Le Canadien peut se compter chanceux: Jaroslav Halak n'est pas une diva. Si Jaroslav Halak était une diva ou un de ces gardiens un peu «spéciaux» (comme Ed Belfour, mettons), le vestiaire de l'équipe aurait déjà été le théâtre de quelques crises spectaculaires. Si Halak était une diva, Bob Gainey serait au téléphone à essayer d'échanger son gardien mécontent au plus vite.

Mais ce n'est pas le cas. En fait, Jaroslav Halak se porte très bien merci dans son rôle de deuxième gardien. «Ce n'est pas comme si j'avais beaucoup d'expérience de toute façon, m'a expliqué timidement le joueur slovaque dans le vestiaire du Centre Bell hier midi. Carey (Price) mérite de jouer parce qu'il a plus d'expérience que moi. Avant de penser à devenir un gardien numéro un, je dois m'établir et prouver que je peux être un bon gardien dans cette ligue. Je dois faire mes preuves.» 

Non, je ne vais pas tenter de créer une bonne vieille controverse des gardiens. On va garder ça pour les semaines creuses de mars. De toute façon, ce serait une immense perte de temps, puisque les dirigeants du Canadien voient Carey Price aussi gros que le Centre Bell.

Mais le Canadien a de la chance. Halak, c'est un choix de neuvième ronde. Le genre de choix que les dirigeants d'une équipe font après le 20e café et la quatrième bouteille de Tylenol. Autrement dit, Halak a probablement déjà dépassé toutes les attentes que le Canadien avait en lui.

La saison est encore jeune. Le mec de 23 ans n'a disputé que deux parties jusqu'ici. Deux. Alors, on ne va pas partir en peur et prétendre qu'il va devenir un gardien vedette dans la LNH d'ici deux mois. Mais le talent est là, ça ne fait aucun doute. S'il continue comme ça, ce type va finir par être un gardien numéro un dans cette ligue. Ici ou ailleurs.

En fait, ce sera probablement ailleurs. À moins que Price ne se fasse kidnapper par un obscur groupe d'extrémistes (ou par des partisans des Maple Leafs), le filet du Canadien sera le sien pendant longtemps. Carey Price est un choix de première ronde, et les choix de première ronde ont une durée de vie assez longue.

Halak le sait très bien. Et ça ne lui cause aucun problème avec ça. «Carey a prouvé ce qu'il peut faire, explique-t-il. C'est lui qui est le plus expérimenté. Moi? Disons que je suis heureux de mon début de saison, mais en même temps, je n'ai pas joué contre des grandes équipes; j'ai joué contre Toronto et contre la Floride...

«Mais une victoire est une victoire, et je me sens bien. Je dois dire que j'ai trouvé ça difficile l'an passé. C'était difficile de devoir retourner dans les mineures à Hamilton, et c'était difficile de devoir jouer un match en séries après avoir passé deux ou trois semaines sur le banc. Mais j'ai appris. Maintenant, j'essaie juste d'être moi-même.»

À 750 000$ cette saison, Jaroslav Halak s'avère une belle aubaine pour le Canadien. En plus, il représente une jolie monnaie d'échange pour l'équipe. À force d'être nommé dans quelque chose comme 150 rumeurs d'échange chaque semaine, le Canadien va peut-être finir par bouger, par aller chercher ce fameux quatrième défenseur qui manque tant à l'équipe. Ou encore ce fameux ailier droit slovaque. On verra bien, mais il est clair que Halak pourrait en intéresser plusieurs.

En attendant, le jeune homme est dans une belle position: il n'a pas la pression du gardien numéro un, et en plus, sa valeur augmente un peu plus à chaque bonne performance. C'est ce qui est bien pour un joueur comme lui, qui en sera à sa dernière année de contrat la saison prochaine. Tout ce qu'il a à faire, c'est d'être patient et de continuer comme ça. Un jour, quelqu'un finira bien par lui donner un gros contrat bien juteux, ainsi qu'un poste de numéro un.

Ici ou ailleurs... mais sans doute plus ailleurs qu'ici.