L'ancien gardien du Canadien Jocelyn Thibault est un homme pondéré. Il ne crie pas au meurtre quand les gardiens de la LNH se font bousculer en séries éliminatoires, comme c'est encore le cas ce printemps. Il ne hurle pas lorsque le gardien se fait marquer après avoir été gêné dans son travail par le patin d'un attaquant adverse.

Mais il estime néanmoins qu'on devrait renforcer certains règlements afin d'aider les gardiens à faire leur travail.

«Chaque printemps, on semble se répéter, a-t-il souligné au bout du fil. Ce sont les séries éliminatoires et les joueurs essaient de repousser les limites de l'acceptable au chapitre de l'obstruction. On se met dans les pattes du gardien, on lui obstrue la vue, on se laisse tomber sur lui.

«À une certaine époque, a-t-il poursuivi, le joueur ne pouvait pas mettre le bout du patin dans le demi-cercle réservé au gardien. Je ne dis pas qu'il faut revenir à un règlement aussi radical, mais ce serait bien que le règlement soit net, clair et précis: chaque fois qu'on gêne le travail d'un gardien, l'arbitre devrait infliger une punition ou provoquer un arrêt de jeu. Les joueurs y penseraient deux fois avant de toucher au gardien. Le but devrait être refusé chaque fois qu'un joueur touche au gardien dans le demi-cercle.»

Malgré tout, Thibault a acquis du respect pour certains attaquants dont la spécialité est d'obstruer la vue du gardien. Il en nomme deux: Thomas Holmstrom, des Red Wings de Detroit, et Milan Lucic, des Bruins de Boston.

«Tomas Holmstrom n'est pas le plus grand ni le plus gros, mais c'est le meilleur dans le domaine, a dit Thibault. Il arrive toujours à se positionner devant le gardien tout en restant dans les limites des règlements. Il est très habile pour faire dévier les tirs. Sa plus grande force, c'est de bien deviner le jeu et il semble toujours se placer de la bonne façon selon le tir. En plus, il est habitué de jouer avec Lidstrom et compagnie, alors il y a une bonne chimie avec ses coéquipiers. Ce n'est pas le genre de gars qui tente de nous déconcentrer en nous parlant; de toute façon, la plupart des gardiens en ont entendu beaucoup depuis les rangs mineurs, alors les insultes ou la neige au visage après un freinage, ça ne nous dérange plus trop.»

Thibault, qui agit comme analyste à la télévision de Radio-Canada pour l'émission La zone, suit les séries éliminatoires de près. Sans surprise, Simeon Varlamov, à Washington, et Jonas Hiller, à Anaheim, constituent ses deux révélations.

«Varlamov m'avait impressionné une première fois en décembre quand il avait joué contre le Canadien. Il a un bon niveau technique, j'aime son calme. C'est dommage pour José Théodore, qui a perdu son poste après seulement un match, mais Varlamov fait du bon travail. Le seul reproche qu'on puisse lui faire, ce sont ses déplacements un peu trop agressifs. On peut faire un parallèle avec Marc-André Fleury, avec qui j'ai joué à Pittsburgh, et qui en début de carrière avait parfois tendance à se retrouver hors position. J'essayais de le lui dire, d'ailleurs, mais ça arrive souvent dans le cas de jeunes gardiens.»

Le Suisse Hiller est un autre gardien sur lequel Thibault n'aurait pas parié avant les éliminatoires. «Je n'aurais jamais pensé qu'il aurait commencé les séries. Mais il est la raison pour laquelle les Ducks sont là. Le nombre de tirs qu'il a reçus, c'est extraordinaire. C'est un bonhomme costaud, il prend beaucoup de place devant le filet et en plus, techniquement, il est solide. Tu vois qu'il travaille avec François (Allaire) depuis plusieurs saisons.»

Thibault a travaillé un peu moins d'un an sous les ordres de François Allaire à Montréal après avoir été échangé contre Patrick Roy, avant qu'Allaire ne soit remplacé par son frère Benoît à la fin de la saison 1995-1996.

«François a le don de clarifier les choses dans la tête d'un gardien. Il veut que tu arrives à l'aréna, que tu suives ses consignes et le reste se met en place. Souvent, un gardien se met de la pression et il subit la pression des entraîneurs. Mais avec François, tu fais confiance à ta technique et les choses tombent en place. Son approche nous aide énormément au plan psychologique.»

Thibault reste actif depuis la fin de sa carrière dans la LNH, qui l'a mené à Québec, Denver, Chicago, Pittsburgh et Buffalo.

«Je travaille sur un projet de complexe sportif à Sherbrooke avec les autorités de la région, et aussi pour une compagnie de hockey qui s'appelle Power-Tech. J'ai conçu pour eux un équipement de gardien qui va être sur le marché cet été.»