Pas de médaille d'or depuis celle de 2009. Pas de finale depuis celle de 2011. Certains parlaient d'une panne passagère pour Équipe Canada junior (ECJ). D'autres évoquaient des problèmes plus sérieux dans la formation des joueurs, ou pire, la fin de la dominance canadienne sur ce sport créé sur ses étangs gelés. Un déclin. La fin d'une époque.

Ceux-là pourront se rassurer. Lundi soir, au Air Canada Centre de Toronto, Équipe Canada junior a battu la Russie au compte de 5-4 dans un match endiablé. Elle a mis fin à une disette de cinq ans.

Mais elle a livré un match qui n'était pas à l'image de son tournoi. Celui-ci a été presque parfait. La victoire contre les Russes aura été brouillonne. Les Canadiens ont bien failli laisser filer une avance de quatre buts. Ils sont passés proche de la débâcle, mais ont réussi à sauver les meubles en troisième période.

Cette médaille d'or est la 16e du Canada en 38 participations au Mondial junior. Un chiffre impressionnant. Elle représente aussi la troisième remportée par un entraîneur québécois avec ECJ, alors que Benoît Groulx a mené de main de maître son équipe jusqu'à la première marche du podium.

Le Canada a entamé le match en trombe. Avec seulement 23 secondes écoulées, Anthony Duclair, sur une passe de Max Domi, tire en pleine lucarne. C'est le premier tir du match et Igor Shestyorkin n'y voit que du feu. La foule rugit.

Deux minutes plus tard, Brayden Point fait une montée à l'emporte-pièce, puis sert une belle passe à Nick Paul, qui ne rate pas. C'est 2-0.

Le match n'est pas vieux de trois minutes. Le bruit est assourdissant dans le Centre Air Canada. L'équipe russe est assommée et l'entraîneur Valeri Bragin décide de changer le gardien. Il envoie Ilya Sorokin au combat.

Mais les Russes ne se sont pas rendus en finale pour rien. Ils ont de gros canons. À la neuvième minute, Dmitry Yudin tire de loin et trompe Zachary Fucale.

Après cinq minutes de jeu en deuxième, Connor McDavid reçoit une longue passe de Josh Morrissey et passe la rondelle entre les jambières de Sorokin pour faire 3-1.

Max Domi fait 4-1 deux minutes plus tard. Puis Sam Reinhart l'imite à la 12e minute. C'est maintenant 5-1 pour le Canada. La Russie semble dépassée par la vitesse de son adversaire. Le match semble bel et bien dans la poche.

Les Russes répliquent

Mais il faut se méfier des apparences. À la 14e minute, en avantage numérique, Ivan Barbashyov libère du bâton une rondelle que Fucale pensait avoir immobilisée. Elle traverse lentement la ligne rouge.

C'est le premier de trois buts russes marqués en trois minutes. Sergei Tolchinski fait mouche, puis Nikolai Goldobin profite d'une punition de Samuel Morin.

Le Canada termine la deuxième période avec une avance de 5-4 et le sentiment de ne plus être en contrôle de rien. Cette équipe, qui n'avait accordé qu'un but en désavantage numérique en six matchs, venait d'en concéder deux en une période.

La troisième commence sur un rythme endiablé et ne déçoit pas les partisans. Pour ceux des deux équipes, pour les entraîneurs, ces minutes ont dû être un long calvaire. Un suspense intenable. Mais pour tout amateur de hockey, elles étaient un plaisir pour les yeux. Quel match, quelle période!

Les défenseurs canadiens, pris en défaut en deuxième période, adoptent un style d'extrême prudence. La stratégie permet de limiter les dégâts et les Canadiens se sauvent avec la victoire. Ils ont tiré 21 fois au filet, contre 29 lancers pour les Russes. Jamais dans ce tournoi ils n'avaient été dépassés au chapitre des tirs au but.

Équipe Canada junior va maintenant tenter de défendre son titre l'année prochaine à Helsinki, en Finlande. Ils auront toujours la pression des champions en titre. Mais les histoires de disette, elles seront devenues du passé. Pour un an ou deux, au moins.