Le débat sur la vente possible du Canadien s'est transporté sur la patinoire politique, hier. La Caisse de dépôt et placement devrait s'impliquer dans l'achat du CH s'il est sur le marché, a soutenu la chef péquiste Pauline Marois. Et le premier ministre Jean Charest a évoqué la possibilité que l'État intervienne afin de s'assurer que le club de hockey demeure à Montréal.

«Peu importent les scénarios qui seront élaborés, l'équipe va rester à Montréal», a affirmé M. Charest en Chambre, hier. Appelé à préciser les propos de son patron, l'attaché de presse Hugo D'Amours a indiqué que «le premier ministre exprime non seulement son souhait, mais sa volonté que le Canadien reste à Montréal».

 

Comment le gouvernement interviendrait-il? Financerait-il un éventuel acheteur à la condition qu'il s'engage à ne pas déménager le club? «On n'en est pas là, puisque le Canadien n'est pas à vendre», s'est-il contenté de répondre.

Pour Pauline Marois, la Caisse de dépôt ferait une bonne affaire en aidant financièrement un investisseur québécois à mettre la main sur le CH.

«Selon toutes les informations que l'on a, le Canadien a plutôt connu de bonnes années et a eu de bons rendements. Donc, ça pourrait être un investissement intéressant», a-t-elle affirmé en conférence de presse.

En 2001, la Caisse avait prêté 140 millions de dollars à l'homme d'affaires américain George Gillett pour qu'il se porte acquéreur de 80,1% des parts du club de hockey et de la totalité du Centre Bell, au coût de 275 millions.

La Caisse devrait cette fois donner un coup de pouce à un investisseur québécois, alors que la mise en vente du Canadien est évoquée, estime Pauline Marois.

La valeur des actifs détenus par M. Gillett se chiffre aujourd'hui à 267,5 millionsUS, en hausse de 18% depuis un an, selon le magazine Forbes. L'année dernière, les profits du Canadien ont atteint 39,6 millionsUS, sur des revenus de 139 millionsUS.

Lors de la période des questions en Chambre, Pauline Marois a condamné les propos de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, qui, mardi, s'est montrée réticente à l'idée que l'argent des contribuables serve à acheter le Canadien.

«Vous allez demander à la Caisse de dépôt si c'est un bon placement...» a lancé la grande argentière du gouvernement en éclatant de rire. Investirait-elle dans l'achat du Canadien? «Disons que non», a-t-elle répondu.

Pauline Marois trouve «déplorable» que «la ministre, qui est le plus important déposant à la Caisse, envoie un signal aux gestionnaires de la Caisse de ne pas s'impliquer dans le dossier».

«Elle a parlé sans savoir parce que le club du Canadien de Montréal, c'est une entreprise rentable, c'est un placement qui s'est avéré payant pour son propriétaire actuel à tout le moins, a dit Mme Marois. La ministre des Finances et le premier ministre préfèrent investir dans des aéroports à Londres qui font faillite plutôt que d'investir dans le Canadien de Montréal, qui a l'air de se porter pas trop mal.»

Jean Charest a martelé que «tout le monde reconnaît et convient que le Canadien de Montréal va rester à Montréal».

Le conseil des ministres est divisé sur la possibilité que la Caisse achète le club. «Si c'est une bonne affaire, pourquoi pas!» a lancé le ministre délégué aux Transports, Norman MacMillan.

«Il y a assez de monde actuellement qui ont l'argent» pour se porter acquéreur du CH, a affirmé de son côté Raymond Bachand, rejetant une intervention de l'État.

Selon le ministre du Développement économique, «il y a beaucoup de groupes assez forts maintenant au Québec qui seraient capables probablement de participer à une éventuelle transaction». Il «aimerait bien mieux» que des Québécois, plutôt qu'un étranger, mettent la main sur le CH si le club est mis en vente, bien que l'Américain George Gillett «a été et est un excellent propriétaire».

Le député de l'ADQ François Bonnardel s'est montré ouvert à l'idée que la Caisse de dépôt prête à un éventuel acheteur québécois, comme elle l'a fait en 2001 pour M. Gillett.