Quand il n'a pas son BlackBerry à l'oreille, Cam Neely le tient entre ses grosses mains et répond aux messages au même rythme qu'il enfilait les buts au cours de sa glorieuse carrière.

Ce n'est pas le temps de lui parler.

Quand il suit les activités sur la patinoire, Neely affiche le même regard d'acier qui faisait peur lorsqu'il endossait l'uniforme des Bruins. Avant la rencontre, pendant les entractes, après le match, même ceux remportés par son équipe, il semble dans un état second.

Personne n'ose le déranger.

Quand Neely profite de deux secondes de répit, il s'ouvre toutefois comme un grand livre, bourré d'histoires fabuleuses.

L'entraînement des Bruins tirant à sa fin, hier après-midi, au Centre Bell, l'occasion était idéale de rencontrer l'une des légendes des Bruins pour parler de cette 32e série opposant Montréal et Boston.

Les Bruins profitant d'une supériorité de 3-0 dans la série, Neely esquisse un large sourire lorsque La Presse lui demande si cette avance et l'élimination anticipée du Canadien représentent une source de satisfaction puisque Montréal a remporté 24 des 31 premiers affrontements.

«J'ai toujours aimé affronter le Canadien. En saison comme en séries. J'ai toujours adoré jouer à Montréal. C'était magique. La relation amour-haine qui oppose ces deux équipes n'a pas d'égale dans la Ligue nationale. Mais ce qui me plaît le plus, c'est le fait que les damnés fantômes soient demeurés au Forum», défile d'un trait l'ailier droit, membre du Temple de la renommée.

«J'aimerais être sur la patinoire»

Neely a endossé l'uniforme des Bruins de l'automne 1986 au printemps 1996; des blessures successives aux genoux l'ont contraint à mettre un terme hâtif à sa carrière.

Il détient toujours le record des Bruins en séries avec 55 buts, dont 24 en avantage numérique, en 86 matchs seulement. Ses 87 points le placent au septième rang des Bruins.

Et il ne faudrait pas oublier ses 160 minutes de pénalités. « Des fois, j'aimerais pouvoir retourner sur la glace et retrouver cette rivalité», indique celui qui occupe le poste de vice-président des Bruins.

Un titre qui décrit mal l'impact de Neely au sein de son équipe. Car les Bruins sont toujours son équipe.

Il bombe d'ailleurs le torse lorsqu'on lui fait remarquer que tous les joueurs de cette équipe patinent malgré l'avance de 3-0 dont ils profitent aux dépens du Canadien, alors que dans le camp du Tricolore, neuf joueurs seulement ont chaussé les patins.

«C'est ça les Bruins. C'est une équipe. Une équipe unie. Une équipe aussi bonne que les meilleures que nous ayons eues à Boston au cours de notre histoire», a lancé Neely.

Une équipe à l'image de son vice-président?

Un vice-président qui, sans jamais outrepasser l'autorité de Claude Julien, participe aux opérations quotidiennes de son club.

«Quand Peter - Peter Chiarelli, directeur général - m'a contacté pour m'offrir ce poste, j'ai dû réfléchir. Je suis un gars entier. Si j'embarque, je me lance à fond, sinon je n'y vais pas. Je ne pouvais refuser pareille occasion de revenir au sein de mon équipe. Les Bruins ont traversé plusieurs années difficiles et c'est enivrant de revenir à l'avant-plan. C'est emballant de revoir nos partisans derrière nous. L'an dernier, les partisans du Canadien envahissaient notre édifice par milliers. Cela a réveillé bien du monde. Cette année, on a repris possession de notre amphithéâtre.»

Beaucoup de succès contre Montréal

S'il est heureux de savoir que les fantômes n'ont pas suivi le Canadien du Forum au Centre Bell, Neely n'a jamais été trop dérangé par ces alliés mythiques du Tricolore.

Il a disputé sept des 32 séries opposant les deux équipes. Après avoir été balayés en quatre matchs en 1987, Neely et les Bruins ont remporté cinq des six autres duels, Neely marquant même quatre buts gagnants.

«J'ai eu la chance de jouer au sein de bonnes équipes. Mais franchement, la formation de cette année est impressionnante. Notre équilibre est idéal, tout comme le travail de nos entraîneurs. Nous sommes unis dans une même cause : gagner. Il nous reste un match à remporter. J'aimerais qu'on le fasse le plus vite possible. Car, contre Montréal, on ne sait jamais ce qui peut arriver...»