À l'origine, Guy Carbonneau ne devait pas célébrer ses 49 ans ainsi. Mais mercredi, il est venu faire le bilan de son règne comme entraîneur-chef du Canadien exactement comme il a dirigé l'équipe: il l'a fait à sa manière.

«Je voulais m'assurer qu'il y ait beaucoup de monde à mon party d'anniversaire», a blagué Carbo devant une foule de journalistes.

Mais derrière ce badinage, il y a une incompréhension qui demeure. Car dix jours après avoir été flanqué à la porte, Carbo se demande encore pourquoi son patron et ami Bob Gainey a agi ainsi.

«Je ne m'attendais pas à une telle décision car je croyais qu'on était de retour dans la bonne direction», a-t-il mentionné.

Au retour de Dallas, le lundi 9 mars, Gainey a sonné chez son coach sur le coup de 16 heures. La discussion entre les deux hommes n'a duré qu'une dizaine de minutes.

«Après la saison, on aura la chance de s'expliquer plus en détails», a indiqué Carbo.

Il compte laisser le temps faire son oeuvre afin d'éclaircir certaines zones grises entourant son congédiement.

«Un jour, la vérité va sortir», a mentionné Carbo tout en assurant qu'il n'avait jamais»perdu son vestiaire».

Carbo n'avait pas l'intention de faire le procès d'aucun joueur, mercredi.

Mais à mots couverts, on a pu sentir une dissension entre certains vétérans et lui.

Comme lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il y avait des pommes pourries au sein de son équipe...

«C'est maintenant à Bob et à la direction de les trouver, a-t-il répondu. S'il s'en trouve parmi les 11 joueurs qui deviendront autonomes l'été prochain, ce sera le bon moment de s'en débarrasser.»

Carbo a d'ailleurs noté que les nombreux vétérans en dernière année de contrat ont d'ailleurs rendu le climat de travail plus difficile.

«On ne peut pas cacher qu'il s'agit là d'une situation extrêmement difficile, a reconnu Carbo. Avec les montants d'argent accordés de nos jours, tout le monde veut tirer la couverture de son côté.

«C'est une situation exceptionnelle à laquelle le Canadien n'avait jamais été confronté. Le prochain entraîneur devra en tirer les leçons.»

Un adjoint pour la communication

Carbonneau, dont la relation avec les médias a toujours été excellente, a répondu à plusieurs questions portant sur son manque de communication ¬ le reproche le plus fréquent venant des joueurs.

«Dans mon temps, quand tu ne jouais pas, on déposait une serviette à ton casier, a raconté Carbo.

«J'ai été élevé de façon plus directe et j'ai appris à régler mes problèmes moi-même.

«Bob me connaît depuis que j'ai 20 ans, il savait qui j'étais en m'embauchant, a-t-il poursuivi. Il y a des lacunes que j'ai voulu corriger, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain.»C'est d'ailleurs pour pallier cette lacune que Carbo s'était assuré les services de Kirk Muller, un homme affable et facile d'approche.

«Dans le profil d'adjoint que je recherchais, j'aurais aimé avoir un ancien défenseur, a précisé Carbo. Mais je cherchais aussi un communicateur, un gagnant et quelqu'un avec qui je m'entendais bien.

«Et un seul nom revenait toujours, celui de Kirk Muller.» Quant à Doug Jarvis, s'est contenté de noter Carbo, il était déjà en poste au moment de son embauche.

Le spectre de l'an passé

Carbo s'est dit extrêmement fier de ce qu'il a accompli en quatre ans.

«On a remporté le titre de l'Association Est l'an dernier, je suis arrivé deuxième au titre d'entraîneur de l'année et j'ai participé au match des Étoiles cette saison.

«Ce sont de grands moments dans ma carrière et dans ma vie.»

Fort d'une récolte de 104 points l'an passé, Carbo avait entamé la saison en gérant des attentes plus élevées et un besoin de gagner rapidement en raison du Centenaire.

«Mais en tant que coach, c'est le genre de pression que tu veux, s'est-il empressé d'ajouter. Si l'on ne parle pas de séries ou de Coupe Stanley, c'est que ton équipe est à la traîne.»

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi le train a déraillé. Le fait que plusieurs joueurs aient été blessés pour de longues périodes en est un.

Faisant l'éloge de Robert Lang, Carbo a dit que sa blessure avait été une «perte énorme» pour le club.

Néanmoins, s'il devait isoler une seule explication, Carbo opterait pour un manque global de cohésion.

«L'an passé tout fonctionnait», a-t-il expliqué en joignant les doigts des deux mains.

«Nos gardiens étaient solides, l'avantage numérique marchait... Cette année, il y avait du sable dans l'engrenage.

«Mais j'avais encore confiance de remettre l'équipe sur la bonne voie et créer une surprise en séries.»