«Je ne sais pas ce que vous avez à me poser des questions sur Carey Price. C'est toute l'équipe qui joue mal!»

Guy Carbonneau a bien essayé de faire diversion après l'entraînement du Canadien, hier, mais c'est surtout son jeune gardien qui a dû rendre des comptes au retour de l'équipe à Montréal.

 

C'est à se demander pourquoi. Certes, Price pourrait faire mieux. Il n'a pas «volé» beaucoup de matchs cette saison.

Mais à chaque séquence difficile du Tricolore, le réflexe pavlovien des médias les ramène vers le casier du gardien de but. Pendant ce temps, il y a 18 autres joueurs qui s'en sortent indemnes.

Pourtant, toute l'équipe est responsable de cette série de quatre défaites en temps réglementaire, la première du genre depuis février 2007.

Hier, vers la fin de l'entraînement, Carbo s'est accroupi devant Price pour lui annoncer qu'il serait de retour devant le filet, cet après-midi, face aux Kings de Los Angeles.

Mais surtout, il lui a demandé de ne pas se mettre tout le poids du monde sur les épaules.

«Guy m'a dit de ne pas trop m'accabler avec ce qui se passait, a confié Price. Il m'a dit que j'avais besoin d'être meilleur, mais que toute l'équipe devant moi avait besoin d'être meilleure.

«Mais après avoir accordé 14 buts en trois matchs, c'est difficile de ne pas prendre la situation de façon personnelle... «

Les choses à coeur

Que le gardien de 21 ans soit dur envers lui-même n'a pas l'air d'indisposer son entraîneur outre mesure.

«Ça montre qu'il prend cela à coeur», a suggéré Carbo.

«Quand Jaroslav Halak a été devant le filet pour une longue séquence, on gagnait des matchs même si Jaro avait une moyenne supérieure à 3,00.

«La différence, c'est qu'on ne marque pas en ce moment, on ne joue pas bien défensivement et l'on ne fait pas les bons jeux.»

Carbo souhaiterait sûre- ment des performances plus régulières de la part de Price, mais le moment se prêtait plus, hier, à rassurer son gardien qu'à le pointer du doigt publiquement.

«Si tu lui flattes toujours le dos et que tu lui donnes une petite tape sur les fesses, il n'apprendra jamais, a toutefois précisé l'entraîneur.

«Tu dois le laisser avoir de la difficulté pour voir comment il va s'en sortir.»

Éviter que la marmite n'explose...

Price aurait pu en plus se retrouver avec un petit incident diplomatique sur les bras après avoir lâché un juron devant les caméras, jeudi.

«Je suis un gars émotif qui dit les choses telles qu'elles sont, a-t-il expliqué. Si je ne laisse pas sortir un peu de vapeur sous le couvercle, la marmite va exploser.»

Hier après-midi, des gens du Canadien se sont entretenus avec Price pour lui faire comprendre que ces écarts de langage devaient être évités.

Sauf qu'après que l'entraîneur et des joueurs eurent questionné le «caractère» de l'équipe, la frustration est quand même plus encourageante que l'indifférence...

À l'avenir, le jeune gardien choisira peut-être mieux ses mots. Mais si d'aventure il a un message à passer à ses coéquipiers, il ne se fera pas prier. «Même les plus jeunes joueurs ont une voix dans ce vestiaire, a soutenu Price. Il n'y a personne qui va sourciller si je parle. Si ce que dit un joueur est vrai, ses coéquipiers doivent avaler la pilule, aussi grosse soit-elle.

«Mais je ne suis pas un gars très loquace...»

Si Price était sur un nuage durant le week-end du match des Étoiles, il est tombé de haut depuis ce temps-là. Et vite à part ça.

Price a reconnu que ses trois semaines d'inactivité avaient nui à son synchronisme. Mais il n'y voit pas là une excuse, pas plus que ses nouvelles jambières rouges avec lesquelles il ne connaît pas beaucoup de succès.

«Ça va prendre l'aide de tout le monde (pour se sortir du pétrin), mais ça commence avec moi», a-t-il résumé.