Vous pensez vous les geler à Montréal ? À Dallas, samedi matin, là où George Bush fils a maintenant pignon sur rue, le mercure indiquait 41 degrés.

Sous un ciel gris et venteux, recroquevillées sur elles-mêmes, les fleurs des magnolias et des cerisiers ainsi que les azalées, les tulipes, les jonquilles et les pensées, semblaient regretter d'être écloses.

Qu'à cela ne tienne, la journée s'annonçait belle. En début d'après-midi, dans un de ces fameux matchs de quatre points, Steve Bégin, Mike Ribeiro, Stéphane Robidas et les Stars de Dallas affrontaient les Ducks d'Anaheim.

Une très belle rencontre en perspective.

Et une très belle rencontre ce fut.

Un match d'une rare intensité au cours duquel Mike Ribeiro a été époustouflant. Combatif, rapide, robuste aussi, ce qui est plutôt étonnant, Ribeiro, d'une intelligence carrément supérieure à celle de la très grande majorité des autres joueurs du circuit, a eu tout bon.

Il a marqué deux buts et est venu bien près d'en réussir un troisième quand son tir en fin de deuxième période a vu la rondelle frapper la barre transversale avant de ricocher dans le dos du gardien Jean-Sébastien Giguère. Ribeiro a aussi récolté une aide. Et il en aurait obtenu une couple d'autres si ses ailiers, souvent mis au clair par son flair, avaient démontré un peu plus de savoir-faire.

En avantage numérique comme en désavantage numérique, Ribeiro, utilisé à toutes les sauces, a été dominant, électrisant, brillant. Sur la glace, juré, on ne voyait que lui. Son temps de jeu a été d'un peu plus de 23 minutes, lui qui en avait joué, blessures obligent (Sergei Zubov, hanche ; Mike Richards, poignet ; Brenden Morrow, genou et Toby Petersen, pied), plus de 27 quelques jours auparavant.

Le Ribeiro nouveau est bel et bien arrivé et il est rendu très bon.

Le meilleur marqueur des Stars avec une fiche de 15 buts et 41 aides et un temps de jeu moyen cette saison de 20:49, ne se fit plus uniquement à son immense talent. Samedi, des joueurs des deux équipes, c'est lui qui a travaillé le plus fort. Toujours en mouvement, bien servi par son sens de l'anticipation et son temps de réaction ultra rapide, Ribeiro, il faut le répéter, est devenu un joueur tout à fait complet.

J'espère qu'il en est reconnaissant à Bob Gainey et Carbo. C'est sous leur gouverne que Ribeiro a finalement compris qu'il n'irait nulle part sans effort. D'ailleurs, de triste mémoire, au moment d'être échangé contre une douzaine de bâtons de hockey, il était carrément déjà devenu un des meilleurs joueurs du Canadien?

Cela dit, les Rouges se rendent à Dallas dimanche prochain y affronter des Stars dont la machine actuellement grince de partout. Ils ont subi cinq revers de suite à la maison, une première depuis 1978. Avant d'y disputer leurs six derniers matchs, ils occupaient le cinquième rang de la Conférence de l'Ouest. Les voilà maintenant onzièmes avec 65 points, deux de moins que les Oilers et les Ducks détenteurs des septième et huitième rangs.

Heureux Canadien, les Stars dimanche prochain en seront à un sixième match en huit soirs. En sus, ils reviendront d'un long voyage dans l'ouest où ils affrontent les Sharks, ce soir, les Kings, jeudi et les Ducks, vendredi.

Le Canadien, en principe, en aura donc une facile.

Surtout que Marty Turco, qui a gardé les filets pendant 32 matchs consécutifs avant d'être remplacé par Tobias Stephan, dimanche -défaite de 4-1 face aux Penguins- , semble rendu au bout du rouleau. La veille, face aux Ducks, il a été très ordinaire.

Quoi qu'il en soit, ne serait-ce que pour bien réaliser à quel point le départ de Ribeiro pour Dallas a été une énorme, une très z'énorme bêtise commise par Gainey, il ne faut pas rater le match de dimanche prochain.

Même dans la défaite annoncée et attendue des Stars, Ribeiro, juré craché, vous en mettra plein les yeux.