On s'entend-tu pour dire que ça va brasser ? Et pas mal à part ça.

Et si le Canadien mise sur Georges Laraque pour venir à bout du jeu intimidant des Bruins, il mise sur le mauvais cheval. Laraque a vieilli. Il n'a presque pas joué de la saison. Et sa lenteur est proverbiale. Normal, Laraque est tellement gros, tellement tout en muscles, qu'il semble patiner avec un piano sur le dos. Regardez-le, il peine à rejoindre les autres. Il est toujours en dehors de l'action. Or, comment voulez-vous frapper quelqu'un si vous n'êtes même pas en mesure de le rejoindre? Fondamental, non?

La question à cent dollars maintenant: comment intimider des adversaires si vous vous retrouvez toujours à une vingtaine de pieds derrière eux?

Répondez...

De quelle façon Laraque pourra-t-il intimider les Bruins s'il ne se retrouve jamais dans le feu de l'action, là où ça brasse? Comment les Bruins pourront-ils se laisser intimider par un joueur qui se retrouve toujours à la traîne comme on dit, loin derrière eux à constamment chercher son troisième souffle?

La réponse est simple, en changeant complètement sa façon d'effectuer son travail.

On est rendu en séries, gros Georges. Plus question d'attendre que le fax sonne avant de laisser tomber les gants. Si Laraque ne l'a pas encore pas compris, j'espère que Gainey se chargera de le lui rappeler.

Ne reste donc à Laraque qu'une seule façon de travailler, celle d'attendre un arrêt de jeu avant de s'exécuter. Lors d'une bousculade survenue à l'entrée du filet adverse par exemple. Sans demander la permission à personne. Sans attendre le consentement du joueur visé avant d'entamer les procédures, comme on dit. Bref, Laraque devra travailler comme il a toujours refusé de le faire cette saison: frapper d'abord et poser les questions ensuite.

Cela dit, Laraque ferait mieux d'être au sommet de son art tellement les Lucic et Chara l'attendent de pied ferme.

«Il ne me servira à rien de courir après Lucic, a dit Laraque, puisque les arbitres vont tout de suite m'avoir à l'oeil.»

Courir après Lucic, Laraque fait bien d'oublier ça. Avec son piano sur le dos, Laraque n'est pas équipé pour courir après personne. Sur la glace, on dirait une tortue. Le plus beau cadeau que Gainey pourrait faire à Julien, ce serait d'accorder à Laraque une quinzaine de minutes de temps de jeu par match. Une quinzaine de minutes où les Bruins se retrouveraient à cinq contre quatre, genre...

Et puis, quant à l'aspect dissuasif que suscite la présence de Laraque sur la patinoire, disons que ça s'est passablement atténué avec le temps. Au fait, combien de bagarres Laraque a-t-il gagnées cette saison? Une? Deux? Et combien en a-t-il perdu?

Répondez...

Trop peu, trop tard, le mot est passé à travers la ligue mes amis, le bon vieux Georges a bien ralenti et je ne crois pas qu'il y ait un Bruins à l'heure actuelle qui tremble à l'idée de devoir affronter le redresseur de torts du Canadien.

Quant à Lucic et Chara, Laraque ferait mieux de se méfier. Lucic, en plus d'être jeune et puissant, est d'une rapidité inouïe. Si jamais Laraque et Lucic devaient en venir aux coups, Laraque risque de se faire surprendre. Idem pour Chara que Laraque n'a jamais vraiment voulu affronter, hormis les quelques fois où les deux se sont mis à danser, y allant de quelques sparages inefficaces qui témoignaient plus de la volonté de chacun de ne pas s'engager dans un véritable combat.

Pourquoi tant insister sur l'aspect intimidation si ce n'est pour dire que c'est d'abord et avant tout à ce chapitre que se jouera la série.

«Nous devrons faire preuve d'une témérité contrôlée», a tenté d'édulcorer Komisarek.

Témérité contrôlée mets-en, surtout quand on sait qu'à cet égard le CH arrive bon deuxième...

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Il faut avoir évolué chez les professionnels, tous sports d'équipe confondus, pour réaliser à quel point les matches disputés en séries éliminatoires sont exigeants et infiniment durs physiquement.

Quand une équipe doit affronter une formation aussi robuste que celle des Bruins, chacun doit être prêt à intervenir en tout temps sinon c'est la débandade assurée.

À cet égard, le Canadien n'est pas équipé pour veiller tard. Sûr que les Stewart, Hamrlik, Gorges, Brisebois -mon dieu Brisebois !- auront besoin de tout leur petit change et d'une bonne dose de courage s'ils espèrent donner la réplique aux Bruins.

Je ne suis pas souvent en désaccord avec mon collègue et ami Pierre Ladouceur mais en choisissant le Canadien pour l'emporter en six matches contre les Bruins, Pierre m'a fait beaucoup de peine puisqu'il balaie sous le tapis les ravages qu'occasionne une équipe disciplinée comme celle des Bruins qui en plus mise sur l'intimidation.

Parce que c'est ce que sont les Bruins, une équipe intimidante qui aime brasser et qui la plupart du temps remporte la majorité de ses combats. Et on n'a pas encore parlé de leur attaque explosive...

Une équipe soudée donc, superbement bien dirigée par Claude Julien, qui tout au cours de la saison a démontré une très belle homogénéité. Ce qui n'est pas le cas du Canadien.

Il y a quelques semaines à peine, le Canadien se retrouvait sans entraîneur et devait par le fait même repenser tout son système de jeu. Si sa défensive s'est resserrée depuis quelques matchs, il est clair que le nouveau système de jeu implanté par Gainey n'a pas encore été complètement assimilé par ses joueurs. D'où le nombre effarant de revirements et de bavures de toutes sortes commis au cours des dernières semaines.

En somme, ça va prendre plus qu'un Laraque au sommet de son art pour espérer dompter les Bruins.

En fait, ce que ça va prendre, c'est une espèce de miracle. Et des miracles, Carey Price a eu beau en réussir quelques-uns, jeudi et samedi derniers notamment, ça n'a quand même pas suffi.

Me suivez-vous ?

Les Bruins en six.