Le Wild du Minnesota est à quelques défaites d'une exclusion des séries éliminatoires, mais Jacques Lemaire dit avoir un plaisir fou à diriger son club. Beaucoup plus que l'an dernier alors qu'il comptait sur une équipe nettement plus talentueuse. Voilà qui pourrait encourager ceux qui craignent de le voir prendre sa retraite à la fin de la saison...

«Ils (les journalistes) me posent la question tous les ans, a-t-il confié hier après-midi au bout du fil. L'année passée, ils ont été là-dessus pendant un mois. Un peu avec raison. Avant que l'équipe ne se mette finalement en marche l'année dernière, je sentais que le club ne jouait pas à son plein potentiel. J'avais beaucoup de frustration parce que je voyais que les gars ne donnaient pas leur plein rendement. C'est ça qui est frustrant dans le coaching, qui démoralise. À un moment donné, tu te demandes si c'est toi qui ne fais pas l'ouvrage. Tu peux en faire une affaire personnelle. Tu commences à douter. Ça a été difficile et mon entourage, comme les journalistes, le voyait bien.»

Les choses ont changé depuis. Lemaire a perdu des soldats au cours de la saison morte. Pavol Demitra, Brian Rolston, Sean Hill, Mark Parrish et Keith Carney. Il a accueilli Andrew Brunette, Antti Miettinen, Owen Nolan, Marek Zidlicky et Marc-André Bergeron. Il aime la détermination de son club actuel.

«Nous n'avons pas gagné trois matchs de suite depuis novembre, mais nous n'avons pas eu les problèmes majeurs de l'an passé, a-t-il dit. Une équipe va faiblir quand elle perd Gaborik, Burns et Brunette à cause des blessures, mais les gars ont toujours su rebondir après quelques défaites. Ça te dit qu'ils viennent pour jouer. C'est nettement plus agréable cette année.»

On ne donnait pas cher du Wild, dimanche. Le gardien Niklas Backstrom représentait un cas incertain pour le match contre les Oilers d'Edmonton, Mikko Koivu tentait un retour sur une jambe, Brunette jouait encore avec un genou en compote et une défaite aurait virtuellement éliminé l'équipe. Mais cette bande de joueurs courageux a disputé un match presque parfait en défense pour vaincre les Oilers. Mardi, ils ont su arracher un point aux Canucks de Vancouver.

«Il y a de quoi être fier d'eux. Je dois donner des congés d'entraînement à Brunette pour lui permettre de récupérer. Koivu, c'est mon cheval. Il est revenu au jeu plus vite qu'on pensait, il a même surpris les médecins! Et quand il est revenu, on a senti sa présence. Ça a été certainement mon meilleur joueur cette année. Backstrom est deuxième et Kim Johnsson, troisième. Les autres ont eu des hauts et des bas.»

Le retour au jeu de Marian Gaborik, il y a 10 jours, a permis au Wild d'espérer une participation aux séries. Gaborik, qui a raté 65 matchs, a amassé huit points, dont quatre buts, en six rencontres.

«Nous avons eu des problèmes à marquer des buts cette saison et depuis qu'il est revenu, Gaborik a participé à 50 %. À l'extérieur de la patinoire, il a une bonne attitude, il est de bonne humeur, comme il a toujours été.»

Malheureusement, Gaborik deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison et Lemaire ne se fait pas d'illusions.

«Ça va être très difficile de le garder. La décision va être prise par lui, par personne d'autre. Doug (Risebrough) a essayé de le garder. Mais il (Gaborik) a refusé 76 millions pour 10 ans. C'est évident que si l'équipe remettait cet argent sur la table aujourd'hui, il signerait tout de suite. Il n'y a pas beaucoup de joueurs dans la Ligue nationale qui peuvent changer le cours d'un match comme il le fait.»

Au moins, le Wild a su retenir son gardien Niklas Backstrom, qui a signé récemment un contrat de trois ans pour 18 millions.

Backstrom a brillé une fois de plus à sa troisième saison dans la LNH et, pour la première fois depuis des lustres, Jacques Lemaire n'a pas eu recours à un système d'alternance devant le filet. Le Finlandais a disputé 67 matchs cette saison et n'aura sans doute pas de difficulté à atteindre la marque de 70.

«Je suis étonné par sa résistance parce que c'était peut-être une lacune dans son cas, a mentionné Lemaire. J'en discutais souvent avec (l'entraîneur des gardiens) Bob Mason ; Backstrom entre dans sa bulle avant les matchs, il est très concentré, au point où ça lui enlève beaucoup d'énergie. Son style papillon lui demande aussi beaucoup d'énergie. Mais il commence à se placer cette année et il y a des matchs où il a bien fait dans les situations de deuxième partie en deux soirs. En général, on est très satisfaits de ce qu'il nous a apporté.»

Alors, Jacques, de retour l'an prochain, pour ta dernière année de contrat?

Il éclate d'un rire sonore.

«Je suis incapable de répondre aujourd'hui. Je vais peser le pour et le contre à la fin de la saison, comme à chaque année. Sauf qu'on a eu du plaisir cette année, c'est évident.»

Il prend cependant soin d'ajouter:

«J'ai 63 ans. On avance...»

Oui, mais Marv Levy n'a-t-il pas dirigé un club de la NFL jusqu'à 72 ans?

«Bonne chance, rétorque-t-il en éclatant à nouveau de rire. Ça, et tu peux le marquer, je ne me rendrai pas là!»