Le projet est fort emballant. Une deuxième équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec dans la région métropolitaine, à Boisbriand, dans un amphithéâtre flambant neuf de 3500 sièges.

Une liste impressionnante de joueurs ou d'anciens joueurs de la LNH parmi les investisseurs potentiels: Joël Bouchard, Jean-Sébastien Giguère, Daniel Brière, Jean-Pierre Dumont, Ian Laperrière et Luc Robitaille.

Hic de taille cependant avant que ce club actuellement installé à Lewiston ne dispute ses matchs dès l'automne à la jonction des autoroutes 15 et 640: le propriétaire du Junior de Montréal, Farrell Miller, doit donner son aval au projet du déménagement. Et il ne semble pas chaud à cette idée pour l'instant.

Le Junior, qui dispute sa première saison à Montréal cette année, détient en effet un droit territorial de 40 kilomètres.

«Je ne peux en dire trop pour l'instant parce que ça pourrait entrer dans le domaine juridique, mais dans notre constitution, comme dans les droits de franchise de chaque organisation, le rayon de 40 kilomètres apparaît et monsieur Miller est dans ses droits de ne pas consentir», a confié hier au bout du fil le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau.

La Ligue de hockey junior majeur du Québec salive néanmoins à l'idée de voir une équipe s'installer dans la couronne nord et mettra probablement tout en oeuvre pour que le projet se réalise.

Les avantages sont en effet indéniables. D'abord la présence d'un deuxième club dans la région métropolitaine, un marché important pour la ligue, et l'espoir que puisse naître une rivalité avec le Junior. Ensuite le fait de compter sur un amphithéâtre neuf pour une équipe de la LHJMQ, ce qui s'est produit seulement une fois en 40 ans.

Et finalement, la possibilité de quitter le Maine, et ainsi se débarrasser des nombreux problèmes comme les passages aux douanes, les permis de travail aux États-Unis pour les officiels, les problèmes liés aux études pour les joueurs québécois et les longs voyages.

«C'est définitivement un beau projet, a convenu Gilles Courteau. C'est effectivement un avantage de ramener une équipe au Québec. Je ne parlerais pas comme ça si on avait deux équipes aux États-Unis, mais il y en a seulement une et c'est plus difficile. Cependant, aussi positif et intéressant soit ce projet, on doit le réaliser dans le cadre de notre constitution.»

Joint hier sur son téléphone portable, Farrell Miller a été avare de commentaires. «On va attendre de voir ce qui se passe avec la ligue, a-t-il poliment répondu. Si les autres veulent parler, d'accord, mais on préfère ne pas émettre de commentaires à ce sujet.»

On ignore quelle partie de bras de fer se joue actuellement en coulisses. Mais un problème du genre a déjà été réglé par une compensation monétaire. Les Wildcats de Moncton avaient en effet reçu 200 000$ du Titan de l'Acadie-Bathurst il y a une douzaine d'années quand ceux-ci étaient venus s'installer sur leur territoire.

L'ancien défenseur de la LNH devenu analyste à RDS, Joël Bouchard, est à l'origine non seulement du projet d'amphithéâtre, dont la construction devrait être terminée à l'automne, mais aussi du déménagement de l'équipe de Lewiston dans la couronne nord, avec l'appui de la mairesse de Boisbriand, Sylvie Saint-Jean, et du maire de Blainville, François Cantin.

Bouchard a rencontré le propriétaire des MAINEiacs de Lewiston, Mark Just, lorsqu'il a appris que celui-ci songeait à déménager l'équipe.

«Je suis allé le voir à Chicago entre Noël et le Jour de l'An sans en parler à personne, a déclaré Joël Bouchard. J'ai passé deux jours avec lui, on a discuté de différentes possibilités. Il croit vraiment dans le hockey junior québécois et le scénario de la couronne Nord était idéal.»

L'ancien défenseur est convaincu que la situation pourrait être fort avantageuse pour l'organisation montréalaise. «Juste pour la possibilité de voir naître une rivalité, dit-il. On pourrait faire du marketing ensemble, on pourrait même essayer d'organiser des matchs au Centre Bell entre les deux équipes. Même si nous étions installés à l'intérieur du rayon de 40 kilomètres, je ne crois pas que nous aurions la même clientèle. Ce ne sont pas tous les amateurs de hockey des Laurentides qui se rendent nécessairement à Montréal pour les matchs du Junior.»

Bouchard dit avoir cette cause à coeur. «Si j'embarque là-dedans, avec les gars que je pense qui vont embarquer, c'est pour les bonnes raisons. Nous voulons redonner à la LHJMQ ce qu'elle nous a donné quand nous étions plus jeunes. Je considère aussi que le Junior majeur fait aussi partie de la jeunesse et j'essaie d'enseigner la vie à travers le hockey. C'est un peu aussi la mission que nous a donnée la ministre Courchesne avec ses investissements dans le projet d'amphithéâtre. Je peux d'ailleurs assurer que le hockey mineur de la région ne serait pas du tout affecté par la présence d'une équipe junior. Au contraire, elle pourrait servir de modèle pour les plus jeunes.»

Gilles Courteau dit ne pas avoir fixé d'échéancier pour régler la question.

 

Équipes de la LHJMQdans la région de Montréal

National de Rosemont (1969 à 1971)

Bleu-Blanc-Rouge de Montréal (1972-1973)

Junior de Montréal (1973 à 1982 et 2008-2009)

Rocket de Montréal (1999 à 2003)

Maple Leafs de Verdun (1969 à 1972)

Éperviers de Verdun (1977 à 1979)

Éperviers de VerdunSorel (1979-1980)

Junior de Verdun (1982 à 1984)

Canadien junior de Verdun (1984 à 1989)

Collège français de Verdun (1991 à 1994)

Chevaliers de Longueuil (1982 à 1987)

Collège français de Longueuil (1988 à 1991)

Saints de Laval (1969-70)

National de Laval (1971 à 1979)

Voisins de Laval (1979 à 1985)

Titan de Laval (1985 à 1994)

Titan C.F. de Laval (1994 à 1998)

Alouettes de Saint-Jérôme (1969 à 1972)

Laser de Saint-Hyacinthe (1989 à 1996)

Castors de Saint-Jean (1982 à 1989)

Lynx de Saint-Jean (1989 à 1995)