Même si le passage en séries de la jeune sensation de 16 ans Alexis Lafrenière a pris fin abruptement mardi, en première ronde, les discussions concernant l'attaquant de l'Océanic de Rimouski ne sont pas sur le point de s'estomper.

Il y a de ces coïncidences qui font parfois sourire, que ce soit la date de naissance commune des légendes Mario Lemieux et Patrick Roy, le 5 octobre 1965, ou encore le village d'origine des vedettes de la LNH Sidney Crosby et Nathan MacKinnon, Cole Harbour en Nouvelle-Écosse, qui compte seulement 25 000 habitants. Dans le cas de Lafrenière, c'est déjà la ressemblance avec le parcours de Vincent Lecavalier qui fait sourciller.

Lafrenière a remporté le titre de recrue de l'année, mercredi, au gala des Rondelles d'or, quelques minutes avant l'intronisation de Lecavalier au Temple de la renommée de la LHJMQ. Même si on ne parle pas de passation du flambeau, le jeune homme s'élève comme un digne héritier de l'ancien numéro 4 du Lightning de Tampa Bay.

Les deux joueurs ont été sélectionnés par l'Océanic au premier tour du repêchage de la LHJMQ et ils ont inscrit 42 buts à 16 ans, en route vers le titre de recrue de l'année du circuit. Ils ont également ajouté quatre buts et sept points lors de leurs premières séries en carrière. Va pour les statistiques.

Si le repêchage de la LNH de 2018 est l'affaire du défenseur suédois Rasmus Dahlin et que celui de 2019 semble favoriser l'attaquant américain Jack Hughes, en 2020, c'est Lafrenière qui pourrait être le premier joueur choisi par une équipe du circuit Bettman. Il deviendrait le premier attaquant québécois à être repêché au premier rang de la LNH depuis, vous l'aurez deviné, Lecavalier, en 1998.

Carburer à la pression

De la pression vous dites? Lecavalier en a eu et il croit que l'ailier de 16 ans pourrait en avoir besoin afin de se préparer à faire face à tout ce qui se dira et s'écrira à son sujet dans les prochaines années.

«C'est peut-être la meilleure chose qui puisse lui arriver en ce moment, de jouer dans un marché comme Rimouski. Il y a aussi eu les Crosby ou Brad Richards et il y aura beaucoup de gens derrière lui pour l'aider à avoir du succès, a affirmé Lecavalier. Ça peut être difficile à gérer cette pression, mais avec le recul, j'en avais besoin pour performer.»

Évidemment, Lafrenière n'est pas le premier joueur à être comparé à d'autres grands de la LHJMQ ou de la LNH et dans certains cas, le résultat n'a pas toujours été reluisant. Pour sa part, le premier contact chez les juniors a été très encourageant, lui qui a récolté 80 points en 60 parties.

«J'essayais de ne pas trop penser au fait que j'avais été le premier choix au total. J'ai joué mon style et je ne voulais pas me mettre de pression supplémentaire. Nos vétérans nous ont beaucoup aidés et sans eux, je n'aurais jamais connu une telle saison», a-t-il fait savoir.

«Ça peut être lourd d'être comparé à d'autres joueurs, mais je constate que ça ne l'a pas dérangé. Il a connu une très bonne saison et surtout, il a livré la marchandise alors que tout le monde commençait à parler de lui», a ajouté Lecavalier.

Des chemins qui se croisent?

Sans parler d'une saison en deux temps, Lafrenière a changé de vitesse à la mi-saison, au mois de janvier. Il a marqué 23 buts en 29 matchs, dont neuf lors d'une séquence de six parties avec un moins un but, entre le 18 février et le 2 mars.

«Au début, tu dois t'adapter à la ligue et il y a plus de matchs que dans le midget AAA, a observé le natif de Saint-Eustache. Tu dois travailler à toutes tes présences et même si la saison ne s'est pas terminée comme nous le voulions, j'ai grandement appris avec mes entraîneurs et mes coéquipiers.»

Même si Lecavalier a seulement vu jouer Lafrenière sur YouTube et qu'il ne lui a jamais parlé, il n'a eu d'autre choix que de constater l'étendue de son talent. L'ancien joueur de centre maintenant âgé de 37 ans ne s'est pas gêné pour lui tendre la main et même lui prodiguer un conseil.

«L'adaptation est différente pour tous les joueurs, mais ce que je peux lui dire, c'est de continuer à travailler fort et de faire tout en son pouvoir pour s'améliorer et être prêt pour les deux années à venir, a dit Lecavalier. Si j'en ai l'occasion l'année prochaine, ça va me faire plaisir d'aller le voir jouer et si j'ai la chance de lui parler, c'est sûr que j'aimerais ça.»

L'invitation serait-elle lancée?