Il est souvent question de Georges Laraque et de son incapacité à protéger les joueurs du Canadien ces temps-ci.

Mais Laraque a-t-il vraiment quelque chose à se reprocher, ou est-ce le contexte qui rend le travail d'un dur à cuire presque impossible?

Analysons la situation froidement et revenons aux déclarations enthousiastes suscitées par l'embauche de Georges Laraque l'été dernier.

1- «Les équipes adverses ne se permettront plus de folies à l'égard des meilleurs joueurs du Canadien, qui pourront exprimer leur talent plus librement.»

2- «Des joueurs comme Mike Komisarek n'auront plus à jeter les gants, donc on ne risque pas de le perdre pour cinq minutes, ou encore davantage s'il se blesse, car Laraque pourra désormais faire la police à sa place.»

3- «Les joueurs vont grandir de trois pouces avec la présence de Laraque et les agitateurs pourront faire leur travail plus efficacement.»

La saison est bien entamée et il me semble que les coups salauds à l'endroit des joueurs du Canadien n'ont pas disparu et que Carey Price reçoit autant, sinon plus de charges de l'adversaire.

Kurt Sauer a tenté de décapiter Andrei Kostitsyn il y a quelques semaines. Après le match, Laraque a déclaré à propos de Sauer que ce dernier n'était pas un poids lourd et qu'il avait refusé de jeter les gants contre lui. C'est plutôt Kostopoulos qui s'est chargé de Sauer, du moins a-t-il tenté de le faire.

Kovalev a aussi reçu son lot de violents coups, tout comme on ne se gêne jamais pour passer un gant fétide au visage du capitaine Saku Koivu et des autres joueurs offensifs du club. Maxim Lapierre a reçu un violent coup de coude au visage l'autre soir alors que Laraque se trouvait sur la patinoire. Pour le respect, on repassera. Jarkko Ruttu savait qu'il n'aurait pas à affronter Laraque et il a plutôt eu Francis Bouillon dans les pattes.

Jeudi dernier, Milan Lucic a intimidé un peu tout le monde sur la glace. Laraque l'a invité au combat, mais Lucic a tourné les talons pour ne pas avoir à affronter le bagarreur le plus redoutable de la LNH. Komisarek s'est fâché et l'a empoigné. Les choses ont mal tourné. Le défenseur numéro deux du Tricolore a reçu quelques bonnes taloches et il s'est blessé à la main. Il ratera au moins une semaine.

Laraque a expliqué qu'il fallait désormais «envoyer un fax» aux joueurs pour leur demander de se battre et il n'a pas tout à fait tort.

Aurait-il pu agir différemment depuis le début de la saison? On demande aux joueurs de faire preuve de discipline. Laraque est un joueur intelligent et il n'a pas écopé de punitions inutiles depuis le début de la saison. S'il provoque un combat, il écope d'une mineure, d'une majeure et d'une inconduite de 10 minutes. S'il frappe un adversaire qui ne répond pas, il reçoit une majeure et l'adversaire bénéficie d'une longue supériorité numérique.

Ainsi sont faits les règlements en 2008. Depuis l'instauration en 1992 des nouvelles règles visant à punir plus sévèrement ceux qui initient les bagarres, les joueurs peuvent difficilement se faire justice eux-mêmes. Nous en avons la preuve sous les yeux.

Parcimonie

Les durs à cuire, qui ne sont généralement pas ceux qui administrent les coups vicieux, se frottent ensemble et les Kostopoulos de ce monde règlent le cas des Sauer de ce monde, deux joueurs qu'on peut classer dans la catégorie des «fringants».

Il est faux d'affirmer que les joueurs du Canadien offrent un meilleur rendement avec Laraque en uniforme. Lorsqu'il joue, le CH a une fiche de 4-4-1. Quand il n'y est pas, la fiche du club est de 6-0-1.

Laraque pourrait toujours intimider plutôt que tenter de pacifier. Mais, déjà qu'il n'était pas le patineur le plus élégant, une blessure lui a fait rater le camp d'entraînement et en conséquence, il lui est difficile de suivre la cadence. Il n'a pas la vitesse pour atteindre l'adversaire à temps et appliquer des mises en échec sur une base régulière.

Une fiche de -4, la pire de l'équipe, alors qu'il joue en moyenne huit minutes par match, généralement contre les moins bons éléments de l'adversaire, est symptomatique du problème.

On comprend donc que Guy Carbonneau l'utilise avec parcimonie depuis le début de la saison.