Patrick Roy et Martin Brodeur ne sont pas des amis proches. Mais leur carrière les a rapprochés. Samedi soir au Centre Bell, Brodeur avait l'occasion d'égaler le record de 551 victoires appartenant à Roy, son idole de jeunesse.

«Je vois Patrick d'un oeil différent des autres», a relaté Brodeur lors d'un point de presse fort sympathique organisé par les Devils du New Jersey au Centre Bell. «Je l'ai vu jouer et j'ai joué contre lui. On n'est pas très proches. On ne se téléphone pas à tous les jours. Mais j'ai vraiment apprécié qu'il prenne la peine de venir me voir à l'hôtel ce matin pour me souhaiter bonne chance même s'il a un horaire chargé avec son équipe. J'étais très content de le voir.» Roy se proposait d'assister à la rencontre en soirée.

Brodeur a rappelé son premier match au Forum contre Roy. C'était le 8 décembre 1993. Les Devils l'avaient emporté 4-2.

«Je me souviens très bien de cette première partie. Ce n'était pas tellement l'idée d'affronter Roy. Je n'étais pas en compétition avec Patrick. J'étais au Forum et je me rappelle d'avoir ressenti une grande sensation. C'était incroyable d'entendre les hymnes nationaux et de voir toutes les bannières accrochées au plafond.»

Roy et Brodeur ont eu l'occasion de s'affronter à plusieurs reprises par la suite.

«Il y a eu plusieurs matchs, contre Montréal et le Colorado», a rappelé Brodeur, quatre fois vainqueur du trophée Vézina. «Je me souviens d'avoir perdu le septième match de la finale contre l'Avalanche. C'est un match que j'aimerais bien reprendre.»

Un style bien personnel

Brodeur pratique un style qui lui est propre. C'est un style hybride que personne n'a vraiment copié.

«Patrick avait un style que tous les jeunes ont voulu imiter. C'était un exemple, a expliqué Brodeur. Mon style, personne n'en veut», a-t-il ajouté en riant.

«Je ne suis pas aussi fort que Patrick au plan technique. Mais j'avais le talent de pouvoir m'inspirer de plusieurs gardiens comme Roy, (Dominik) Hasek, (Ed) Belfour. J'ai pu ainsi m'ajuster à différents styles.»

Brodeur conserve de beaux souvenirs des matchs l'ayant opposé à Hasek, un gardien au style peu orthodoxe.

«Il y a un match que je n'ai pas gagné. Ca s'est terminé 0-0. On avait tous les deux reçu plus de 40 lancers. Au son de la sirène, Hasek a récupéré la rondelle, ce que je voulais faire moi-même. J'avais l'habitude de garder les rondelles de mes victoires et de mes jeux blancs.

«Je l'ai appelé le lendemain pour lui demander de la couper en deux et de m'envoyer ma moitié.

«Je me souviens aussi d'une série contre Buffalo. Un des matchs avait nécessité quatre périodes supplémentaires. J'ai vraiment eu de bons matchs contre lui.»

Trois autres saisons

Brodeur a encore trois ans à écouler à son contrat. Il aura 40 ans à la conclusion de l'entente.

«Je vais évaluer mon niveau de passion à ce moment-là, a-t-il dit. Mais les 50 matchs que j'ai manqués cette année m'ont fait réaliser que je ne suis pas prêt pour la retraite. Cette longue absence a mis les choses en perspective.»

Le gardien natif de Saint-Léonard ne se fixe pas d'objectifs à long terme. Il s'aventure toutefois à avancer le chiffre de 600 victoires, un plateau qu'il pourrait atteindre dès la saison prochaine avec un peu de chance.

Son père Denis, lui-même un ancien gardien et photographe de métier, croit que son fils pourra jouer encore quelques années.

«Il se garde en forme. Il fait attention à son alimentation. En fait, il n'a pas le choix, dit son père.

«Martin ne pratique pas le style papillon, a ajouté Denis Brodeur. Ca ménage ses genoux.»

Denis Brodeur, 78 ans, avait l'intention d'immortaliser la soirée avec son appareil-photo depuis la section 116 du Centre Bell.