Toujours faire plus avec moins. C'est le défi auquel est confronté Jim Rutherford avant le début de chacune des saisons des Hurricanes de la Caroline.

L'expérimenté directeur général se tire fort bien d'affaire, les Hurricanes en étant à leur troisième participation en sept ans à la finale d'association et ayant gagné la coupe Stanley en 2006. Aucune autre équipe dans l'Est peut se targuer d'avoir connu autant de succès en séries.

«Je suis fier de mon équipe», mentionne Rutherford, en toute modestie. C'est d'ailleurs le seul moment au cours de l'entrevue qu'il prendra un peu de mérite à son compte parce qu'il n'hésite jamais à faire rejaillir les succès des Canes sur tous les membres de l'organisation.

«J'ai la chance d'être bien secondé. Nous avons un département des opérations hockey très solide. Nous misons sur un groupe restreint de recruteurs, un des plus restreints à travers la Ligue nationale», souligne-t-il fièrement.

A défaut de pouvoir s'offrir la quantité, Rutherford ne lésine pas sur la qualité. Il sait s'entourer de gens compétents. A sa 15e année comme dg de la concession, anciennement les Whalers de Hartford, il n'a pas trop à craindre pour sa sécurité d'emploi.

«Je juge important que d'anciens joueurs qui possèdent de l'expérience des séries de la Ligue nationale fassent partie du personnel d'entraîneurs. Nous en avons quatre qui ont soit pris part à la finale de la Coupe Stanley ou qu'ils l'ont gagnée», dit l'ancien gardien de but en parlant de l'entraîneur Paul Maurice et de trois de ses adjoints Ron Francis, Tom Barrasso et Glen Wesley.

Maurice n'a jamais joué dans la LNH. Il était derrière le banc de l'équipe en 2002 quand elle s'est inclinée en finale face aux Red Wings de Detroit. Francis et Barrasso ont soulevé la coupe à Pittsburgh au tournant des années 1990, tandis que Wesley a fait partie de l'équipe championne des Canes en 2006.

La patience

Rutherford, âgé de 60 ans, a le don également de faire l'acquisition de joueurs au moment où leur valeur est basse, voire nulle, et de leur permettre de relancer leur carrière. Il y a de nombreux cas: Sergei Samsonov, qu'on a réclamé au ballottage, Tuomo Ruutu, Joni Pitkanen et Jussi Jokinen, obtenus dans des transactions mineures.

«Nous avons la main heureuse, avance-t-il, en rendant hommage au recruteur professionnel en chef de l'équipe, Marshall Johnston, anciennement des Sénateurs d'Ottawa. Nous avons la possibilité d'être patients, un luxe que des équipes comme le Canadien de Montréal ou les Maple Leafs de Toronto n'ont pas. Nous pouvons l'être, la pression est moins forte dans le marché dans lequel on évolue.»

La patience n'est effectivement pas une grande vertu des amateurs de Montréal. Samsonov l'a constaté au cours de son court séjour chez le Tricolore.

«Quand nous décelons une aptitude qui nous intéresse particulièrement chez un joueur, on s'efforce de lui fournir l'encadrement qui pourrait lui permettre de connaître du succès.»

Rutherford fait aussi remarquer qu'il n'a pas les moyens de dépenser l'argent sans compter. La masse salariale des Hurricanes s'est élevée à 48 millions $ US cette saison, soit environ huit millions $ de moins que le plafond de la LNH.

«Et 48 millions c'est encore un peu trop pour nous, dit-il. On doit opérer à une petite échelle, nous n'avons pas le choix. C'est notre philosophie d'organisation.»

Une philosophie que plusieurs organisations auraient intérêt à calquer.