Aussi à l'aise devant les journalistes que devant le filet des Devils du New Jersey, Martin Brodeur a illustré bien simplement l'importance qu'il accordait au record de 551 victoires en saison régulière établi par Patrick Roy.

Un record qu'il tentait d'égaler hier et qu'il améliorera au fil des prochains matchs et des prochaines saisons.

«C'est un record qui dit tout», a bien franchement admis le gardien montréalais. On joue pour gagner. Il n'y rien de plus important que la victoire, et c'est exactement ce que ce record représente», a ajouté un Brodeur détendu, hier midi, au Centre Bell.

 

«Honnêtement, je suis un peu nerveux», a toutefois assuré le gardien de l'heure dans la LNH.

«Avec mes deux septièmes matchs en finale de la Coupe Stanley - une défaite aux mains de Patrick Roy et de l'Avalanche du Colorado en 2001 et une victoire aux dépens de Jean-Sébastien Giguère et des Mighty Ducks d'Anaheim en 2003 -, la partie de ce soir sera l'une des plus importantes de ma carrière», a indiqué Brodeur, qui ne savait pas quel genre d'accueil les partisans du Canadien allaient lui réserver.

«Après tout, je viens ici pour battre leur équipe. Je ne suis pas certain que ça fasse leur affaire. Mais j'aurai beaucoup de parents et d'amis dans les gradins également. Peut-être qu'ils arriveront à faire du bruit», a lancé Brodeur en riant.

Bénédiction de Roy

Avant de se rendre au Centre Bell pour croiser les journalistes, Martin Brodeur a reçu une bénédiction qu'il n'attendait pas, hier matin.

Celle de Patrick Roy, qui s'est rendu à l'hôtel pour croiser celui qui améliorera sous peu un record qui n'aura pas résisté aux années. «Nous ne sommes pas des grands copains, mais je suis très heureux qu'il ait pris le temps de venir me voir pour me souhaiter bonne chance. On a pu parler un peu. Il demeure le gardien qui m'a servi d'exemple, comme à bien d'autres gardiens. Quand vous regardez ça, les jeunes imitent encore Patrick, alors que moi, il n'y a pas beaucoup de jeunes qui m'imitent», a ajouté Brodeur.

Lorsqu'on a demandé à Brodeur ce que l'avenir lui réservait, s'il avait un chiffre en tête pour mettre le record de victoires hors de portée pour de bon, le Québécois a rassuré ses partisans qui ne veulent pas le voir quitter... tout comme ses coéquipiers des Devils.

«Je ne suis pas prêt à prendre ma retraite. Loin de là. Il me reste encore trois saisons à écouler à mon contrat et c'est sûr que je vais me rendre au bout de ce contrat. Après, on verra. Mais si la passion est là, je ne vois pas pourquoi je ne continuerais pas. La blessure qui m'a fait rater 50 matchs cette saison - une déchirure d'un muscle du bras gauche - m'a permis de réaliser à quel point j'aime encore jouer au hockey. Une fois les 551e et 552e victoires remportées, je vais viser un chiffre rond. Je vais viser 600, et après on verra.»

Parmi ses 550 victoires, dont 100 par jeu blanc, Brodeur n'a pu relever celle qui avait le plus marqué sa carrière.

Il s'est plutôt tourné vers un verdict nul de 0-0 comme premier fait saillant lui venant en tête.

«On affrontait les Sabres de Buffalo. Dominik Hasek et moi avions fait face à une quarantaine de tirs et les deux équipes avaient eu des tas de bonnes occasions de marquer. Après le match, Dom avait conservé la rondelle et je l'avais contacté pour lui dire que je gardais toutes les rondelles marquant mes jeux blancs. Je lui ai demandé de scier la rondelle en deux», a raconté Brodeur, qui a eu d'autres duels épiques face au Dominator.

«Ma première série éliminatoire en carrière, je l'ai jouée contre Buffalo. Un des matchs de la série s'est rendu en quatrième période de prolongation et c'était 0-0. Tout le monde dormait dans l'amphithéâtre à Buffalo, mais ça demeure un match dont je me souviens», a indiqué Brodeur.

En passant, c'est Hasek qui a eu le dessus lors de cette rencontre.