Georges Laraque revient au jeu, ce soir, à Buffalo. Remis d'un hernie discale. qui l'a contraint à disputer seulement six des 32 dernières parties du Canadien, Laraque est prêt.

C'est du moins ce qu'il dit.

Prêt à quoi? Prêt à assurer la protection de ses coéquipiers.

Une protection qui devrait permettre aux vedettes d'avoir un peu plus de marge de manoeuvre sur la patinoire; et permettre à Maxim Lapierre et Steve Bégin de provoquer un peu plus leurs adversaires. Une protection qui devrait aussi s'étendre à Tom Kostopoulos, qui a subi quelques raclées en l'absence du gros Georges.

Au-delà de cette protection, que fera Laraque?

Marquer un but chanceux ici et là? Obliger ses adversaires à écoper de pénalités? S'assurer de bien jouer sans la rondelle tout en évitant les erreurs coûteuses en défense?

Apostropher Kovalev? Jamais!

Mais encore!

Laraque pourrait-il rendre service à son entraîneur-chef Guy Carbonneau en gardant Alex Kovalev bien éveillé? En s'assurant que le joueur le plus talentueux du Canadien joue justement à la hauteur de son talent? En s'assurant qu'il soit fidèle à ce talent à tous les soirs, quitte à lui servir un avertissement musclé une fois rendu au vestiaire, loin des caméras, des micros et des partisans?

«Es-tu malade?» riposte Laraque en levant ses grosses mains menaçantes au-dessus de sa tête lorsqu'on lui demande s'il pourrait apostropher Kovalev lorsque ce dernier décide de fermer l'interrupteur!

Laraque a pourtant de l'expérience dans ce domaine. Il a joué avec Sidney Crosby à Pittsburgh. Il a évolué au sein d'un même trio. S'il a pu requinquer Crosby d'un petit Wake up Sid ou d'un Let's go kid, il pourrait bien se permettre la même chose avec Kovalev.

«Non, tranche Laraque. Je n'ai pas le droit de crier après Kovi sur le banc ou dans le vestiaire. Je n'ai pas le droit et il n'y a pas un joueur de soutien qui a ce droit. Un joueur vedette, tu dois le protéger. Tu dois le garder en confiance. Je ne pourrais jamais crier après Kovi ou Saku comme je n'ai jamais crié après Sidney non plus», assure Laraque avant d'en rajouter.

«Sid est, à mes yeux, le meilleur joueur de hockey au monde. Tu ne cries pas après le meilleur joueur au monde, surtout que Sidney ne t'en donne jamais l'occasion. Il n'est pas seulement le meilleur, il est celui qui donne le ton, qui donne l'exemple. Personne ne travaille plus fort que lui. J'étais déjà assez occupé à tenter de le suivre que je n'avais pas le temps de penser à lui dire quoi que ce soit.»

Rester positif

Va pour Crosby, qui est un exemple de détermination.

Mais Kovalev? Certains soirs quand la switch est à...

«Lâche-moi avec la switch à off. Kovi travaille tout le temps. Il connaît seulement des soirs plus difficiles que d'autres. C'est ça que tu dois réaliser et que les amateurs doivent réaliser. Ça ne va pas toujours comme il le voudrait. Des soirs, c'est même difficile. Mais si tu cries après lui dans le vestiaire, tu crées un malaise. Car, à toutes les fois qu'il va lever les yeux dans ta direction, il va voir du négatif. Un gars comme moi, et c'est vrai pour tous les gars de soutien, on n'a pas le droit d'apporter du négatif dans la chambre. Le capitaine, un assistant ou une vedette comme Kovi peut brasser des gars de soutien. Mais pas le contraire. Jamais!»

Mais alors, comment préserver l'équilibre. Comment s'assurer que les joueurs de soutien, qui se défoncent à tous les soirs, continuent à le faire si les meilleurs ne donnent pas l'exemple.

«C'est là que le travail du coach devient primordial. C'est lui qui doit maintenir l'équilibre et s'assurer qu'il n'y a pas de traitements de faveur... ou pas trop.»

Et il est comment cet équilibre dans le vestiaire du Canadien? «Ce n'est pas de tes affaires...» a conclu Laraque.