Ces histoires commencent souvent de la même façon: avec des joueurs de hockey qui rencontrent un «ami» qui leur veut du bien. Plus ça va et plus «l'ami» devient de plus en plus présent. De plus en plus disponible. Puis, un jour, les joueurs finissent par apprendre que «l'ami» en question, celui qui est toujours là pour eux, celui qui est prêt à tout faire pour eux, est en fait associé au crime organisé.

Récit fictif? Pas du tout. En fait, ce genre d'histoire survient plus souvent qu'on le pense.

L'exemple le plus récent, c'est bien sûr celui des frères Andrei et Sergei Kostitsyn. L'affaire, dont les détails ont été publiés en exclusivité dans La Presse de vendredi, a ébranlé bien du monde.

Bien du monde... incluant Alex Kovalev.

Comme les Kostitsyn, Kovalev a lui aussi vu passer des personnages louches dans son entourage au fil des ans. Comme les frères, il a lui aussi joué dans des endroits où il était un pur étranger, dans des villes où la langue de travail n'était pas la sienne. Comme les frères, Kovalev a lui aussi croisé de ces individus qui, très rapidement, veulent devenir votre meilleur ami.

«Je me souviens que lors de mon séjour à Pittsburgh, j'ai rencontré des gens qui désiraient rapidement être mon ami, a raconté Kovalev après l'entraînement d'hier à Brossard. Ces gens-là étaient très gentils, très aimables. Mais on a fini par m'avertir, par me faire comprendre. On m'a dit, tu sais, tes nouveaux «amis», peut-être que tu devrais les éviter, on ne veut pas te dire qui ils sont et ce qu'ils font... Après une telle mise en garde, j'ai vite compris qu'il fallait que ça change.»

Kovalev soutient que les jeunes joueurs de la LNH, malgré toutes les mises en garde, sont souvent sollicités par ce type de «meilleurs amis». Dans le cas des frères Kostitsyn et du défenseur Roman Hamrlik, c'est leur relation avec Pasquale Mangiola, un des suspects de l'opération Axe contre le crime organisé, qui les a mis dans l'embarras. Rappelons que les trois joueurs ne sont toutefois soupçonnés d'aucune activité criminelle.

Alex Kovalev, lui, a déjà vu ce même film plusieurs fois en 16 ans de carrière dans la LNH.

«On se retrouve parfois tous dans ce genre de situation, a-t-il ajouté. On arrive dans une nouvelle ville, on rencontre des gens. On ne pense pas à leur demander qui ils sont, mais ils deviennent nos amis, et à moins de pouvoir prédire le futur, on peut difficilement savoir à quoi s'attendre avec ces gens-là au départ. Sur le coup, on s'attend à ce qu'ils deviennent des amis, point.

«Ces gens-là deviennent donc des amis, ils savent que tu es nouveau en ville, alors ils t'aident avec toutes sortes de choses... Pendant ce temps-là, tu ne les connais toujours pas. Et quand tu finis par apprendre qui ils sont vraiment, c'est difficile de l'accepter. C'est ce qui est arrivé avec les frères Kostitsyn. Il y avait ce type (Pasquale Mangiola) qui les aidait, mais je ne pense pas qu'ils savaient vraiment qui était ce gars-là.»

Le joueur russe de 36 ans se dit aujourd'hui beaucoup plus sélectif au chapitre des amitiés. Il se dit dur d'approche, préférant ne pas parler aux inconnus qui s'invitent à sa table au resto ou lors des sorties familiales. Selon lui, la ville n'a pas vraiment d'importance; que ce soit à Montréal, à New York ou à Pittsburgh, il y a toujours de ces gens qui vous veulent du bien, de ces gens qui sont prêts à tout pour vous rendre un bon service.

Les joueurs de hockey sont des cibles, selon Kovalev. Des cibles faciles.

«Je suis méfiant. Je n'aime pas me mêler à ceux que je ne connais pas, je suis comme ça. Je pense qu'il faut toujours s'assurer de garder ses distances avec les gens qu'on ne connaît pas, surtout dans notre cas. Quand on est un joueur de hockey, beaucoup de gens veulent être notre ami, veulent vous aider à acheter une voiture, par exemple. Moi, si je veux un bon prix pour une voiture, je préfère passer par l'équipe...»