Directeur général rusé, très bien branché, toujours bien conseillé, Lou Lamoriello dirige d'une main de fer les Devils du New Jersey depuis 20 ans. Que ce soit par le biais du repêchage, des transactions ou de l'embauche des joueurs autonomes, Lamoriello a toujours su trouver réponse aux interrogations de son équipe.

Pourtant, à la question : la Ligue nationale devrait-elle revoir son processus de sélection dans le cadre du match des Étoiles? Lou Lamoriello reste sans voix.

Ou presque.

«Tough question!» lance-t-il après quelques secondes de réflexion avec un accent newyorkais tranchant.

«Je considère que le match des Étoiles est une vitrine incroyable pour la LNH, qui fait de l'excellent travail pour promouvoir cette rencontre qui sert de trêve à la mi-saison.»

Mais?

«J'aime moins le processus de sélection des joueurs partants. Je n'ai rien contre le fait qu'on ait transformé la sélection des joueurs partants en concours de popularité. Mais à l'ère de l'informatique, avec les moyens mis à la disposition de tous, je crois que la Ligue devrait se méfier, qu'elle devrait avoir des barrières plus étanches pour éviter les débordements», ajoute le grand manitou des Devils.

Lamoriello aimerait-il que la LNH fasse appel à un groupe de quatre, cinq ou six directeurs généraux qui auraient le mandat de composer les formations des équipes des Associations de l'Est et de l'Ouest?

«Il est là, le principal problème. Comme plusieurs personnes autour de la LNH, j'ai des doléances à l'égard du système actuel. Mais je ne suis pas mieux que tous les autres, car je n'ai pas de solution à apporter. Et vous savez quoi? Si j'en avais une, je crois qu'elle serait elle aussi contestée, car on doit se rendre à l'évidence: il est impossible de satisfaire tout le monde en rapport à un match de ce genre.»

Relevant des exemples du passé, entre autres des années où la Ligue rendait hommage à des vétérans en fin de carrière en les invitant au match des Étoiles, Lou Lamoriello verrait d'un bon oeil qu'un comité de sages jongle entre statistiques de la saison, réputation et popularité des joueurs pour procéder aux sélections.

«À mes yeux, il faut maintenir l'engagement du public. Car après tout, c'est lui qu'on veut récompenser. Il faut aussi regarder les statistiques de la saison en cours pour reconnaître le travail des joueurs les plus méritants. Mais doit-on exclure un favori de la foule et un grand joueur parce qu'il connaît une saison moins flamboyante? Je n'ai pas la prétention d'avoir réponse à cette question. Car ma réponse, aussi sensée puisse-t-elle être, ne serait pas meilleure que la vôtre ou celle d'un fan des Devils car chacun de nous a des points de vue intelligents à défendre.»

Alors on fait quoi? On maintient le statu quo et on se retrouve avec le fait qu'Alexander Ovechkin ne sera pas sur la patinoire pour entreprendre le match, dimanche, parce que les Capitals de Washington sont moins populaires que les Penguins de Pittsburgh ou le Canadien.

Ou pire!

Parce que les amateurs de hockey de Pittsburgh et Montréal sont plus débrouillards en informatique que ceux de Washington?

«C'est ce que je vous dis depuis tout à l'heure. On a beau chercher la meilleure des solutions, elle n'existe peut-être pas. On en a la preuve avec Ovechkin, mais avec d'autres excellents joueurs qui sont écartés parce qu'ils évoluent à l'ombre de grandes vedettes de formations plus connues et reconnues...»