Lorsque Craig Rivet a appris qu'il quittait le nord de la Californie pour mettre le cap sur le nord de l'État de New York, son monde s'est écroulé.

Moins de deux ans après son arrivée dans l'un des paradis de la LNH, il se retrouvait soudain dans un coin perdu de la Sibérie.

 

Côté hockey, la nouvelle faisait mal. Il quittait les Sharks, une équipe qui lorgne la Coupe Stanley encore cette année, pour les Sabres, un club qui luttera pour une place en séries.

Côté personnel, la nouvelle faisait plus mal encore. Il quittait San Jose pour Buffalo. Fini le temps béni d'aller à la patinoire en «gougounes» et en shorts au volant d'une décapotable.

Retour aux bottes, aux tuques et à la chaufferette soufflant à fond la caisse. Fini aussi le temps béni d'avoir à répondre aux rares questions posées par le seul journaliste qui suit les activités des Sharks. Retour à la pression des médias et de partisans pour qui le hockey est au centre des préoccupations.

«La nouvelle m'a assommé», convient le vétéran défenseur âgé de 34 ans, qui réfute les informations selon lesquelles il aurait même songé à prendre sa retraite... tout en admettant qu'il a eu besoin d'une dizaine de jours pour digérer la nouvelle.

«Je faisais partie d'une très bonne équipe et la direction me donnait toutes les indications me laissant croire que j'étais là pour longtemps. J'avais développé de belles amitiés, je jouais avec des gars formidables comme Joe Thornton et Patrick Marleau. Ce fut donc un choc», raconte celui qui est passé des Sharks aux Sabres en compagnie d'un choix de septième ronde en 2010 pour deux choix de deuxième ronde des Sabres en 2009 et 2010.

Capitaine Craig

À quelques heures d'un premier match dans l'uniforme des Sabres, Rivet assure que le choc est passé. Qu'il est remis! Que sa famille l'est aussi. Il faut dire que sa nouvelle équipe lui a souhaité toute une bienvenue en le nommant capitaine mercredi.

«Ça faisait quelques saisons qu'on échangeait le titre de capitaine durant la saison. Les gars voulaient un vrai capitaine. Nous sommes passés au vote et c'est Craig qui a gagné», explique Jason Pominville, qui aurait pu remporter ce scrutin.

«Il a l'âge et l'expérience d'un côté, mais il nous a tous épatés par sa joie de vivre dans le vestiaire et par son entrain sur la patinoire. Au début de l'été, j'aurais été surpris d'entendre quelqu'un lancer le nom de Craig comme capitaine, mais aujourd'hui, je t'assure qu'il mérite pleinement ce titre», a ajouté Derek Roy.

Le principal intéressé a grandement apprécié sa sélection. «Je ne suis pas le plus doué, le plus talentueux. Mais je m'assurerai de prêcher par l'exemple. En donnant le maximum à toutes les présences, en m'assurant d'être un bon trait d'union entre le bureau du coach et le vestiaire», a promis Rivet, qui a déjà porté le C à sa dernière année avec le club-école du Canadien à Fredericton.

Accéder aux séries

Comment le nouveau capitaine aborde-t-il l'année à la tête d'une équipe qui bataillera pour les séries alors que son ancienne visait la Coupe Stanley?

«Nous avons autant de chances que n'importe qui. Il y a du talent dans ce vestiaire. Cette équipe est capable de marquer des buts et compte sur un excellent gardien (Ryan Miller). Avec le retour en forme de Teppo Numminen, la présence d'autres bons vétérans et mon arrivée, je crois que nous aurons une très bonne défense également. Nous sommes capables de rivaliser avec n'importe qui et de confondre tous ceux qui nous écartent des séries.» S'il est confiant à l'aube d'une première saison à Buffalo, sa 14e dans la LNH, Rivet assure qu'il est plus nerveux à l'idée de croiser le Canadien.

«L'an dernier, lors de mon tout premier match à vie contre le Canadien, les genoux me claquaient encore après deux périodes. Je verrai le Canadien plus souvent, et je jouerai à Montréal dans un uniforme autre que celui du bleu, blanc, rouge. Mais chaque fois ce sera une expérience. Cette équipe représente encore tellement à mes yeux. Elle m'a repêché, m'a lancé dans la LNH et je lui dois énormément.»