C'est une année un peu folle pour les gardiens dans la Ligue nationale. Une ribambelle de numéros un ont été blessés ou sous performants, de sorte que plusieurs substituts en ont profité pour sortir de l'ombre.

On pense à Craig Anderson (Floride), Jonas Hiller (Anaheim), Alex Auld (Ottawa) ou à la recrue Steve Mason (Columbus).

Mais Scott Clemmensen, des Devils du New Jersey, est peut-être celui qui ressort le plus du lot car, venu de nulle part, il a réussi à remplacer avec brio cette légende vivante qu'est Martin Brodeur.

Avant d'affronter le Canadien, vendredi soir, le gardien américain présentait une fiche de 13-6-1, une moyenne de buts alloués de 2,23 et un taux d'efficacité de ,923 en 21 matchs.

Après le soldat inconnu, voici le gardien inconnu!

«Premièrement, il faut dire qu'il y a beaucoup de bons gardiens dans la ligue, précise Clemmensen. Le plus dur pour nous n'est pas de montrer qu'on a le talent pour être là, c'est d'avoir une véritable occasion de nous faire valoir.

Clemmensen a évolué pendant quatre saisons avec les Devils, entrecoupées de séjours dans les mineures. Il n'a disputé que 25 matchs au niveau de la LNH durant cette période.

«Dans mon cas, avoir été l'auxiliaire de Martin Brodeur a été un couteau à double tranchant. D'une part, j'apprenais beaucoup. Mais, en même temps, je ne jouais presque jamais et c'était parfois frustrant.» Lorsqu'il a pris le chemin de Toronto, l'an dernier, Clemmensen espérait que le gazon soit plus vert. Mais les Maple Leafs n'ont fait appel à lui que pour trois rencontres.

«Mon dernier match avec eux a été une défaite de 6-2 contre les Penguins qui m'a laissé un goût amer dans la bouche», explique le volubile gardien de 31 ans.

«Je ne voulais pas que ce soit mon dernier match dans la LNH, mais je savais que ça pouvait très bien l'être.»

Il a fait sa place

Son retour au bercail au New Jersey, cette saison, n'aurait pas pu mieux tomber, même si l'ouverture inespérée s'est produite en raison de la blessure à Brodeur.

«À 31 ans, je n'attendais plus grand-chose, confie Clemmensen. Je suis un ancien choix de huitième ronde qui n'a atteint la LNH qu'à 24 ans. Personne ne m'a suivi de près. Mais comme quoi ne sait jamais, j'ai finalement eu la chance de me prouver!

«Au début, ce n'est pas que mes coéquipiers n'avaient pas confiance en moi, mais ils étaient tellement habitués à Martin. Peu importe qui l'a remplacé au fil des ans, ça a été le même phénomène pour John Vanbiesbrouck ou pour Kevin Weekes.

«Mais maintenant, j'ai l'impression d'avoir fait ma place. » Le grand Clemmensen ne se pince plus aussi souvent qu'avant pour s'assurer qu'il ne rêve pas. Il a pris des habitudes de gardien régulier, il a rehaussé sa préparation mentale, et il est devenu plus exigeant envers lui-même.

«Je suis content de ce qui m'arrive mais, en même temps, je sais que je peux faire mieux. Il n'y a pas un seul match cette saison dont j'ai été entièrement satisfait.» La beauté de la chose, c'est que ce sympathique gardien n'a pas seulement relancé sa carrière dans la LNH; il s'en est littéralement créé une. Et pour une saison ou deux, ses exploits des derniers mois vont drôlement l'aider à se trouver du boulot!