C'est drôle comme les choses changent vite dans le hockey international. Équipe Canada junior avait entamé l'année 2014 par une sortie rapide au dernier Mondial, humiliée au compte de 5-1 par la Finlande le 4 janvier. Voilà que la sélection canadienne clôt l'année en lion sur une victoire de 5-3 contre les Américains.

Mercredi après-midi dans un Centre Bell presque rempli, les Canadiens sont sortis victorieux d'un match d'une rare intensité. Les Américains étaient venus pour jouer, mais l'équipe locale s'est montrée intraitable à l'attaque, avec 43 tirs contre 28.

La troupe de Benoît Groulx a surtout réussi à sortir indemne d'une fin de match endiablée, où quatre buts se sont marqués en moins de trois minutes.

Avec cette victoire, l'équipe canadienne s'assure de la première place du Groupe A. Elle va maintenant affronter le Danemark, mené par Olaf Eller, en demi-finale vendredi à Toronto. 

Cette victoire est la quatrième en autant de matchs pour l'équipe canadienne, qui a connu un parcours parfait en ronde préliminaire, disposant de la Slovaquie, de l'Allemagne, de la Finlande et des Etats-Unis avec 21 buts pour et 4 buts contre. 

L'entraîneur Benoît Groulx a dressé un bilan largement positif de cette ronde préliminaire au cours de laquelle seule la Suède, dans le Groupe B, a amassé autant de points. 

« Je pense qu'on a réussi à imposer notre rythme dans les matchs, on a réussi à être productifs avec nos quatre trios, nos sept défenseurs. On a vu beaucoup de bonnes choses, a commenté Groulx. Mais on doit encore s'améliorer. Même après ce soir, on a des choses à améliorer, des fois c'est le positionnement, des fois c'est le jeu avec la rondelle, des fois c'est la transition.» 

Ce match aura aussi été celui de la rivalité, un peu artificielle disons-le, entre les deux principaux espoirs du prochain repêchage, Connor McDavid et Jack Eichel. Comme on pouvait s'y attendre, ni l'un ni l'autre n'a été le principal moteur offensif de son équipe. Eichel a obtenu une passe, tout comme McDavid. Sur papier, c'est donc match nul.

Les deux entraîneurs n'ont pas montré beaucoup d'entrain lorsqu'interrogés à ce sujet. « Je ne peux pas parler d'Eichel, je suis assez occupé à regarder mes gars, a lancé Groulx. Mais je pense que Connor a connu un bon match. Il a créé quelques chances de marquer. »

Haute intensité

Le ton est donné au match dans les premières secondes, quand Tyler Motte tire du revers sur le gardien canadien Eric Comrie. Un certain Jack Eichel bondit sur le retour mais tire hors cible. Le filet est déplacé, le jeu arrêté mais Max Domi, lui, continue. L'attaquant canadien en profite pour accueillir Eichel au Centre Bell en lui offrant deux ou trois gentils double-échecs. 

La séquence a permis de constater deux choses : le match sera intense et le gardien canadien sera testé comme jamais à date dans ce tournoi. 

La foule a fait aussi sa part, en huant copieusement l'Américain de 18 ans et en scandant « Aille-Kel, Aille-Kel... »

Les deux gardiens se signalent tôt dans le match. Thatcher Demko doit faire quelques arrêts clés, surtout en fin de période. 

En deuxième période, tout déboule. Sept minutes chaudement disputées s'écoulent quand Max Domi saisit la rondelle en zone neutre. Il se débarrasse d'un défenseur américain puis tire. Demko fait l'arrêt, mais Sam Reinhart se saisit du retour, remet une courte passe à Domi qui cette fois ne manque pas. 1-0 Canada.

Domi connaîtra d'ailleurs un autre match inspiré. Avant la fin de la rencontre, la foule scandera son nom, probablement la première fois que « Domi » aura résonné dans le Centre Bell autrement que comme un chant de dérision...

Les Américains sont à peine remis de ce but que leur meilleur marqueur, Dylan Larkin, écope d'une punition pour bâton élevé. Les Canadiens, qui ont marqué sur la moitié de leurs avantages numériques dans les trois premiers matchs du tournoi -50% d'efficacité, meilleur taux parmi les 10 équipes - en profitent.

L'attaquant Robby Fabbri remet à la pointe au défenseur Josh Morrissey, qui envoie un boulet de la ligne bleue. 2-0.

Les Américains ont maintenant besoin de quelque chose pour relancer leur match. Le Québécois Anthony Duclair leur fournit l'occasion en écopant d'une punition pour avoir fait trébucher. 

La réplique américaine est fulgurante : Jack Eichel remet à Sonny Milano, qui remet à Anthony Deangelo qui marque. Eric Comrie n'y pouvait pas grand-chose. C'est 2-1 pour le Canada.

Ce désavantage numérique était le 13e du Canada. Dans les 12 premiers, les Canadiens avaient résisté, mais ça ne pouvait pas durer éternellement.

 Fin de match endiablée

Le début de la troisième change la donne : les Américains peinent maintenant à générer des chances à l'attaque. Les Canadiens, eux, bourdonnent toujours devant Demko. 

