Aux prises avec une cascade de blessures qui minent son équipe, Guy Carbonneau a sorti un remède de cheval pour fouetter ceux qui sont encore en santé. Pour motiver ceux qui devront éviter que le Canadien ne glisse au classement.

Il a nommé Kovalev, Plekanec, Lang, Tanguay et les autres leaders qui devront en donner plus. Il a servi un ultimatum à Guillaume Latendresse et Sergei Kostitsyn, qui réclament plus de temps d'utilisation: «Ils doivent prouver qu'ils méritent leur place. Ils n'ont plus le choix!»

 

Mais Carbo ne s'est pas arrêté là.

Que non! Il a même donné un grand coup en demandant à Latendresse d'en donner autant à son équipe que Milan Lucic en donne aux Bruins à Boston. «Je ne demande pas à Guillaume de jeter les gants à tous les matchs, mais je lui demande d'afficher la même intensité à toutes les présences.»

Si Carbo a lancé cette remarque pour fouetter son jeune attaquant, il avait bien raison de le faire. Car avec ses deux bien petits buts et ses huit très petits points, Guillaume Latendresse représente une vive déception.

Mais si Carbo croit vraiment qu'il peut demander à Guillaume Latendresse de jouer comme le fait Milan Lucic, il rêve en couleurs.

Guillaume Latendresse a la même carrure que Lucic. Guillaume a sensiblement le même âge et ils comptent parmi les beaux espoirs de leur équipe respective.

Mais le jeu des comparaisons s'arrête là.

Milan Lucic se transforme en bête lorsqu'il saute sur la glace. Asséner des mises en échec fait partie intégrante de son jeu. Non! C'est imprégné dans son code génétique.

Et Guillaume? En comparaison à Lucic, il a l'ADN d'un Prix Nobel de la paix.

En deux saisons dans les rangs juniors, à Vancouver, Lucic a totalisé 296 minutes de pénalités. C'est 49 minutes de plus que les 247 passées par Latendresse au cachot en TROIS saisons à Drummondville.

Le Canadien n'a pas repêché Milan Lucic lorsqu'il a fait de Guillaume Latendresse son deuxième choix au repêchage en 2005. Il a repêché un gros bonhomme qui n'avait pas besoin de brasser la cabane dans les rangs juniors pour marquer des buts. Plus gros que les autres, il n'avait qu'à se camper en bonne position et profiter des passes magiques de son complice de l'époque, Derrick Brassard.

Dans la LNH, c'est différent.

Latendresse n'est plus le plus gros et le plus fort sur la glace. Et pour profiter des passes savantes des joueurs de centre qui se sont succédé à ses côtés, Guillaume a besoin de déployer plus d'efforts, plus d'énergie, plus de combativité.

Le ciel ne lui a pas fait cadeau de ces qualités.

C'est pour ça que les équipes de la LNH ont des clubs-écoles. Pour permettre aux joueurs d'aller développer d'autres qualités tout en peaufinant celles qu'ils ont déjà. Pour apprendre ce qu'il faut faire pour gagner quand les buts et les victoires ne viennent plus d'eux-mêmes.

À 18 ans, Latendresse était trop fort pour les rangs juniors. Ça ne veut pas dire qu'il était prêt pour la LNH. Et en lui faisant sauter l'étape de la Ligue américaine, le Canadien s'est peut-être joué un vilain tour et a rendu un bien mauvais service à son jeune joueur.

Une chose est certaine. Avec un commentaire comme celui d'hier, Guy Carbonneau envoie un message net et ô combien précis à son jeune joueur: «Réveille, mon gars, parce que tu auras bientôt gaspillé bien des chances et il n'en restera peut-être plus...»

Qu'est-ce que ça donnera? Difficile de le prévoir. Mais cette fois, Latendresse ne pourra jamais dire que le message n'était pas clair.