance l'attaque.»

Non seulement Martin permet-il aux joueurs offensifs de s'exprimer, mais il a le don de permettre à des jeunes attaquants de talent de s'épanouir.

«Son plus beau projet en carrière, c'est probablement Marian Hossa, a dit Lalime. Et je suis certain que Jacques va te le dire lui-même. Regarde comment Hossa est capable de jouer défensivement, comment il se replie tout en étant dangereux quand il a la rondelle. Je le regardais encore jouer dimanche, et c'était le Marian Hossa que je connaissais avec Jacques et qui a appris à faire ce qu'il voulait avec la rondelle, mais qui devait se responsabiliser défensivement quand il ne l'avait pas. Marian Hossa, dans mon livre, est complet.

«Mais il n'a pas toujours joué de cette façon, a ajouté Lalime. C'était un jeune, et les jeunes ont besoin de se faire diriger dans la bonne voie. Alfie (Daniel Alfredsson), c'est le même genre de joueur qui a profité des enseignements de Jacques. L'autre nom qui me vient en tête, c'est Martin Havlat. Ils sont prêts à se dévouer dans les deux sens de la patinoire, et c'est le style de joueur que Jacques affectionne. Il a fait une différence dans la carrière de ces gars-là et il aidera les jeunes à Montréal.»

Lalime estime que son ancien entraîneur est l'homme parfait pour le Canadien.

«Être un partisan du Canadien, je serais très heureux du dénouement des dernières heures parce que c'est l'un des meilleurs entraîneurs de la Ligue nationale. Sa grande qualité, c'est de se faire respecter dans le vestiaire. Il réussissait à passer son message. Tout le monde tirait dans la même direction. Il impose le respect et il sait où il s'en va. Il n'a pas peur de ses opinions. À Ottawa, il y a eu beaucoup de situations difficiles, comme la banqueroute, et il arrivait toujours à nous rassurer avec les bons mots. Jacques a déjà été un enseignant et ça lui est resté. Il sait aborder chacun de la bonne façon.»

André Savard a croisé Jacques Martin souvent au cours de sa carrière. À Québec, d'abord, au début des années 90, alors qu'il était son adjoint chez les Nordiques de Québec, puis à Ottawa où il est venu rejoindre Jacques Martin derrière le banc.

«Je ne lui colle pas du tout l'étiquette d'entraîneur défensif parce que c'est un gars qui a toujours laissé ses défenseurs appuyer l'attaque. C'est certain que c'est structuré, il a un système de jeu en place et le positionnement devient important. Tu ne peux pas te promener partout sur la glace. Ça ne se traduit pas nécessairement par du jeu défensif.»

Savard a aimé son expérience auprès de Jacques Martin. «C'est un passionné du coaching. Un gars très organisé, structuré. Il connaît la game. C'est un grand travaillant. Il a fait du bon travail à Ottawa. C'est un club qu'il a bien monté. Il possède beaucoup d'expérience, il communique bien avec les joueurs. Il est bon avec les jeunes. Il a beaucoup aidé Chris Phillips et Wade Redden. Il y a beaucoup d'éléments qui en font un bon entraîneur.»

L'ancien DG du Canadien se chargeait des infériorités numériques sous son autorité. «Et la préparation de match. Mais pendant les parties, Jacques aimait gérer son banc au complet seul. Je ne sais pas s'il le faisait en Floride, mais à Québec et à Ottawa, il s'occupait des défenseurs comme des attaquants.»

Le Canadien a mis la main sur un entraîneur qualifié et respecté.