Patrice Bergeron reprenait son souffle entre deux exercices au centre d'entraînement des Bruins, mercredi midi, lorsqu'il a fait un petit signe de tête discret pour souhaiter la bienvenue au représentant de La Presse.

Il pourrait bientôt souffrir d'un torticolis.

Car les journalistes québécois débarqueront en masse à Boston, jeudi, et ils seront légion, la semaine prochaine, si le Canadien et les Bruins se croisent pour la 32e fois de leur histoire en séries éliminatoires.

«Ce sera les séries avant les séries», a d'ailleurs reconnu Bergeron en parlant du match de jeudi soir. Un affrontement que les Bruins prennent très au sérieux, même si leur titre de champions de l'Association est acquis depuis un moment.

«Je ne dirais pas qu'on a un message à livrer au Canadien au cas ou on les affronterait en séries. Mais on veut bien finir l'année pour entrer en force en séries. Mais si en même temps ça peut servir de message, ça ne nuira pas», a ajouté Bergeron.

Il faut dire qu'avec 24 défaites en 31 duels de séries contre le Canadien, les Bruins ont intérêt à mettre toutes les chances de leur côté et d'éviter de laisser naître un sentiment de confiance dans le vestiaire du Canadien.

Avec une victoire jeudi, les Bruins mousseraient à cinq leur série de gains consécutifs après une défaite en fusillade lors du premier rendez-vous de la saison, au Centre Bell, le 15 octobre dernier.

Deux vengeances plutôt qu'une

Se gardant bien d'espérer un duel Montréal-Boston en première ronde des séries, Patrice Bergeron aurait plusieurs bonnes raisons de favoriser une telle confrontation.

Il a vécu la déception de laisser filer une avance de 3-1 en 2004, alors que le Canadien, huitième dans l'Est, avait causé la surprise des séries en éliminant des Bruins champions d'association.

Et il a été le témoin impuissant de la défaite des Bruins en sept matchs contre le CH, le printemps dernier.

Quelle déception a été la plus vive?

«Bien que différentes, elles sont toutes deux aussi grosses. J'étais le partisan numéro un de l'équipe, l'an dernier. Je m'entraînais, je voulais revenir, j'appelais le médecin à tous les jours pour savoir s'il me donnait le feu vert et je ne l'ai jamais obtenu, a raconté Bergeron avec dépit. Mais je me souviens que la défaite de 2004 avait fait très mal. La seule chose de positive, c'est que moi, comme ceux qui l'ont vécue, ont appris une bonne leçon. À cause de ça, je n'aborderai jamais plus une série trop confiant et je ne croirai jamais plus qu'elle est terminée avant qu'elle ne le soit vraiment.»

Auteur de sept buts seulement en 63 rencontres, Patrice Bergeron n'a pas marqué à ses 15 derniers matchs. Il a toutefois récolté neuf de ses 29 passes récoltées cette année.

Julien: confiance prudente

Claude Julien a vécu les deux derniers affrontements Boston-Montréal en séries. Il était derrière le banc du Canadien lors de la surprise de 2004. Il était derrière celui des Bruins, l'an dernier, lorsqu'ils ont poussé la série à la limite des sept matchs contre Montréal.

Il est donc bien à même de jauger l'importance du match de jeudi.

«Les matchs Montréal-Boston sont toujours spéciaux à cause de la rivalité. Celui-ci le sera encore plus parce qu'on pourrait se croiser en séries. On veut gagner, c'est sûr, parce qu'on veut gagner tous nos matchs», a lancé Julien en pesant bien ses mots.

Cela dit, maintenant qu'ils sont champions d'association, les Bruins lorgnent-ils le championnat de la saison régulière?

«On n'a pas fait de la coupe du Président un objectif. Notre but est de disputer de bons matchs pour arriver prêts aux séries. On a eu un bon entrainement encore aujourd'hui mais, en même temps, on peut se permettre de garder des gars au repos pour qu'ils soient en pleine forme pour les séries.»