Avec Sheldon Souray puis Mark Streit, le Canadien a terminé premier de la LNH en avantage numérique au cours des deux dernières années.

En ce moment, toutefois, il se classe 25e, n'ayant inscrit aucun but à ses 20 dernières occasions. Le Tricolore n'a pas marqué en avantage numérique à ses quatre derniers matchs.

«Ce qui nous a faits plonger au classement, ce sont les occasions ratées, prétend Guy Carbonneau. Le classement est tellement serré que trois ou quatre occasions ratées ou réussies ont de grosses conséquences.

«On analyse, on étudie les vidéos, on a modifié nos combinaisons. Mais en fin de compte, on aurait besoin d'un petit peu plus d'opportunisme pour grimper au classement.»

Pas plus d'attaque!

Mais se pourrait-il qu'avoir recours à quatre attaquants en avantage numérique ne soit pas une stratégie gagnante?

Dans 16 équipes de la LNH, au moins quatre attaquants font partie des cinq patineurs les plus utilisés sur jeu de puissance au cours d'un match.

Or, depuis le début de la saison, les formations qui gardent le traditionnel «trois avants, deux défenseurs» ont plus de succès (19,4%) que celles offrant un jeu de puissance à quatre attaquants (17,7%).

Même constat l'an dernier, même si l'écart était beaucoup petit (17,9% contre 17,5%).

Tout de même: un attaquant de plus ne donne pas plus d'attaque!

Faire avec ce qu'on a

Pourquoi une équipe décide-t-elle de renoncer à l'attaque à cinq traditionnelle?

«Tu dois y aller en fonction des points forts de ton équipe», répond Peter Laviolette, l'entraîneur des Hurricanes de la Caroline.

«Dans notre cas, la stratégie nous a souri le temps que ça a duré. Matt Cullen évoluait à la pointe quand on gagné la Coupe Stanley.»

Mais, même s'ils ont terminé la saison avec la huitième attaque massive du circuit, les Canes sont revenus à un système plus conventionnel depuis l'acquisition de Joe Corvo et Joni Pitkanen.

«Les joueurs sont plus complets qu'avant. Le jour viendra où les équipes enverront sur la glace leurs cinq patineurs les plus doués, peu importe leur position», croit Ken Hitchcock qui, chez les Blue Jackets de Columbus, a confié la pointe à l'attaquant recrue Jakub Voracek.

«Car en avantage numérique, en plus d'un bon tir de la pointe, ça te prend aussi un véritable fabricant de jeux. Les défenseurs sont devenus tellement bons pour bloquer les lancers que tu dois avoir à la pointe quelqu'un qui peut orchestrer un jeu.

«C'est pourquoi les Blues ont été si efficaces en début de la saison. De la ligne bleue, Paul Kariya était toujours capable de rejoindre un coéquipier.»

Buts et occasions

Chez le Canadien, c'est cette importance du fabricant de jeux qui a amené Alex Tanguay à la pointe.

Ce dernier doit aussi alimenter Andrei Markov, déplacé à droite pour remplir le rôle de franc-tireur.

«On n'a pas été en mesure de remplacer le tir de Mark Streit, c'est vrai, a reconnu Guy Carbonneau.

«Mais quand on analyse nos statistiques, on remarque que le nombre de tirs et d'occasions de marquer générées cette année sont presque identiques à l'an dernier.»

«Moi, j'aime ce qui fonctionne», lance Markov, qui n'a pas de préférence entre les rôles de passeur et de franc-tireur.

«Les occasions de marquer, ce n'est bon à rien. J'aime mieux un but en une occasion qu'aucun but en cinq occasions.»

L'aspect défensif

Le Canadien a peut-être eu recours à quatre attaquants parce qu'il n'avait pas de meilleure solution.

Il reste que Carbo n'a pas eu peur de confronter la mentalité traditionnelle, celle d'avoir deux défenseurs sur l'attaque à cinq pour parer aux contre-attaques.

«Si tu es capable de créer dix chances de marquer et qu'en retour, ça en donne une à l'adversaire, ça vaut la peine de prendre le risque», estime Carbo, qui a vu les siens ne donner qu'un but jusqu'ici avec l'avantage d'un homme.

Il semble que le fait de mettre un attaquant à la pointe ne mène pas à plus de buts pour l'équipe qui se défend.

Depuis le début de la saison, les supériorités à quatre attaquants ont donné 25 buts en 1239 occasions (moyenne de 0,020).

Les attaques à cinq conventionnelles, elles: 26 buts en 1140 occasions (0,023).

Seuls les Blue Jackets de Ken Hitchcock vont à contre-courant. Non seulement leur attaque à cinq est la pire de la ligue, mais personne n'a concédé plus de buts qu'eux (6).

«Si on a donné autant de buts, c'est que les équipes pratiquent un échec-avant extrêmement agressif qui met de la pression sur le porteur à la pointe», explique Hitchcock.

Chez le Canadien, l'adjoint Doug Jarvis observe la même tendance.

«Les Flyers, par exemple, ne font pas que dégager le territoire. À la moindre ouverture, ils foncent et se lancent à l'attaque.»

Ce n'est pas pour rien que Simon Gagné a déjà inscrit quatre buts en désavantage numérique!

Certains coachs font donc le maximum pour diminuer les risques.

«À chaque entraînement, Paul Kariya et Lee Stempniak font au moins un exercice avec nos défenseurs», nous dit Andy Murray, des Blues de St. Louis, qui n'attend que le retour de Kariya pour redéployer un avantage numérique à cinq attaquants.