La crise financière qui secoue les États-Unis pourrait avoir des répercussions dans le monde du hockey. Mais, questionné à ce sujet hier, Pierre Boivin n'anticipe pas de problème à court terme.

«À Montréal, je ne pense pas qu'on va ressentir la secousse aussi fort. En fait, pour que des équipes connaissent des difficultés à cause de la crise économique, il faudrait qu'on soit rendus très loin.

«La grande question, c'est de savoir quel impact aura cette crise sur le dollar canadien. J'ai parlé à des gens de cinq banques depuis hier, et personne ne peut le prédire... »

Mais de là à dire que la Ligue nationale traversera cette période comme si de rien était, il y a un pas que Pierre Boivin ne veut bien sûr pas franchir.

«Tout dépendra de la longueur et de la profondeur de la crise, précise M. Boivin. Mais je ne peux pas m'imaginer qu'un marché comme celui de New York, où 30 000 banquiers ont perdu leur emploi, ne s'en ressentira pas.»

Il n'est pas farfelu d'entrevoir un impact auprès des compagnies qui achètent des loges. Ou encore auprès de tous ceux qui, s'ils ont perdu leur pactole, seront moins enclins à acheter des abonnements de saison.

«Les ententes avec nos partenaires corporatifs ainsi que les loges sont vendues longtemps à l'avance, note toutefois M. Boivin.

«Et les équipes qui ont le défi de remplir leur édifice l'ont toujours, peu importe les événements des derniers jours.»

Il est vrai que la situation à Montréal est beaucoup plus favorable qu'ailleurs. Même les Red Wings de Detroit, champions en titre de la Coupe Stanley et champions d'un modèle de gestion saine, sont mis à plus rude épreuve.

«Aux États-Unis, l'humeur économique est préoccupante dans n'importe quelle industrie», a dit Ken Holland, le directeur général des Red Wings.

«Mais chez nous, la ville de Detroit et l'État du Michigan connaissent des ennuis depuis déjà deux ans, avec les problèmes des trois géants de l'automobile.

«Et puis il y a le lock-out qui a durement touché la vente d'abonnements de saison. Heureusement, on se maintient depuis deux ans. Nous avons joué à guichets fermés la majorité de l'année, et c'est bien sûr que notre conquête de la Coupe a aidé.

«Mais il faut trimer dur pour que ça reste ainsi.»

Attention au surendettement

Les six équipes canadiennes contribuent à plus de 35 % des revenus de la ligue. On connaît la situation précaire de plusieurs marchés américains, comme Nashville et Phoenix.

Avec les événements des derniers jours, pourrait-on atteindre un point où des équipes en viendraient à payer leurs joueurs à même leur marge de crédit ? « Les équipes utilisent déjà leur marge de crédit pour tout un tas de dépenses, fait valoir Pierre Boivin.

«Ce qu'il faut se demander, c'est s'il n'y a pas d'équipes qui sont en position de surendettement. Mais la LNH fait très attention à ce niveau-là. Elle a des barèmes que les équipes doivent respecter.

«Toutes les équipes doivent remettre à la ligue leurs rapports financiers et ceux de leur amphithéâtre. La ligue est au courant de tout. Et s'il le faut, elle peut reprendre possession d'une concession, comme ça a déjà été le cas avec les Sabres de Buffalo. »

Mais on est encore loin de tout ça.

Pour l'instant, estime même Pierre Boivin, le dollar-loisir n'est pas menacé par la récession. «En périodes difficiles, les gens ont besoin d'évasion, de divertissements, suggère le président du Canadien. Ils ne se tournent pas nécessairement vers le sport, mais je crois que ce sont surtout les plus grosses dépenses - les voyages, les rénovations, l'achat d'une nouvelle voiture - qui vont écoper.»