Plusieurs spectateurs qui iront s'acheter une bière ce soir sont trop jeunes pour se souvenir de Brendan Shanahan dans l'uniforme des Devils.

Après tout, cela fait presque 18 ans qu'on n'a pas vu ça!

Ce sera de chics retrouvailles pour le retour de l'enfant prodigue. Mais tout cela sur fond d'humilité.

«Les amateurs des Devils apprécient le concept d'équipe, et je crois qu'ils vont saluer le retour d'une formation qui a gagné cinq de ses six matchs sur la route, et non pas seulement un seul joueur», a indiqué Shanahan mercredi matin.

Le vétéran ailier, qui aura 40 ans vendredi, n'est pas le premier joueur à revenir aux sources en endossant de nouveau l'uniforme des Devils. Des attaquants comme Brian Rolston et Bobby Holik sont eux aussi rentrés au bercail après un exil de plusieurs saisons.

Mais Shanahan, lui, vient carrément boucler la boucle.

«C'est l'équipe qui m'a repêchée il y a 22 ans, rappelle-t-il. Sauf que je ne reviens pas par nostalgie. C'est une décision d'affaires.»

Une équipe compétitive dans l'Est

Quand Shanahan parle d'une décision d'affaires, n'en concluez pas que c'est une question d'argent. Il ne va empocher que 380 000$ d'ici la fin de la saison.

«Les affaires», ce sont les affaires du hockey. C'est entre autres la façon méthodique avec laquelle il s'est trouvé une nouvelle équipe.

«Ça n'a jamais été pour lui une question de savoir s'il voulait encore jouer ou non, rappelle l'entraîneur des Devils Brent Sutter.

«Shanny n'attendait qu'un engagement de la part d'une équipe.» Malgré une impressionnante feuille de route, l'engagement a été difficile à trouver. Visiblement, son âge a refroidi plusieurs équipes.

«Il n'y a rien dans mon jeu qui me laissait croire que je devais me retirer, estime pourtant Shanahan. Je ne fais pas attention à mon certificat de naissance.

«J'étais à la recherche d'une équipe compétitive avec laquelle on pouvait combler des besoins mutuels, poursuit-il. Et préférablement, je voulais que ce soit une équipe de l'Association Est.

«J'ai trois enfants de moins de six ans et je ne voulais pas aller trop loin de la maison.»

Il a appelé le Canadien

Le premier choix de Shanahan aurait été de rester avec les Rangers de New York mais après le 1er novembre, après qu'il eut été évident qu'il ne resterait pas un Blue Shirt, il a ciblé quelques équipes dont le Tricolore.

«Oui, on a logé un appel au Canadien, confirme Shanahan. J'ai aussi reçu des offres de mon côté. Mais rendu en novembre, avec les contraintes du plafond salarial et la saison qui était bien entamée, je comprends que ça ait pu être difficile pour n'importe quelle équipe.

«Chose certaine, je ne voulais pas d'une situation à la Mats Sundin où les gens liraient constamment l'évolution de mon dossier.

«Je voulais faire mes démarches discrètement, sans potinage, et trouver le meilleur endroit pour moi.» Ce n'est pas tous les jours qu'une équipe hérite d'un marqueur de 650 buts en milieu de saison. Mais Shanahan, malgré sa bonne réputation, ne va pas virer le vestiaire à l'envers et se mettre à jouer au capitaine.

«Je n'ai jamais été un leader criard, précise Shanahan. Mon travail va être de me trouver une place au sein de cette formation, de gagner la confiance et l'amitié de mes coéquipiers.

«Et s'ils ont des questions, ils sont libres de me les poser.»

Shanahan constatera vite qu'il est atterri au sein d'une équipe dangereuse, profonde et qui peut avoir de grandes ambitions.

Une équipe qui pourrait en plus revoir Martin Brodeur sur patins dès le retour de la pause du match des Étoiles.

«C'est un bon jeune!» a blagué Shanahan à propos du gardien de 36 ans.