Cristobal Huet n'a contacté aucun de ses anciens coéquipiers depuis qu'il a mis les pieds en ville.

Il en a déjà plein les bras à se préparer mentalement en vue d'un match qui lui donne une rare occasion de se faire valoir auprès de son entraîneur.

«Le coach (Joel Quenneville) m'a demandé si j'étais prêt à jouer et, puisque ça fait cinq matchs que je ne joue pas, je n'étais pas bien placé pour refuser, a expliqué Huet.

«Je n'ai pas été très bon à mes trois ou quatre derniers matchs et ce match va être important pour que je retrouve ma confiance.»

Confronté à un curieux partage de tâche avec Nikolai Khabibulin, Huet a présentement d'autres considérations que de s'épandre sur son premier match face au Canadien.

De toute façon, le gardien français n'a jamais été du genre à faire vibrer la corde de l'émotion!

«Je suis arrivé à Montréal, hier, et ça fait toujours plaisir de revenir, a confié Huet. Et je sais que, quand le match va commencer, ça va spécial de voir le Canadien sauter sur la glace de l'autre côté.

«Ceci dit, il y a beaucoup en jeu pour les deux équipes et il faut faire la job. Alors, malheureusement, ce sera un match comme les autres.»

Mais on aurait tort de penser que Huet reste insensible à l'idée d'affronter le Canadien. Car c'est aux bons soins de l'entraîneur Roland Melanson qu'il a peaufiné sa technique pour devenir un véritable gardien de la LNH.

Du «projet» qu'il était au moment où le Tricolore l'avait acquis des Kings de Los Angeles, il est devenu un gardien suffisamment estimé pour que les Hawks lui consentent plus de 5,6 millions par saison l'été dernier.

«Montréal a marqué un tournant dans ma carrière, a admis le gardien de 33 ans. J'ai eu la chance de travailler avec Roland, et j'ai été au sein d'une organisation incroyable dont le personnel a été formidable avec moi pendant trois ans.

«Dans mon cas, la pression et l'enthousiasme des partisans m'a aidé à franchir un autre palier. Mais je sais que ça peut aussi détruire des carrières.»

Huet change d'Abby

À Montréal, Huet a déjà eu comme adjoint le gardien David Aebischer, que tout le monde surnommait «Abby».

Étrangement, c'est le même surnom dont a hérité Nikolai Khabibulin à Chicago après avoir été le «Bulin Wall» à Tampa Bay.

Huet a donc changé d'Abby, mais Khabibulin le confronte à une situation complètement différente que ne le faisait Aebischer à Montréal.

Car Huet a beau être payé comme un numéro un, c'est le vétéran gardien russe qui a le haut du pavé.

«Je ne m'étais imaginé aucun scénario en m'en venant à Chicago, confie-t-il. Je savais qu'il y avait une possibilité qu'Abby reste ici.

«Je sais que c'est ma responsabilité d'avoir laissé filer les trois ou quatre derniers matchs auxquels j'ai participé. C'est frustrant d'avoir connu une léthargie juste avant que Khabibulin ne revienne de sa blessure, mais je dois désormais prendre chaque match comme une chance de montrer que je mérite de jouer.»

Huet a joué 39 matchs cette saison, soit trois de plus que Khabibulin. Leurs moyennes de buts alloués sont semblables (2,50 pour Huet et 2,54 pour Khabibulin), tout comme leur taux d'arrêts (,910 contre ,915).

Mais Joël Quenneville semble avoir fait son choix. Khabibulin sera selon toute vraisemblance son homme de confiance lors des séries éliminatoires.

Huet a donc raison de juger qu'il jouera gros, ce soir, face au Tricolore.