Plus encore que les exploits des jeunes Max Pacioretty et Yannick Weber ou que sa fiche de six victoires et trois revers en matchs préparatoires, le camp d'entraînement du Canadien a surtout retenu l'attention à cause des blessures en cascade qu'ont essuyées ses joueurs.

Le fait d'avoir disputé six matchs préliminaires en sept soirs, et d'avoir entrepris cette séquence après seulement six heures d'entraînement n'a certainement pas aidé.

Résultat: même s'il se dit enchanté de son troisième camp à la barre du Canadien à titre d'entraîneur-chef, Guy Carbonneau assure que celui de l'an prochain sera différent.

«Je voudrais pouvoir profiter de quatre jours d'entraînement avant de commencer les matchs hors concours. On pourrait casser les gars un peu. Ils arrivent en forme, c'est vrai. Mais de tomber en situation de match si vite a contribué aux blessures à l'aine que nous avons déplorées. Après quatre jours d'entraînement, les gars seraient mieux préparés», a soutenu Guy Carbonneau samedi midi après l'exercice matinal de son équipe.

De l'autre côté du Centre Bell, l'entraineur-chef du Wild du Minnesota, Jacques Lemaire, a plongé dans l'ironie qui l'a toujours caractérisé.

«Ça fait 50 ans que je suis dans le hockey. Avant, un camp d'entraînement servait à entraîner les gars, à leur montrer des choses, à les préparer. Là, comme coach, tu dois les ménager parce que tu joues trop souvent. C'est le monde à l'envers.»

Mais il y a pire aux yeux de Lemaire.

«Je dirige ce soir un cinquième match en six jours. C'est trop parce qu'on ne voit jamais ça en saison. Mais en plus, je rentre au Minnesota où on va attendre les Bruins de Boston jusqu'au 11 octobre. On va faire quoi maintenant? Jouer aux cartes pendant une semaine? La Ligue a retardé le calendrier d'une semaine pour donner une chance aux clubs partis en Europe. Je veux bien. Mais pendant qu'ils jouent là-bas on perd notre temps ici», d'ajouter Lemaire.

Calendrier à revoir

Parce que les joueurs ne touchent pas de salaire durant les camps, comme en séries éliminatoires, un club comme le Canadien a tout intérêt à disputer le plus grand nombre possible de matchs préparatoires au Centre Bell.

En accordant au Canadien des revenus de 150$ par billet vendu en matchs préparatoires - prix du billet et revenus aux concessions et kiosques à souvenirs - c'est près de 3 millions$ qui entrent dans les coffres puisque chaque match a été disputé à guichets fermés.

Il y a des salaires à verser aux employés du Centre Bell et d'importants frais d'exploitation à payer, mais finalement le Canadien profite de ces matchs pour obtenir des dollars nécessaires pour attirer de bons joueurs à Montréal.

Guy Carbonneau en est très conscient.

«C'est normal que l'équipe fasse de l'argent avec ces parties. Mais je me demande si, en divisant les équipes en deux groupes comme tous les clubs le font, si nous ne pourrions pas jouer deux matchs le même soir. Un groupe va à Boston par exemple et l'autre reçoit les Bruins ici. On diminuerait ainsi les jours de matchs sans toucher au nombre de parties disputées. Ça nous permettrait de mieux répartir les matchs et de se garder plus de temps pour l'entraînement», suggérait Guy Carbonneau samedi.

S'inspirer de la NFL

Directeur général des Panthers de la Floride, Jacques Martin préconiserait une approche axée davantage sur l'enseignement et l'entraînement.

«J'aimerais imiter un peu ce qui se fait dans la NFL. Je verrais très bien mon équipe s'entraîner du lundi au vendredi avant de disputer deux matchs en fin de semaine. On reprendrait le même scénario au cours de la deuxième semaine. On pourrait ajouter quelques autres matchs une fois l'équipe complétée et sauter aussitôt en saison», expliquait Martin lors de l'escale de son équipe à Montréal durant le camp.

Jacques Lemaire sourit lorsqu'on lui fait part de cette option.

«Moi, tout ce que je veux, c'est qu'on se serve de nos têtes. Qu'on prenne le chemin qu'on voudra, mais qu'on équilibre les affaires pour ne pas jouer tous nos matchs un derrière l'autre en exposant nos gars à des blessures pour se ramasser avec une semaine à ne rien faire avant de commencer pour vrai.»