Quand Ron Francis parle, les joueurs des Hurricanes écoutent. Ils ne font pas juste le laisser dire en laçant leurs patins ou en astiquant leurs bâtons. Ils l'écoutent vraiment.

«Il serait difficile de faire la sourde oreille aux directives d'un gars qui a non seulement passé 23 saisons dans la LNH, mais qui a gagné la Coupe Stanley en plus de toujours assumer un rôle de grand leader», indiquait Justin Williams dans le vestiaire des Hurricanes hier matin.

Ron Francis a marqué 549 buts dans la LNH. Deuxième passeur de l'histoire derrière Wayne Gretzky, il a récolté 1798 points. Il a soulevé deux fois la Coupe Stanley, une fois le trophée Frank-Selke et trois fois le trophée Lady-Bing.

Des trophées plus prestigieux lui seraient passés par les mains s'il n'avait pas évolué aux côtés d'un certain Mario Lemieux et d'un autre joueur pas vilain, Jaromir Jagr...

Une fois ses patins accrochés, son chandail retiré et sa place assurée au Temple de la renommé, Ron Francis a entrepris son après-carrière. Il a hérité des postes de directeur du développement des joueurs des Hurricanes avant d'accéder à celui d'adjoint au directeur général, Jim Rutherford.

Hier soir, il était derrière le banc à titre d'adjoint de Paul Maurice.

«J'avais pourtant juré que je ne serais jamais entraîneur une fois ma carrière terminée et me voilà derrière le banc», a indiqué Ron Francis, qui s'est bien gardé d'ouvrir son jeu quant à ses prétentions au poste d'entraîneur-chef.

«Je n'ai aucune ambition en ce sens», s'est-il limité à dire.

Maurice serein

Comme il l'avait fait dans les pages de La Presse hier, Paul Maurice a rendu un vibrant hommage à Ron Francis, qui prendra peut-être sa place dans un avenir pas si lointain.

«Ronnie connaît le hockey. Mais en plus il sait partager ses connaissances, faire comprendre des choses aux joueurs. Connaître le hockey et être incapable de communiquer, ça ne donne rien. Mais Ron a toutes les qualités. Et quand il va voir un gars pour lui donner des options sur l'attaque à cinq, pour améliorer son échec-avant, il a une bien meilleure oreille que moi. C'est normal. Il a joué, il a gagné, il est au Temple de la renommée», a analysé Maurice hier.

Complicité à établir

Quand il endossait les chandails des Whalers, des Penguins, des Hurricanes et des Maple Leafs de Toronto, Ron Francis ne s'est jamais uniquement fié à son talent. Il a toujours travaillé. Il maintient la même éthique depuis qu'il a amorcé sa deuxième carrière.

«Comme directeur du développement des joueurs, il ne s'est jamais limité à contempler ses bagues en prenant un café et en serrant des mains. Non! Il travaillait. Il faisait la même chose comme adjoint au directeur général et continue comme adjoint. Il est dans le bureau, dissèque les vidéos, travaille avec nos gars. Il est actif.»

Loin de se braquer face à la menace que représente Francis, Paul Maurice tente donc d'en tirer profit.

«Je suis très à l'aise. Vraiment. Ça fait deux fois que je suis congédié et je me sens en meilleure forme pour faire le travail. Quand cela fera cinq ou six fois, ce sera le bonheur...» a-t-il d'abord ironisé.

L'inverse est aussi vrai.

«J'ai joué sous les ordres de Paul. Il était un coach apprécié des joueurs, qui n'ont pas apprécié les rumeurs de son congédiement en 2001-2002. Une victoire contre la Floride a sauvé son emploi et nous a relancés jusqu'à la finale de la Coupe Stanley, rappelle Ron Francis. Il a appris de cette expérience. Il est plus calme, plus terre-à-terre que dans le passé. J'ai un tas de choses à apprendre, et il a des choses à me montrer.»