Peu de gens obtiennent une deuxième chance d'occuper un poste qu'ils ont refusé dans le passé, mais les dirigeants de Hockey Canada trouvaient que Benoît Groulx la méritait. Ils ont donc offert le poste le plus difficile de tout le hockey junior à l'homme de 46 ans: entraîneur-chef d'Équipe Canada au Championnat mondial junior, dans un tournoi disputé à Montréal et Toronto.

Groulx, l'entraîneur des Olympiques de Gatineau, avait été nommé entraîneur-chef de l'équipe canadienne en 2009 avant de quitter son poste pour accepter l'offre des Panthers de la Floride, qui lui ont alors cédé les rênes de leur club-école de la Ligue américaine, les Americans de Rochester.

«Ça n'a pas été une occasion ratée, mais plutôt une occasion se présentant au mauvais moment, a déclaré Groulx cette semaine. Je dirigeais dans le hockey junior depuis sept ou huit ans et j'ai reçu cette offre de (l'ex-directeur général des Panthers) Jacques Martin et pour moi, c'était naturel de gravir les échelons et de l'accepter.

«Maintenant, je me sens privilégié de diriger cette équipe, car c'est rare d'obtenir cette chance pour une deuxième fois. Quand je suis revenu de Rochester, je me disais que j'aimerais obtenir de nouveau cette chance. Mais je sais aussi qu'il y a de très bons entraîneurs dans le hockey junior. C'est pourquoi c'est tout un privilège que d'obtenir cette deuxième occasion.»

Son retour s'est amorcé il y a un an, quand il a été nommé adjoint à Brent Sutter pour le tournoi en Suède, où la deuxième plus jeune équipe de l'histoire du Canada a terminé au pied du podium. La formation de cette année compte sur sept joueurs qui ont pris part au tournoi suédois, dont Connor McDavid et le capitaine Curtis Lazar, qui jouait dans la LNH jusqu'à la semaine dernière.

Cette équipe plus expérimentée dispose également de plus de talent en attaque. De ne pas ramener de médaille, comme le Canada l'a fait au cours des deux dernières années, ne fait pas partie des scénarios envisagés. Mais pour les dirigeants, le véritable objectif est de mettre fin à la disette de cinq ans sans médaille d'or.

Groulx comprend que toute cette pression soit placée sur l'équipe. Son message au joueur a été de s'en nourrir.

L'homme est perçu comme un entraîneur dur, qui demande du hockey sans fioriture de la part de ses joueurs, mais aussi comme quelqu'un qui prend les bonnes décisions en cours de match.

«Il a été très direct avec nous, a indiqué le gardien Zachary Fucale. Il a toujours été très honnête. Il dit toujours la vérité, que ce soit à l'entraînement ou pendant les matchs. Il veut vraiment que nous offrions le meilleur de nous-mêmes.»

En plus d'affectionner le «style canadien», Groulx dispose d'une vaste expérience internationale. Après avoir été un centre productif pour les défunts Bisons de Granby, Groulx a disputé 11 saisons en France. De retour en 2000, il a passé une année à titre d'adjoint chez les Cataractes de Shawinigan avant d'obtenir le poste à Gatineau. Ses équipes ont remporté le championnat de la LHJMQ en 2003, 2004 et 2008 et il a été nommé entraîneur de l'année en 2004.

Il a aussi été l'adjoint à Dave Cameron au Mondial des moins de 18 ans en 2004, en plus de servir d'adjoint à Sutter pour la Super Série contre la Russie en 2007, dominée 7-0-1 par le Canada.

Choix naturel pour diriger l'équipe canadienne au tournoi d'Ottawa en 2009, Groulx a plutôt opté pour le poste qui à son avis lui permettrait de gravir plus rapidement les échelons vers la LNH.

Ses deux années à Rochester ont été correctes. Il a raté les séries lors de la première saison, mais s'est qualifié lors de la deuxième. Ted Nolan a alors été nommé vice-président des opérations hockey et comme les deux hommes n'étaient pas sur la même longueur d'onde, il a décidé de quitter avec encore un an de contrat pour retourner à Gatineau.

«J'ai appris qu'au hockey professionnel, vous êtes embauché par un groupe de personnes. Quand ce groupe n'est plus en place, les philosophies changent. Soit vous faites partie du portrait, soit vous ne cadrez pas du tout. Je trouvais que je n'en faisais pas partie et j'ai décidé de retourner au junior.

«J'avais aussi un jeune enfant à la maison (son fils Benoît-Olivier, maintenant un prometteur joueur bantam) et c'était difficile pour moi d'en être éloigné. La meilleure chose à faire était de retourner dans les rangs juniors. Si ça avait été ailleurs qu'à Gatineau, je serais probablement resté une année de plus à Rochester, mais d'avoir la chance de revenir a facilité ma prise de décision.»

Ça a pris quelques années avant que son nom ne se mette de nouveau à alimenter les discussions pour l'équipe nationale, mais la direction de Hockey Canada a cru qu'il méritait une autre chance.

«Quand il a quitté le poste, ça a été une déception pour nous, a admis Scott Almond, vice-président des équipes nationales à Hockey Canada. Mais il demeure un bon entraîneur. Il est revenu au hockey junior et a prouvé sa valeur, alors nous l'avons de nouveau accueilli au sein de nos rangs l'an dernier et cette année, il est l'entraîneur-chef.»

Il y a encore de bonnes chances pour que Groulx devienne entraîneur dans la LNH, mais il refuse d'en parler à quelques jours du début du tournoi.

«Présentement, je n'y pense pas du tout. J'apprécie énormément le Mondial junior. Mon but était de venir ici, de mettre sur pied la meilleure équipe qui soit, de travailler avec elle tous les jours et d'apprécier tout cela. Après, je retourne à Gatineau, où nous devrons améliorer notre équipe et tenter d'avoir un long parcours en séries. Je ne regarde pas plus loin que cela.»