Vers la moitié de la période, Connor McDavid récupère une rondelle en zone neutre et démarre d'une de ses légendaires accélérations. Il parvient à déborder un défenseur américain et tire. Demko fait l'arrêt. La rondelle est enfouie sous sa jambière mais l'arbitre n'a pas sifflé quand Curtis Lazar entre en collision avec le gardien. Son patin heurte la jambière gauche de Demko. La rondelle franchit la ligne rouge. 

Le but est revisé à l'aide de la vidéo, mais est jugé bon. 3-1 Canada. McDavid obtient une aide sur le but.

Après le match, les Américains ne voudront pas revenir sur ce but qui, en rétrospective, est décisif. « Je n'ai pas eu l'occasion de le revoir. Je n'ai pas parlé à l'arbitre. J'ai simplement vu un joueur rentrer dans le gardien, explique l'entraîneur américain, Mark Osiecki. On demande à nos joueurs de faire la même chose, d'entrer dans l'enclave. Alors je ne peux pas vraiment commenter. »

Les Américains semblent maintenant ne plus aller nulle part. La foule se met à faire la vague. Quelques « Olé! » retentissent. Puis au moment où on ne les attendait plus, ils répliquent : Sonny Milano feinte et se fraye un chemin jusqu'au but canadien, remet une passe parfaite à Dylan Larkin, qui marque. 

Avec 3-2 au tableau et deux minutes à faire au match, l'entraîneur américain Mark Osiecki décide de retirer son gardien. À six joueurs, les Américains menacent, réussissent plusieurs tirs dangereux repoussés par Eric Comrie qui joue tout un match. Puis Sam Reinhart chipe la rondelle à un défenseur américain et l'enfonce dans le filet désert.

La fin du match ne semble plus qu'une formalité. Les Américains ont remis leur gardien. Mais Larkin - encore lui! - réussit un tir parfait dans la lucarne à 32 secondes de la fin du match. C'est son 5e but du tournoi pour cet espoir des Red Wings de Detroit.

C'est 4-3. Le gardien américain retourne au banc. Mais Max Domi se saisit de la rondelle et marque dans un filet désert et fait 5-3. Cette fois-ci, ce sera la marque finale.

Équipe Canada junior va s'entraîner jeudi à Toronto, où elle poursuivra son tournoi. Benoît Groulx a voulu garder le suspense quant au gardien qui fera face au Danemark. « Notre but est de se préparer pour le prochain match, note Groulx. Contre le Danemark, on va se préparer comme on l'a fait contre la Slovaquie, la Finlande ou les Etats-Unis. »

Les Tchèques en quarts de finale

Patrik Zdrahal a inscrit ses deux premiers buts du Championnat du monde de hockey junior, David Pastrnak a contribué trois mentions d'aide et la République tchèque a surpris la Russie 4-1 mercredi soir.

La victoire des Tchèques (2-2-0) les a propulsés vers un match de quart de finale vendredi. La Russie (2-2-0) a aussi atteint les quarts de finale, et elle se rendra à Montréal pour y affronter les États-Unis.

«C'est une sensation incroyable parce qu'avant la rencontre, nous manquions beaucoup de confiance en nos moyens parce que nous ne jouions pas très bien. Aujourd'hui, nous avons joué comme une équipe transformée, a mentionné le capitaine tchèque Dominik Kubalik, un espoir des Kings de Los Angeles. Nous formons une meilleure équipe que celle qui a commencé le tournoi.

«Je crois que nous l'avons démontré aujourd'hui. Nous avons joué avec intensité. C'est ce qu'il faut faire.»

La victoire des Tchèques a également éliminé la Suisse.

Pavel Zacha et Onrej Kase ont inscrit les autres filets de la République tchèque, et Miroslav Svoboda a effectué 16 arrêts.

Pastrnak, le choix de première ronde des Bruins de Boston en 2014, a marqué un but et récolté six mentions d'aide en quatre matchs jusqu'ici dans le tournoi. L'espoir des Jets de Winnipeg Jan Kostalek a amassé deux passes dans la victoire.

«C'était important. Nous jouions pour le deuxième rang du groupe, a rappelé Pastrnak. Je crois que nous avons connu un meilleur début de match. Nous étions supérieurs en première période. Nous contrôlions le jeu.»

Ivan Barbashev a répliqué pour les Russes, qui ont bénéficié des 22 arrêts de l'espoir des Rangers de New York Igor Shestyorkin.

Dans le premier match de la journée, Oskar Lindblom a réussi un tour du chapeau et William Nylander a contribué trois mentions d'aide dans un gain de 5-1 de la Suède contre la Suisse.

Adrian Kempe et Jens Looke ont complété la marque pour les Suédois (4-0-0-0), qui sont déjà assurés du premier rang dans le groupe B.

Yannick Rathgeb fut le seul à riposter dans le camp suisse (1-0-1-2).

En fin de soirée, Ville Husso a stoppé les 24 tirs dirigés vers lui pour permettre à la Finlande de blanchir l'Allemagne 2-0.

Les Finlandais (1-2-1) ont ouvert la marque rapidement, Julius Honka trouvant le fond du filet après seulement 2:47 de jeu. Mikko Rantanen a inscrit l'autre filet de la Finlande, qui croisera le fer avec la Suède vendredi après-midi en quarts de finale à Toronto.

Kevin Reich a réalisé 36 arrêts devant le filet des Allemands (0-4-0), qui affronteront la Suisse en ronde de relégation vendredi matin.

- La Presse Canadienne