Vincent Lecavalier n'est bel et bien plus un intouchable chez le Lightning de Tampa Bay. La direction du Lightning a rencontré sa vedette, en fin de soirée mardi, pour lui confirmer qu'il était sur le marché des échanges.

Au cours de cette rencontre de quelques heures, qui s'est déroulée après le match contre les Sharks à San Jose, Lecavalier a aussi obtenu l'assurance qu'il sera consulté avant la conclusion d'une transaction et ce, même s'il n'a pas de clause de non-échange. Le Lightning a l'intention de sonder plusieurs équipes au cours des prochains jours, voire des semaines, a-t-on appris.

Le DG du Lightning, Brian Lawton, a aussi confirmé au clan Lecavalier, en fin de journée hier, que l'attaquant québécois recevra son boni d'un demi-million de dollars avant l'heure limite, qui était fixée à minuit.

Lecavalier semblait encore un peu secoué, hier en soirée, lorsque nous l'avons joint chez lui à Tampa. «Des rumeurs comme ça, c'est énervant un peu mais ça fait partie de la game.»

Le capitaine du Lightning pourrait voir sa vie chambarder complètement prochainement. «Les choses changent des fois. J'étais à Tampa depuis dix ans et cet été, j'ai pris une grosse décision dans ma vie de signer ici. C'était pour le restant de ma carrière parce que je me considère comme quelqu'un de loyal. Je ne peux pas prédire ce qui arrivera dans les prochaines semaines, les prochains jours, ce n'est pas vraiment moi qui contrôle la situation. Au moins, ils m'ont dit que si jamais il se passait quelque chose, ils m'appelleraient avant, alors je suis content qu'ils aient dit ça au moins.»

Montréal est évidemment au coeur des ses pensées. Non seulement en raison de la perspective de se retrouver avec le Canadien, mais aussi de la réaction que son arrivée possible suscite au Québec. Lecavalier suit tout sur internet.

«C'est sûr que c'est le fun de voir la réaction des gens au Québec. Ça fait chaud au coeur. J'ai grandi en regardant le Canadien de Montréal; de voir la réaction des gens, dans les derniers jours, je pense pas mal à ça. En plus, il y a mes chums et ma famille qui m'appellent, mais il faut aussi que je me concentre sur le hockey. Je fais partie du Lightning. La chose la plus importante pour moi, c'est d'être prêt à tous les matchs.»

Pourquoi accepterait-il désormais de jouer à Montréal alors que ce n'était pas nécessairement le cas auparavant? «Je le répète, je suis un gars loyal. Il y a six mois, il y a un an, il y a cinq ans, je jouais pour le Lightning, j'étais fier de jouer pour le Lightning. Mais Montréal a toujours été une place spéciale pour moi, à chaque fois que je joue à Montréal, ce sont des expériences incroyables. J'ai grandi en voyant des joueurs lever la Coupe à Montréal. Les gens, leur réaction avec le Canadien, c'est une place spéciale Montréal, personne ne va dire le contraire.»

On l'a déjà écrit et on le répète, il y a eu des discussions entre la direction du Lightning et celle de quelques équipes de la LNH, dont le Canadien.

Mais si Vincent Lecavalier n'a pas encore déménagé au moment de mettre ce texte sous presse, c'est qu'au moins un des neuf propriétaires s'oppose à ce qu'on l'échange.

Et la chronique de Gary Shelton, publiée hier dans le quotidien St.Petersburg Times, et reproduite dans nos pages, dans laquelle le columnist affirme que d'échanger Lecavalier pourrait porter un coup fatal à cette organisation, ne sera pas de nature à faire changer d'idée le propriétaire réfractaire.

Il n'a pas encore été possible pour nous d'identifier ce propriétaire, ni de savoir s'il a un droit de veto. On peut seulement affirmer qu'il s'agit d'un homme très influent au sein du groupe.

Reste que Vincent Lecavalier ne dispose pas d'une clause de non-échange. Au moment de signer son contrat de 11 ans et 85 millions, l'été dernier, comme il avait subi quelques mois plus tôt une grave blessure à l'épaule dans les cinq dernières minutes du dernier match de la saison, le Québécois n'a pas voulu prendre de risques et il a opté pour la sécurité que lui offrait ce contrat de longue durée, même si la clause de non-échange n'entrait pas en vigueur avant cet été.

Il ne pouvait pas se douter non plus que les choses tournent ainsi au vinaigre et que l'équipe tente de l'échanger six mois plus tard, d'autant plus qu'on lui avait promis qu'il n'allait être échangé sous aucune considération...

Le Lightning a donc le loisir de l'échanger à la formation de son choix si elle le désire, et ainsi le forcer à passer le reste de sa carrière avec un club qu'il n'aura pas choisi. Sauf qu'on vient de lui garantir qu'il serait consulté dans le processus et qu'on lui demanderait de soumettre une liste de cinq équipes pour lesquelles il accepterait de jouer si jamais le Lightning était sur le point de l'échanger.

Brian Lawton et les propriétaires du Lightning n'ont pas accepté de consulter Lecavalier simplement par courtoisie. Ils ne veulent pas se mettre leur vedette à dos.

Si jamais Lecavalier quitte Tampa pour une ville où il ne souhaite pas se retrouver, le message qu'il risque d'envoyer aux gens de Tampa au moment de ses adieux pourrait laisser des marques irréparables pour les propriétaires. Par contre, si le Lightning accepte de l'échanger à Montréal, Lecavalier pourra lui-même dire que c'est lui qui souhaitait un tel changement de décor.

Deux certitudes. Ça joue dur dans les coulisses à Tampa. Et Vincent Lecavalier est prêt, plus que jamais, pour l'aventure du Canadien de Montréal. Mais il y a encore de solides obstacles qui le séparent du Centre Bell.