À bout de patience devant ce qu'elle considère comme une campagne de diffamation menée par un partisan des syndicats dans le hockey junior, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) a mis Glenn Gumbley en demeure. Elle lui donne 10 jours pour effacer des «allégations diffamatoires» et s'excuser, ce que M. Gumbley n'a aucunement l'intention de faire.

Le Montréalais était derrière la campagne de syndicalisation dans le hockey junior qui a achoppé il y a quatre ans. Le projet, nommé Canadian Hockey League Players' Association (CHLPA), n'a jamais vu le jour. Mais les comptes de la CHLPA sont toujours actifs sur les réseaux sociaux. Gumbley les gère et a publié plusieurs messages qui ont manifestement déplu à la LHJMQ.

«M. Gumbley, vous tentez de vous cacher derrière la CHLPA, une supposée organisation qui n'est accréditée d'aucune manière et qui ne semble avoir d'autre fonction que de vous servir de tribune pour diffuser une rhétorique haineuse ainsi que vos accusations diffamatoires et sans fondement», font valoir la LHJMQ et le commissaire Gilles Courteau dans la mise en demeure, que La Presse a obtenue.

Le document envoyé par le bureau d'avocats Dufresne Hébert Comeau recense une quinzaine de messages jugés diffamatoires et malicieux. Dans un de ceux-ci, M. Gumbley accuse la LHJMQ d'être menée «par des cols blancs criminels qui tirent avantage des enfants». Dans d'autres, il accuse le hockey junior majeur de corruption.

Toutes ces déclarations ont été faites en 2016, et la plupart datent de l'automne.

«La nature répétitive et constante de vos allégations sans preuves dans le domaine public ne peuvent être considérées que comme un effort déterminé et malicieux pour détruire la réputation de nos clients sans cause valide, écrivent les avocats de la LHJMQ et de Gilles Courteau. Des actions d'une telle mauvaise foi ont des conséquences.»

La mise en demeure exige trois choses. D'abord, que M. Gumbley cesse immédiatement toute «diffamation». Ensuite, que l'homme retire tous les commentaires jugés diffamatoires. Finalement, la LHJMQ et Gilles Courteau demandent des excuses.

Dans un courriel envoyé hier à La Presse. M. Gumbley a dit qu'il n'entendait pas se soumettre à ces conditions. Les avocats menacent de prendre des mesures supplémentaires dans 10 jours si rien n'est fait.

«Je peux défendre chacune des affirmations que j'ai faites et qui sont mentionnées dans cette mise en demeure», a ajouté M. Gumbley.

Quel statut pour les joueurs?

Il y a quatre ans, Glenn Gumbley avait mené un projet de syndicat dans le hockey junior. La Ligue canadienne de hockey (LCH) avait engagé un enquêteur qui avait révélé qu'il était à l'origine du projet. Glenn est le frère de Randy Gumbley, ancien propriétaire d'une équipe junior en Ontario qui a été mêlé à une guérilla juridique contre la Ligue.

La réputation des Gumbley dans le petit monde du hockey junior avait nui aux efforts de syndicalisation. Georges Laraque, qui avait été porte-parole du groupe, s'était distancié après la controverse. Le projet est ensuite tombé dans l'oubli.

Glenn Gumbley est toutefois resté très impliqué dans cet enjeu. Il est un des partisans notoires de la demande de recours collectif entamée il y a deux ans par un ancien joueur contre la LHJMQ et les ligues de l'Ouest et de l'Ontario. Ce recours vise à prouver que les joueurs du junior majeur sont des employés et devraient être payés au moins au salaire minimum. La demande est devant les tribunaux.

À l'automne, Gilles Courteau a rencontré la ministre du Travail Dominique Vien. Le commissaire de la LHJMQ cherche à obtenir que la Loi sur les normes du travail soit modifiée afin d'en exclure les joueurs de hockey de niveau junior majeur.

La LHJMQ ne considère pas les joueurs comme des employés, mais plutôt comme des étudiants-athlètes.

Selon nos informations, Glenn Gumbley a ensuite sollicité une rencontre avec la ministre dans le but de la dissuader d'accéder à la demande de la Ligue. Cette rencontre a eu lieu le 7 novembre, selon M. Gumbley.

La Presse a contacté la LHJMQ hier. La Ligue a préféré s'abstenir de commenter la mise en demeure pour l'instant.

PHOTO JEFF VINNICK, ARCHIVES THE TORONTO STAR

Glenn Gumbley