«Ça fait deux ans et demi que je suis derrière le banc et l'équipe a toujours su rebondir après des mauvais matchs. Je ne vois pas pourquoi il en serait autrement demain.»

Guy Carbonneau semblait convaincu lorsqu'il a lancé cette remarque aux journalistes qui le harcelaient de question sur les conséquences de l'affreux match de samedi.Mais pour s'assurer que ses joueurs l'aident à avoir raison, l'entraîneur-chef venait de diriger un premier entraînement punitif cette saison. Un entraînement de 75 minutes. Une heure et quart au cours de laquelle les joueurs ont patiné à fond en plus de se livrer à de nombreuses batailles à un contre un le long des bandes et devant le filet. Un entraînement difficile, intense, ardu par moments.

On était loin de l'entraînement d'il y a deux semaines, à Long Island, où les joueurs du Tricolore avaient disputé un match de soccer d'une quinzaine de minutes en guise d'échauffement sur la patinoire.

«On s'y attendait et c'était pleinement mérité. J'ajouterais même que nous en avions besoin», a reconnu d'amblée Christopher Higgins à son retour au vestiaire.

«Il est important d'avoir du plaisir tout en travaillant. Lorsque nous avons amené le ballon de soccer sur la patinoire, le temps était bien choisi pour le faire. Mais ce matin, il fallait retourner au travail», a ajouté Higgins.

Et pour travailler, les joueurs du Canadien ont travaillé.

On a d'ailleurs vu quelques bonnes mises en échec. Higgins s'est fait bardasser par Josh Gorges devant le filet et Mike Komisarek a épinglé solidement le jeune Sergei Kostitsyn avant de lui donner une tape d'encouragement aux fesses.

Le jeune Kostitsyn est resté impassible, mais son aîné de frère l'a vengé en renversant le grand Komisarek sur la patinoire un peu plus tard.

Les deux hommes sont retournés au banc sans se regarder...

«Tout commence par les entraînements. Si tu prends ça aisé dans les entraînements, tu sautes sur la patinoire et tu joues comme nous l'avons fait lors des derniers matchs. Il faut cesser de prendre les entraînements à la légère», a lancé à son tour Alex Kovalev.

Si les statistiques de Kovalev sont intéressantes - deux buts et quatre passes - à ses trois derniers matchs, le meilleur joueur du Tricolore s'est aussi rendu coupable de nombreux revirements en plus d'afficher du jeu mou à plusieurs occasions.

«Nous devons réaliser que nous devons nous présenter pour gagner. Que le talent seul n'y arrivera pas», a ajouté Josh Gorges.

Comédie ou film d'horreur?

L'entraînement devait initialement débuter à 11h.

Carey Price, en sous-vêtements et avec des patins de joueurs aux pieds, est arrivé sur la patinoire une quinzaine de minutes avant l'heure prévue.

Il était seul. Et il est vite rentré au vestiaire lorsque les entraîneurs ont convoqué les joueurs à une séance vidéo. Le visionnement devait durer 45 minutes, mais il était 12:06 lorsque Tomas Plekanec, fidèle à ses habitudes, a été le premier à poser les patins sur la glace pour l'entraînement.

Guy Carbonneau n'a pas eu à réclamer un gros travail de montage de la part de Mario Leblanc, son adjoint responsable des bandes vidéo. Remarquez qu'il aurait pu tirer beaucoup de matériel des derniers matchs difficiles du Canadien.

«Guy s'est contenté de présenter le match de samedi. C'était suffisant», a lancé Christopher Higgins en échappant un petit rire agacé.

Punir; oui, mais pas trop

S'il a serré la vis sur la patinoire hier midi, Guy Carbonneau a aussi tenu à modérer les conséquences de sa décision.

«Je ne suis pas du genre à garder les rondelles dans les chaudières et à faire patiner les joueurs juste pour les faire patiner. Des mauvais matchs, ça arrive. Et nous ne sommes pas aveugles, on sait très bien que tout n'est pas allé sur des roulettes depuis le début de la saison. Mais si nous avons été chanceux de récolter quelques points ici et là comme certains le laissent entendre, d'autres équipes ont été mauditement chanceuses elles aussi. On a perdu samedi à cause d'un manque d'efforts. On est revenus à la base aujourd'hui. J'ai juste hâte de voir comment ils vont décider de jouer le prochain match», a conclu Carbonneau.

Il n'aura pas à attendre bien longtemps, car les Sénateurs d'Ottawa seront au Centre Bell dès ce soir.

À noter qu'en ce jour du Souvenir, la rencontre débutera à 19h au lieu de 19h30, l'heure habituelle en semaine.